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EAN : 9782253940968
216 pages
Le Livre de Poche (14/06/2023)
3.52/5   84 notes
Résumé :

« Si être une femme ne signifie pas être enceinte, être enceinte m’a rappelé que j’étais une femme. »

Line a vingt-quatre ans, et pour la première fois de sa vie, elle tombe enceinte. Quelle joie, se dit-elle, et quelle surprise : dans son ventre, il y a deux poches, des jumeaux. Tandis que la pandémie plonge le monde dans la crainte et dans la mort, Line observe son corps se transformer pour créer deux avenirs. À ses yeux, tout est un rêve : ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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« C'est à partir de son ventre que la femme a gagné en liberté »

Line Papin a vécu deux grossesses, si la première a été interrompu involontairement, l'autre l'a été volontairement.
Sa fausse couche lui a ouvert les yeux sur la vérité féminine, elle retrace sur quelques pages comment le ventre a toujours été un sujet politique. Elle met en exergue l'absurdité des lois des politiques nataliste et anti-nataliste pour montrer qu'encore aujourd'hui le corps de la femme est soumis parfois à la politique.
En parlant fausse couche elle met le doigt sur cette espèce de secret qui plane sur une grossesse durant les 3 premiers mois, l'incertitude comme excuse. Pourquoi se taire?

Son avortement met en lumière la fatalité de la femme : c'est elle qui enfante, qui a mal au ventre tous les mois, qui subit des vagues hormonales. Cela ne changera donc jamais. Dans cette fatalité, l'émergence du droit à l'avortement est apparu comme un premier pas vers cette liberté de femme. Elle même a décidé d'avorter pour des raisons qu'elle expose dans son livre. Elle donne parole à un tabou.

On sent bien la nécessité vitale de Line Papin d'écrire, d'accoucher de ses mots, de les voir sur du papier. Ils sont une sorte de rédemption dans laquelle elle excelle avec une tendresse infinie. Écrire représente pour elle une liberté absolue, irrépressible, parce que le devoir de l'écrivain c'est de mettre sur papier la vérité qu'il entr'aperçoit, elle est trop forte pour être ignorée. La vérité c'est d'abord ce qu'elle a ressenti quand la vie à quitté son corps a deux reprises exigeant des douleurs physiques et morales.

Elle pose la question de l'identité féminine et de l'identité maternelle : une femme doit-elle obligatoirement être mère pour être femme ? Et inversement ? Elle place les mots justement sur des sujets précieux dont il faut continuer à parler encore et encore.
Une vie possible c'est avoir la possibilité de se créer sa propre vie de femme, de mère avec nos choix, nos libertés, loin des injonctions.
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Line Papin est incontestablement cultivée et cela devient une qualité exceptionnelle et quelques rares passages du livre suggèrent également des capacités d'écriture et une force poétique.
Cela dit, pour moi, ce roman n'est pas un réussite littéraire. Il a le mérite de parler d'un sujet qui ne devrait plus être tabou, c'est sa grande force mais j'ai eu du mal à le terminer.
Un maladresse s'installe peu à peu et vient parasiter ce sujet qui est sensé être universel. C'est l'égocentrisme de l'écriture qui témoigne peut-être de la maladresse de son auteure.
Cet égocentrisme laisse place à des "je" qui revendiquent trop souvent son statut d'auteur, sa poésie pourtant très peu présente dans ce roman, une douleur que l'ouvrage tente de décrire qui a du mal à traverser le lecteur et qui devient étrangère.
En outre, 'ai été gênée par le reflux permanent des références placées là, à la fois pour revendiquer le statut de femme, ce qui est louable mais qui paressaient inscrire le roman dans une lignée à laquelle Line Papin ne peut pas tout à fait prétendre appartenir. le visage qui change, les rides de la presque fin du roman ( cela m'a semblé interminable, ces derniers "chapitres"), échos à Marguerite Duras, sans doute, m'ont parus clichés.
Peut-être qu'à vouloir inscrire son roman dans une histoire des femmes et des références , Line Papin n'a pas réussi complètement à se livrer sur ces deux grossesses interrompues, des grossesses qui effectivement, laissent un creux, un vide que même l'imagination et l'écriture ne peuvent, ici, pas décrire.
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L'auteure commence son livre avec son expérience de grossesse de jumeaux. Celle-ci dut être avortée au bout de quelques semaines pour des raisons de santé.

Cette souffrance ouvre la réflexion de la narratrice. Pour se reconstruire, c'est tout un travail de déconstruction, philosophique et politique qui débute.
Par exemple : pourquoi une grossesse doit rester sous silence dans les 3 premiers mois ? Pourquoi il ne faut pas parler de ces choses-là si bien que l'on croit que ce drame n'arrive presque plus ou seulement loin de soi ? La déconstruction va briser ce silence pour éviter les murmures qui peuvent se transformer en secrets et en rumeurs que Line PAPIN tient à éviter.
Même la sémantique : fausse couche… qu'y a-t-il de faux dans cette perte ?

Pas de lamentation dans ce livre, l'auteure s'astreint à décupler son amour de la vie face à celle qu'elle n'a pas pu offrir. A défaut de faire naître, elle naît.

A la suite de cette épreuve, elle tombera enceinte pendant les confinements successifs, en plein COVID, plus tôt qu'elle ne pensait, dans un contexte où elle n'est pas certaine d'assurer un bonheur à son futur bébé. L'avortement s'impose à elle.
La sémantique là aussi est un frein : Interruption Volontaire de Grossesse, qui peut dire que c'était de sa volonté ?
En découlent des questions sur le féminisme : Line PAPIN ne s'est sentie femme qu'à partir de sa grossesse ; elle réalise qu'elle se sentait vivre comme un homme jusqu'à présent : en portant des vêtements libres, en jouissant de la contraception existante, en bénéficiant de lois favorisant l'avortement… C'est un résultat de combats féministes mais que sa génération avait oublié.

Dans les faits, une femme n'existerait-elle pas que par et pour son ventre ? La sensation d'être femme ou de devenir femme ou plutôt encore de devenir féministe prend le pas sur la narration (le chapitre « la mue » est d'ailleurs une pure merveille)

On parle bien de donner la vie et pas créer la vie, donc la femme ne peut-elle pas choisir ?
On légiférait sur le ventre des femmes avant de leur attribuer le droit de vote. Au Salvadore, une femme est encore tenue responsable de la perte de son bébé et se voit infliger 40 ans de prison pour la perte d'un bébé.

On retrouve plein de références dans ce livre et l'écriture très fluide nous empêche de le poser. Je le recommande au même titre que certaines écrivaines plus célèbres.






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"C'est l'histoire de ces femmes qui ne peuvent pas avoir d'enfant, biologiquement. Elles ont des grossesses difficiles, elles accouchent d'un enfant qui ne survit pas, elles habillent d'une petite laine d'adieu ce corps qu'elles ont créé et auquel elles doivent déjà dire au revoir, ce petit être dont les pieds n'ont pas touché le sol et qui part déjà pour le grand voyage. Beaucoup attendent, ne voient même pas leur ventre s'arrondir ou perdent cet espoir dans une fausse couche douloureuse. Certaines doivent se séparer d'un embryon mal formé. Chacune a sa propre histoire de la maternité. Certaines ne veulent pas d'enfant. Ce sont des femmes qui parlent, qui se souviennent, qui disent soudain au bout du fil, d'une voix cassée, ce qu'elles semblent n'avoir jamais dit. Elles font une confession. Ce sont des adieux que tout le monde ignore, que tout le monde tait, mais des adieux qui ont eu lieu".

Dans ce livre, je pensais découvrir le témoignage d'une jeune femme blessée par la maternité contrariée.

Dans ce livre, j'ai trouvé le récit universel de la Maternité.

Avec pudeur et délicatesse, sincérité et simplicité, Line Papin parvient à mettre des mots sur ses blessures physiques et mentales, les fissures intérieures qui l'ont fragilisées mais qui ont aussi rendu possible sa mue, la transfiguration de celle qu'elle était et l'avènement de celle qu'elle est devenue.

Mais elle parle aussi de toutes les femmes, après avoir véritablement pris conscience de l'essence même de sa féminité lorsqu'elle expérimentera ce que seule une femme peut expérimenter: une grossesse, une fausse-couche, un avortement.

Ces épreuves l'amèneront à (re)découvrir l'histoire du féminisme et à mesurer l'étendue du privilège de la femme du 21ème siècle, en France: celui de pouvoir choisir.

Elle saisira à quel point ce qui faisait partie de son paysage intellectuel, de la "normalité" était, en réalité, le fruit de combats millénaires.

C'est à la fois délicat et fort, doux et puissant, authentique et grave, intime et universel.

Une ôde à toutes ces femmes qui ont célébré et défendu la Femme.

Une ôde à toutes les femmes.
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C'est après avoir écouté le podcast d'une émission sur France Inter sur le conseil d'une amie que j'ai eu envie de découvrir la plume et l'histoire de Line PAPIN, jeune romancière de 25 ans.

Dans ce livre très personnel, elle raconte et analyse avec beaucoup de délicatesse et de courage son parcours de la maternité : sa fausse-couche alors qu'elle attendait des jumeaux puis sa décision d'avorter lors de sa seconde grossesse bien que l'ayant désirée. L'auteur explique le rôle essentiel joué par l'écriture au sein de sa vie : mettre des mots sur ses douleurs, tenter de comprendre dans l'après-coup l'évolution de ses choix et parvenir à mieux comprendre la femme qu'elle est et celle qu'elle souhaite devenir. Écrire pour ne rien oublier. Écrire pour ne pas rester dans le silence. Écrire pour se reconstruire.

Parallèlement à son récit, Line PAPIN va analyser la question de la maternité sous un angle sociétal et politique. En s'appuyant sur des faits divers ayant menés certaines femmes à des condamnations et à des jugements, l'auteur va découvrir que ce sujet relève bien moins du domaine privé qu'il semblerait à première vue. Line PAPIN met ici en lumière le combat mené par des femmes tout au long de l' Histoire (Halimi, Veil) pour défendre la liberté des femmes dans leur choix de devenir mère ou de refuser la maternité ainsi que de disposer pleinement de leurs corps.

Un livre fort, puissant, nécessaire.
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critiques presse (3)
Sous sa plume qui fabrique, page après page, « un lieu où faire le deuil de ces échecs de grossesse », se dessine une autre naissance à travers celles qui n’ont pas eu lieu. Car son livre se lit aussi comme un roman d’éveil au féminisme, un passage à l’âge de femme. Alternant récit personnel et des pages proches de l’essai qui retracent des larges pans de leur histoire, Line Papin livre un ouvrage aussi poétique que pédagogique.
Lire la critique sur le site : MadmoizellePresse
Elle
13 mai 2022
Que signifie mettre au monde un enfant, ou pas ? Ainsi s'interroge Line Papin dans « Une vie possible », manifeste intime et universel de la naissance d'une femme.
Lire la critique sur le site : Elle
LeFigaro
25 avril 2022
Dans son cinquième livre, la romancière de 26 ans, auteur des «Os des filles», évoque dans un récit très personnel la décision de «faire naître ou ne pas faire naître».
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
La vie est belle, tout de même. Il fallait ajouter ces trois mots derrière. Crois un peu plus fort en la vie, crois en l’avenir, aie confiance, tu verras : Life is beautiful. J’entourais ce néon de phrases rassurantes et il prenait sens. Son rose qui me paraissait si cruel devenait finalement tendre. Bientôt, j’acceptai cette épreuve comme une manière de comprendre que la vie n’était ni obligatoire ni habituelle : elle était exceptionnelle et rare. Elle n’était pas donnée, acquise d’avance : elle restait fragile, incertaine, illusoire, biologique. Nous étions tous des miraculés – miraculés de l’échec, miraculés de la mort, miraculés de la matière inerte. C’était précieux.
Un ami a attiré mon attention sur le mot fausse couche. Il n’y a là rien de faux : c’était vrai, c’était arrivé. Une couche interrompue, peut-être, mais pas fausse. Je m’interroge d’ailleurs sur cette fameuse « règle des trois mois », selon laquelle il ne faudrait rien dire à personne de sa grossesse avant les trois mois de l’embryon. Cette règle, que se glissent les femmes entre elles, repose sur le fait, précisément, qu’un grand nombre de grossesses échouent avant trois mois. Il faudrait donc taire la grossesse, afin de ne pas annoncer un heureux événement.
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« L’histoire de l’homme, c’est l’histoire de sa lutte pour survivre, lutte contre la nature, contre les cataclysmes naturels, lutte aussi des hommes entre eux et lutte enfin de chacun contre la maladie et la mort. Cette lutte, l’embryon la mène dès la conception, et l’on sait aujourd’hui qu’une sélection naturelle s’opère, qui fait que bien des œufs fécondés n’ont qu’une brève existence. Cette puissance de la vie, je dirais même cette nécessité de survivre et d’assurer sa descendance, c’est celle qui fait que la procréation est au centre des préoccupations sociales sous-jacentes à toute pensée religieuse ou morale . »
Lutte, victoire, échec ou hasards… Je dois mon existence au hasard que ma mère soit née, dans son petit village vietnamien, qu’elle ait échappé aux bombes et aux balles de la guerre du Vietnam, qu’elle soit allée un jour dans ce magasin de photographies à Hanoï…
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Avorter, c'est aussi faire attention à la vie, contrairement à ce que l'on peut croire. Il peut sembler que cela signifie retirer la vie, mais en réalité, c'est le contraire : c'est faire attention à la vie. C'est vers le meilleur que tend cet acte si pénible.
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L’écriture ne sait pas mentir, ni cacher : elle agit comme une torche, jette sa lumière crue sur les zones d’ombre. Elle écrit malgré moi, elle n’écrit pas pour le public, elle écrit pour elle-même. Là, à cet endroit, elle s’exprime sans faux-semblants. Elle cherche la vérité, elle s’interroge. L’écriture se fiche de mes histoires personnelles, elle se fiche de mes pudeurs et de mes petites pâmoisons. Elle écrit, c’est tout. Elle accomplit sa mission. Elle ne se prive pas. Elle se demande comment écrire sur ce qui est le plus spécifique à la femme et qui, pourtant, est à l’origine de nous tous, humains. Venir au monde, mettre au monde, refuser de mettre au monde. Comment écrire sur le mystère de nos naissances, et de ceux qui ne sont pas nés ?
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Mettre au monde : pourquoi mettre, comment mettre, et dans quel monde ? Une lettre de moins, et j'entends : être au monde. C'est de cela qu'il s'agit.
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Videos de Line Papin (25) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Line Papin
Comment surmonter une rupture amoureuse ? L'autrice Line Papin raconte la reconstruction de soi après l'amour et évoque un remède : l'écriture.
Retrouvez l'intégralité de l'émission par ici : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-book-club/quand-l-amour-s-eteint-8272762
#bookclubculture #litterature #amour _____________
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