L'auteur rapporte deux histoires, celle de son oncle Désiré, mort en 1985 d'un SIDA contracté par l'usage de drogues injectables, et celle des premiers temps de l'épidémie.
L'histoire familiale est tragique. le titre fait allusion à une série de surdoses («
Les enfants endormis » avec une seringue dans le bras) qui entraine la stupéfaction dans un village reculé, la honte et le chagrin d'une famille difficilement parvenue à la notoriété, honte et déni alimentés par les mensonges et les vols qu'entraine la dépendance, chagrin augmenté par la mort de l'oncle et de sa compagne, puis dix ans plus tard de leur fille.
L'histoire des premières étapes de l'épidémie est clinique, épidémiologique et biologique : l'horreur des surinfections et la mortalité massive ; « le mal mystérieux des homosexuels américains », l'extension aux transfusés et utilisateurs de drogues injectables, puis le constat d'une transmission sexuelle dans la population générale ; la mise en évidence de l'immunodéficience, la recherche d'un test, la découverte du virus ; enfin l'émergence des trithérapies. Cette histoire est précise quant aux intervenants français (de très nombreux noms sont cités), beaucoup moins sur le plan international, et quasiment aveugle sur le plan associatif et politique (une mention d'ActUp p 209). Elle est par ailleurs bien connue par la presse, les sites d'information, le cinéma et le roman, et donc hypertrophiée, sinon inutile.
L'alternance d'un chapitre narratif et d'un chapitre « scientifique », poursuivie jusque dans l'épilogue, devient alors pesante, d'autant que la « science » est de seconde main : il s'agit d'évènements des années 82-85 rapportés par un auteur né en 1983. le livre aurait gagné à se limiter au drame familial avec ses nombreuses facettes, parfaitement restituées : le chagrin, le déni des proches, la méfiance des voisins, la destruction d'une image sociale chèrement acquise, l'attente désespérée d'une solution médicale.