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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Merci à Babelio et aux éditions Jean-Claude Lattès pour ce partenariat.
Lire des romans qui parlent de la Seconde Guerre mondiale est un défi que je m'impose – de temps en temps. Dans Blond Cendré, l'auteur donne la parole à un rescapé des camps de concentration, Maurizio, ou plutôt, il donne la parole à sa petite-fille, qui raconte à l'être aimé deux histoires, la sienne et celle de son grand-père.
J'ai eu beaucoup de mal avec cette voix, si sereine, déjà, cette voix qui cherche à apaiser l'autre, à l'aider à se reconstruire – alors qu'elle est la voix d'une morte et qu'elle décrit sa propre mort. Ne cherchons pas ici de théorie sur la vie après la mort, ou de tentative de tirer ce roman vers le genre fantastique. Flor parle, Flor crée le lien entre le passé, le présent, et le futur des êtres qu'elle aime, êtres marqués par la tragédie depuis plusieurs générations.
Comment raconter la déportation ? En essayant pas d'anticiper outre mesure. Maurizio se sent italien, bien plus que juif. Il ne peut croire que des millions de juifs sont déportés, puis tués, pas plus que les nouveaux arrivants ne mettent en doute les paroles rassurantes des soldats allemands.
Bien sûr, le lecteur sait que Maurizio survivra. Il ne sait pas comment. Rares sont les romans qui s'intéressent à ce combat quotidien, absurde, presque perdu d'avance pour être celui qui vivra un jour de plus. Je me souviens avoir croisé des témoignages, et entendu aussi des jugements abrupts sur les « survivants », comme s'ils étaient coupables de vivre. Comme si Maurizio lui-même ne devait pas vivre avec ce sentiment de culpabilité.
Et c'est ce qui nous est raconté pas à pas. Maurizio n'attend pas, contrairement à d'autres. Il l'a vécu. Il sait. Il s'efforce de vivre, et s'il n'est pas question de devoir de mémoire, exercer son métier (et de quelle manière) est un hommage à Alba, à son combat, un moyen de perpétuer son souvenir. « C'est peut-être ça l'amour, quelque chose qui t'oblige à vivre. »
Blond cendré est un roman qui aborde avec délicatesse, sans mièvrerie, des sujets difficiles.

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Voici un livre au goût de cendre, au parfum de cendre, à l'odeur de cendre...Les cheveux blond cendré d'Alba, les cendres des cheminées d'Auschwitz, les cendres qui resurgissent, des années plus tard, dans l'histoire de Flor, la petite fille de Maurizio.

Flor est la seule narratrice de ce roman et c'est pourtant un roman à deux voix: la voix d'une petite-fille racontant l'histoire de son grand-père et la voix de cette même personne, s'adressant à l'homme qu'elle aime dans une longue litanie, un chant dans lequel elle lui souffle son amour. C'est à cet homme également qu'elle raconte l'histoire de Maurizio. Deux voix, deux histoires, qui se rejoignent, s'entremêlent et n'en font plus qu'une dans un curieux concours de circonstances qu'on pourrait peut être nommer la fatalité. Fatalité, coïncidence ou étrangeté intergénérationnelle...

Deux histoires, donc, composent ce roman. L'histoire de Maurizio, son amour pour Alba, sa déportation, la manière dont il survit à Auschwitz, sa vie après la guerre, après l'horreur...Ces chapitres consacrés à Maurizio sont durs, très durs. Rien ne nous est épargné de la vie - si tant est qu'on puisse utiliser le mot "vie"- à Auschwitz. C'est l'horreur, l'inhumain, qui nous est décrit à travers les yeux de Maurizio.

L'histoire de Flor, cette longue litanie adressée à l'homme qu'elle aime, j'ai mis quelques chapitres avant de la comprendre. Je me suis demandé un moment où elle voulait en venir même si j'ai compris ce qu'il en était avant qu'elle ne nous le révèle clairement. Ce long chant d'amour donne un ton étrange au roman. Ces mots que Flor adresse à l'homme qu'elle aime sont à la fois poétiques et "détachés". Malgré l'amour que l'on sent dans ces mots, il y a comme une distance, distance que l'on finit par comprendre au fil des pages.

Vie et mort se côtoient ici, se mêlant l'une à l'autre. La vie, tout comme la mort, sont ici représentées par les cendres. Les cendres meurtrières du feu, des cheminées mais également les cendres de l'amour. L'amour est présent tout au long de ce roman. amour fort, puissant, intense. L'amour qui permet de vivre, l'amour, étincelle d'humanité dans l'horreur: "Si les morts parlent aux vivants, c'est pour leur apprendre comment vivre et ne se souvenir que de l'amour."

"Blond cendré" est un livre intense, à la fois très dur et plein de sensibilité. Un livre qui ne laisse pas indifférent.

Lien : http://tantquilyauradeslivre..
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Le roman d'Eric Paradisi met en scène deux personnages au temps de l'Italie fasciste : Maurizio est coiffeur dans le ghetto de Rome, Alba est une militante , elle transmet des messages de la Résistance au péril de sa vie .Ils se rencontrent à Rome et tombent amoureux l'un de l'autre .Les autorités allemandes décident la déportation des Juifs italiens , par le biais de rafles organisées à grande échelle .Maurizio est déporté à Auschwitz ; il survit en devenant coiffeur , le barbier de sa baraque .Il se souvient d'Alba , de la couleur de ses cheveux, le blond cendré , dont il a conservé une mèche . Au retour des camps, Maurizio décide d'émigrer vers l'Argentine en 1948, pour tenter de fuir l'Europe, meurtrie par la guerre, n'ayant pas encore mesuré toute la dimension spécifique et unique de la Shoah.

Pourtant, Maurizio s'applique, à exercer correctement son métier, ce qu'il parvient excellemment à faire, se constituant une clientèle fidèle qui fait prospérer son salon. Il perpétue l'amour de cette femme, Alba, et repense à ce qu'aurait pu être sa vie avec Alba : « Bien sûr qu'Alba serait devenue sa femme, et ils se seraient aimés comme des revenants, éternellement unis au corps de l'autre pour se sentir en vie (…) car l'esprit d'Alba, où qu'elle fût, nourrissait sans cesse le sien. »
Pourtant, Maurizio est rattrapé par son passé de déporté ; il croit reconnaître au salon l'un des anciens miliciens ayant participé à son arrestation ; il le tue, avec son rasoir de coiffeur, et n'est pas découvert.

Il y a dans ce roman beaucoup de réflexions et d'observations sur l'histoire de la déportation, sa mémoire , son intégration dans l'histoire , qui ne fut pas immédiate comme on le sait maintenant, mais nécessita du recul et des travaux historiographiques considérables .Ce qui frappe , c'est le lien que font les personnages , Maurizio et ses proches, entre le passé et le présent , l'histoire de l'Italie de la Guerre froide, celle de l'Argentine de la dictature militaire des années 70 .Comme si les périls n'étaient jamais vraiment éteints, comme si les dangers se rappelaient à notre bon souvenir , pour nous suggérer leur éventuelle reproductibilité …
Dans la seconde partie du roman, l'auteur fait dialoguer la petite-fille de Maurizio, avec l'homme qu'elle aime .C'est un récit à la deuxième personne du singulier ,plus distancié , plus impersonnel mais qui crée les conditions d'un dialogue entre morts et vivants , au cours duquel l'amour l'emporte sur la cruauté du monde : « Ne restait d'elle que la couleur trouvée en lui, ce blond cendré qui l'avait rendu libre .(…) Il sut alors qu'il avait bâti un sanctuaire pour chacune des femmes dont il avait profané la chevelure .Toutes reposaient dans son salon , toutes attendaient le moment où Maurizio restituerait aux vivants l'au-delà de leur beauté. »
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Un beau roman , un livre sur l'amour, la mort, la souffrance et l'histoire de l'Italie et de l'Argentine. Un récit de vie passionnant et émouvant raconté de façon originale avec plusieurs narrateurs : le héros, Alba,sa bien- aimée décédée et sa petite fille décédée. Cette narration est d'ailleurs en début de lecture et de temps en temps perturbante car on est un peu perdu. Cette lecture reste malgré ça , une jolie histoire pleine d'émotions .
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En parallèle, deux histoires d'amour aussi belles que tragiques à des dizaines d'années d'intervalle.

Le temps d'une nuit, le temps qu'il faudra pour comprendre, une jeune femme raconte.

Maurizio, son grand-père est un rescapé de l'horreur, de l'indicible : les camps de concentration.

Juif italien il est victime d'une rafle alors qu'il se trouve chez son amoureuse, Alba, communiste et résistante de la première heure.

Sa vie durant, la blonde Alba l'accompagnera, lui insufflera la force et la volonté nécessaires pour aller de l'avant.

Artiste et âme sensible, la petite-fille de Maurizio va à son tour connaitre une magnifique relation.

Elle voulait que ce soit la dernière...

Pourquoi aller plus loin ? Pourquoi déflorer l'histoire ? Suggérer et donner envie de se saisir de ce livre parait une bien meilleure idée !

Un beau récit empreint de poésie, aucun pathos, la vérité nue.

A ne pas manquer !
Lien : https://abcdlivres.blog4ever..
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très beau livre et belle histoire d'amour sur fond historique
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Dans ce roman, l'amour, la mort et la vie s'entremêlent inextricablement, créant une ambiance lourde, bouleversante, mais de laquelle l'espoir jaillit par moment, comme de petits morceaux d'azur dans un ciel d'orage. Parce que même après un incendie de forêt aussi terrible fût-il, finissent toujours par réapparaître de nouvelles plantes, plus belles et plus verdoyantes que les précédentes.

Si je parle du feu ce n'est pas anodin, car lui aussi est un personnage à part entière du récit., que ce soit celui des fours d'Auschwitz-Birkenau ou celui d'un appartement parisien. Tout comme le cendré de la chevelure blonde d'Alba ou les cendres crachées par les sinistres cheminées du camp de la mort.

Éric Paradis fait un récit à la première personne, se mettant dans la peau de la narratrice. Sa sensibilité à fleur de peau y fait d'ailleurs merveille et l'on se prend même à se demander s'il n'a pas été femme dans une vie antérieure tant ses mots, ses phrases sonnent juste et émeuvent au plus profond de soi, sans jamais pour autant tomber dans le pathos larmoyant qui serait indécent.

Blond cendré célèbre la mémoire, mais est une exhortation à la vie, envers et contre tout, comme le résume très justement cette phrase qui figure au dos du livre :

"Si les morts parlent aux vivants, c'est pour leur apprendre comment vivre et ne se souvenir que de l'amour."

Cinquième roman de l'auteur, Blond cendré est à paraître le 1er septembre 2014 aux éditions JC Lattès. Sans nul doute, un des grands livres de cette rentrée littéraire. À découvrir absolument !
Lien : http://lecturepassion.wordpr..
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