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Citations sur Scènes de la vie quotidienne à l'Elysée (6)

- Allô, allô, c'est Nicolas Sarkozy à l'appareil.
- Oui, bonsoir, monsieur le président de la République.
- Ah Camille vous êtes là! Je n'entendais rien... Je suis absolument désolé de vous appeler si tard. Je ne vous dérange pas?
- Oui, je suis là, monsieur le président de la République. Non, vous ne me dérangez pas, monsieur le président de la République.
- Camille, je voulais tout simplement vous dire que vous m'avez écrit un magnifique discours pour demain, oui, un magnifique discours. (Le mot fut répété trois fois. J'étais en lévitation.)
- Je viens de le lire à haute voix devant Carla et elle est très émue. Elle trouve ce discours magnifique. D'ailleurs il n'est pas simplement magnifique, il est historique. C'est la première fois qu'un Président français prend avec autant de force la défense des chrétiens d'Orient. Si je vous appelle si tard, c'est que je voulais vous le dire et que je voulais aussi m'excuser non seulement de ne pas vous avoir accueilli au moment de votre arrivée à l'Élysée mais surtout de ne pas avoir pris le temps de vous recevoir pour préparer ce discours avec vous, mais je suis tellement occupé, vous savez... Je n'ai pas eu le temps. Or sans même avoir reçu mes instructions, vous avez écrit à la virgule près ce que je voulais dire demain. C'est de la transmission de pensée.
Je balbutiai péniblement:
- Merci, monsieur le président de la République.
- Non, Camille, ne me remerciez pas. C'est moi qui vous remercie, non seulement pour m'avoir écrit ce magnifique discours mais pour avoir accepté de venir travailler à mes côtés. Je suis très bien informé, Camille, je sais ce qui se dit dans Paris, les sondages sont en berne, DSK plane et les chacals rôdent. Ils attendent tous leur heure et vous, au contraire, vous montez dans l'ambulance. C'est courageux.
- Mais non, monsieur le président de la République. Mais non...
- Mais si, mais si, et je vais vous dire, cela n'a aucune importance car nous allons faire de grandes choses tous les deux. Vous allez m'écrire de beaux discours et porter la bonne parole dans ce Paris qui brille et qui pétille, que vous connaissez sur le bout des doigts et qui n'attend que vous pour changer de chanson! Moi je n'ai pas le temps de m'occuper d'eux, et puis je vais vous faire une confidence, ils ne m'amusent plus, ils me fatiguent.

- Oui, monsieur le président de la République.
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L’art de la conversation était certainement la seule chose capable de détourner le Président de la charge de l’Etat. Cet homme, qui trépignait d’impatience dès que l’un de ses collaborateurs tardait un peu à en venir au fait, pouvait déployer des trésors de patience, d’attention et de curiosité dès lors que le sujet touchait à la culture avec une nette prédilection, il est vrai, pour la littérature et bien évidemment pour le cinéma. Ce goût prononcé pour les digressions littéraires était devenu la hantise de ses ministres et du personnel politique, toujours tétanisés à l’idée d’être pris en défaut sur un auteur ou sur un cinéaste
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Dominique Baudis m’avait dit, avec la lucidité d’un homme blessé : « Camille, ce que les médias vous donnent une fois, ils vous le font payer cent fois. » La leçon avait porté et je ne l’ai jamais oubliée.
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J’avais subitement l’impression d’être l’un des nombreux figurants d’une réinterprétation contemporaine de la grande tapisserie tirée d’un carton de Lebrun qui représente Louis XIV visitant les Gobelins. L’assistance était moins enrubannée mais tout aussi courbée. Le maître des lieux continuait sa péroraison, faisant trois pas en avant puis deux pas en arrière pour venir chercher, d’un regard plein de supplique, l’assentiment de ses hôtes. Il ne manquait plus que la musique des vingt-quatre violons du roi pour que la marche du Président de l’établissement public du Grand Palais ne tourne à la pavane.
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Les colères de Nicolas Sarkozy sont entrées dans la légende et elles ont malheureusement contribué à noircir la sienne. Ces emportements, parfois publics, ont été abondamment commentés etlargement condamnés alors que les silences venimeux d’un François Mitterrand furent toujours regardés avec indulgence comme la quintessence de l’habileté politique. Les premières n’ont jamais tué personne, les conséquences des seconds, peut-être... Que l’on pense à celui qui fut retrouvé gisant au milieu de son sang bleu au palais de l’Elysée ou à celui qui le fut sur les bords d’un canal, et, pour ce dernier, Pierre Bérégovoy, qu’avant d’être livré aux chiens, son honneur avait été soumis au caprice de la disgrâce
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L’arrivée sur Le Puy est toujours impressionnante, peu de paysages français sont, à ma connaissance, aussi profondément marqué du signe de la Croix.
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