Après nous avoir intéréssé à Louis XV séducteur avec « Le gout du Roi » (1742-1768) puis «
La chambre des dupes » (1741-1744), Camille PASCAL remonte le temps et démonte «La conjuration de Cellamare » (1718).
Nous sommes au milieu de la Régence (1715-1723), sous le régime contesté de Philippe duc d'Orléans, avec une organisation complexe du pouvoir (la polysynodie) qui associe les diverses forces qui ont permis au Régent d'écarter
le Duc du Maine. La France est ingouvernable bloquée par la noblesse et les parlementaires qui abusent du droit de remontrance et bloquent le budget.
Le 26 aout 1718, un lit de justice organisé par le Duc de
Saint-Simon aux Tuileries casse le Parlement et abaisse
le Duc du Maine avec la phrase fatidique « Sa Majesté veut être obéie sur le champ !»
Puis en décembre de la même année le Marquis de Cellamare, ambassadeur d'Espagne, le Duchesse du Maine, petite fille du grand Condé, et des comparses sont embastillés ou assignés à résidence après que les preuves d'un complot aient été accumulées par les polices.
Tragi-comédie en deux actes que l'auteur décrit avec sa culture, son ironie et sa plume qui ont déjà été couronnés du Grand Prix de l'Académie française et offre un roman passionnant, pédagogique, fort révélateur notamment sur John Law et le Duc de
Saint-Simon.
Mais, ce roman, inspiré d'
Alexandre Dumas (
Le chevalier d'Harmental) et des
Mémoires du Duc de
Saint-Simon manque un peu de recul historique et la fumée de l'incendie qui menaça le coeur de Paris, le 27 avril 1718, masque deux causes de cette « fronde », la mort des héritiers du Roi Soleil et le traité d'Utrecht.
A sa naissance, le 15 février 1710, le Duc d'Anjou est quatrième dans l'ordre de succession derrière le Dauphin, le Duc de Bourgogne et le duc de Bretagne. Louis XIV se fait peindre entouré de son fils, son petit fils et son arrière petit fils. Situation exceptionnelle (anticipation d'Elisabeth II) de voir un monarque entouré de ses trois prochains successeurs.
Le Dauphin meurt le 14 avril 1711.
Le duc de Bourgogne le 18 février 1712.
Le duc de Bretagne le 8 mars 1712.
Une telle hécatombe, d'autant plus surprenante qu'il n'y avait pas d'épidémie à Versailles, nourrit les rumeurs d'empoisonnement et accuse le Duc d'Orléans qui manque d'être lynché par les parisiens.
Le
Roi Louis XIV désigne alors un de ses batârds légitimés,
le Duc du Maine, comme futur Régent et attribue au Duc d'Orléans le titre honorifique de « président du conseil de régence ».
En 1712, le Maréchal de Villars emporte la bataille de Denain et permet au Roi de conclure les traités d'Utrecht qui mettent fin à la guerre de Succession d'Espagne mais initient l'ascension coloniale de la Grande Bretagne et une guerre de cent ans qui s'achèvera sur la morne plaine de Waterloo …
Le 1 septembre 1715, le Roi Soleil meurt et le Duc d'Anjou devient Roi.
Le 2 septembre 1715, le Parlement de Paris, dans un coup d'état, casse le testament royal et proclame Philippe d'Orléans Régent du Royaume … et celui ci lui le récompense du « droit de remontrance ».
Ce contexte explique l'action de la Duchesse du Maine et de ses complices qui voulaient simplement que le testament de Louis XIV soit respecté. Camille PASCAL explique à peine cet enchainement.
Et il n'est guère plus loquace sur John Law, autre complice du Régent, qui le nommera Ministre des finances en 1720 pour le plus grand bonheur des boursiers anglo-saxons et le malheur des épargnants français…. ruinés en quelques mois.
Cet ouvrage est un excellent roman mais ce n'est pas, à mes yeux, une étude historique, car il prolonge la propagande orléaniste de
Saint-Simon en tentant de réhabiliter une époque particulièrement débauchée et corrompue.
Puisse cette lecture donner envie de la prolonger avec l'excellente biographie «
Le Duc du Maine » de
Pierre-Louis LENSEL et « Le Régent » de Jean-Christian PETIT-FILS afin de se forger sa propre opinion et d'apprécier objectivement la duchesse du Maine.
PS : mon analyse de
la chambre des dupes
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