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Citations sur Ma soeur la vie et autres poèmes (47)

Frémis, très chère! - Un poète amoureux,
C'est un dieu, un forcené qui aime.
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Le vent se tait dans le ciel vide
  
  
  
  
Le vent se tait dans le ciel vide,
Le sol s’inonde de soleil,
Et le feuillage est translucide
Comme l’ouvrage d’un vitrail.

On dirait des vitraux d’un temple,
Vers l’éternité, le regard
Auréolé de vigilances
Des ermites, des saints, des tsars.

Et l’espace entier de la terre
M’est une nef d’où me parvient
Comme à travers une verrière
Parfois l’écho d’un chœur lointain.

Nature, monde, sanctuaire
De l’univers, accorde-moi
D’assister à ton long office
Avec des larmes de délices
Et saisi d’un frisson sacré.


/Traduction d’Hélène Henry
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L'orchis des bois

La pluie vient de passer dans ce coin de forêt,
Et comme un arpenteur a laissé ses repères.
Une cuiller d'argent pend au bout du muguet,
L'eau s'est glissée dans les oreilles des molènes.

L'ombre fraîche des pins les dorlote à l'écart,
Et leurs lobes s'étirent, chargés de rosée,
Le jour ne leur plaît pas, chacune pousse à part,
Et même leur odeur une à une est versée.

Quand c'est l'heure du thé au jardin, il est tard,
Que chaque mouche enfle de brume sa voilure,
Et que la nuit, semant des accords de guitare
En un brouillard laiteux s'accroche aux mélampyres,

La violette assoupie donne à tout son odeur, -
Aux êtres, aux années. Aux pensées. Aux instants
Qu'on a pu préserver de la vie antérieure,
Et aux dons à venir que le destin nous tend.

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APRÈS L’ORAGE
  
  
  
  
L’orage a fui ; mais l’air le porte encore.
Tout est vivant comme au premier matin,
Et les lilas efflorescents s’efforcent,
De retenir l’averse déjà loin.

Après l’orage, tout est renaissance ;
Gouttières et chéneaux sont pleins de pluie.
Le ciel, soudain, n’est plus que transparence,
Et le nuage noir s’évanouit.

La main de l’écrivain est bien plus forte,
Qui, partout, chasse boue et saleté.
Transfigurées, de son atelier sortent
La vie, les choses, la réalité.

Ce demi-siècle est oublié. L’orage
Passé en a fait fuir le souvenir.
Le siècle a débordé tous ses barrages.
Il faut ouvrir la route à l’avenir.

Il ne naîtra pas une vie nouvelle
Dans les décombres, les révolutions,
Mais dans les inventions et les appels
D’une âme dévorée par la passion.


/Traduction d’Hélène Henry
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ENTREVUE
  
  
  
  
La neige est drue et forte,
Il neige sur les toits.
Je sors devant la porte.
Devant moi je te vois.

Dans un manteau d’automne,
Sans chapeau, sans sabots,
Tu trembles, tu t’étonnes,
Mâchant des flocons d’eau.

Les arbres, les clôtures
Se noient dans le brouillard.
Seule, au coin du mur,
Tu te tiens à l’écart.

De ton fichu l’eau glisse
Lentement jusqu’aux gants,
Et sur tes cheveux lisses
L’eau scintille en tremblant.

Et une blonde mèche
Éclaire ton fichu,
Ta figure si fraîche,
Ton petit pardessus.

Sur tes cils fond la neige,
Tes yeux sont attristés.
Ton visage, pensé-je,
D’un seul bloc est sculpté.

Ton visage en épure
Comme par de l’airain
Marqué de noircissure
En mon cœur est empreint.

Il garde en souvenance
La douceur de ces traits,
Aussi quelle importance
Si le monde est mal fait ?

Aussi la nuit de neige
Paraît scindée en deux ;
Des frontières n’osé-je
Tracer entre nous deux.

Mais qui donc sommes-nous
Quand il ne restera
De ces temps que ragots
Et de nous que les cendres ?


/Traduction d’Hélène Henry
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En vers tracés comme un jardin
Vibrant des veines
Des tilleuls fleuris un à un
En file indienne.

J'y mettrais la senteur des roses
Et de la menthe
Les prés, la fenaison, l'orage,
Au loin qui gronde.
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Février. De l'encre et des larmes!
Ecrire en sanglots février,
Quand la gadoue et le vacarme
Eclatent, noirs et printaniers.

(...) La neige fond en taches sombres
Le ciel est labouré de cris.
D'autant plus justes que fortuits
Les vers à grands sanglots s'assemblent.
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SÉPARATION
  
  
  
  
Un homme contemple du seuil
L’intérieur, immobile.
Elle est partie en un clin d’œil.
Partout, c’est le désastre.

Partout, c’est un chaos confus.
Il le remarque à peine,
Car les larmes brouillent sa vue,
Et il a la migraine.

Sous son front il entend un bruit.
Réalité ou rêve ?
Mais pourquoi voit-il devant lui
La mer battant la grève ?

Quand le givre empêche de voir
Dehors le vaste monde,
A ce moment le désespoir
Est une mer profonde.

Il chérissait les moindres traits
De son corps, de son être,
Comme la mer chérit les baies
Où ses eaux vont renaître.

Comme roseaux qu’au fond de l’eau
Engloutit la tempête,
Gît en son cœur, sacré dépôt,
Toute sa silhouette.

Durant les temps des grands tourments,
Temps cruels et sauvages,
La vague d’un sort violent
La poussa vers sa plage.

Parmi d’innombrables dangers,
Renversant les obstacles,
Jusqu’à lui elle fut poussée
Sur la crête des vagues.

La voici partie à présent
Par contrainte peut-être,
L’éloignement, d’un mal rongeant,
Lentement les pénètre.

Et l’homme à ces objets épars,
À ces robes jetées,
Comprend qu’au moment du départ
Elle était affolée.

Il va, il vient et jusqu’au soir,
Dans les tiroirs, il range
Et des chiffons et des mouchoirs,
Et des châles à franges.

Quand dans l’ouvrage resté là,
Il se pique à l’aiguille
Alors soudain il la revoit,
Et il pleure en silence.


/Traduction sous la direction d’Hélène Henry
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NUIT D’HIVER
  
  
  
  
Le vent soufflait dessus la terre
Et il neigeait.
Et sur la table une chandelle
Brûlait, brûlait.

Comme en été vont sur la flamme
Les moucherons,
Ainsi mouraient contre les lames
De lourds flocons,

Qui, sur la vitre, en ronds, en flèches,
Se déposaient.
Et sur la table une chandelle
Brûlait, brûlait.

Sur le plafond de vagues ombres
Se dessinaient,
Et s’entrelaçaient bras et jambes,
Destins croisés.

Et deux souliers tombaient à terre,
Un bruit discret.
Du lumignon pleurait la cire
Sur le corset.

Tout s’effaçait dans la rafale
Qui blanchoyait,
Et sur la table une chandelle
Brûlait, brûlait.

De l’air soufflait sur la chandelle.
Et l’ange noir
Séducteur soulevait ses ailes
Comme une croix.

La neige tombait de plus belle
Sans s’arrêter.
Et sur la table une chandelle
Brûlait, brûlait.
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Je voudrais parvenir au cœur Des choses
  
  
  
  
Je voudrais parvenir au cœur
Des choses, en toutes :
Dans l’œuvre, les remous du cœur,
Cherchant ma route.

À l’essence des jours passés,
Leur origine,
Jusqu’à la moelle, jusqu’au pied,
À la racine.

Des faits, des êtres sans arrêt
Saisir le fil,
Vivre, penser, sentir, aimer
Et découvrir.

Ô, le pourrais-je, je ferais,
Fût-ce en fraction,
Huit vers pour peindre les grands traits
De la passion :

Ses injustices, ses péchés,
Fugues, poursuites,
Coudes et paumes, imprévus
À la va-vite.

Et je déduirais ses raisons
Et sa formule,
Je répéterais de son nom
Les majuscules

En vers tracés comme un jardin
Vibrant des veines
Des tilleuls fleuris un à un
En file indienne.

J’y mettrais la senteur des roses
Et de la menthe,
Les prés, la fenaison, l’orage
Au loin qui gronde.

Tel des fermes, bois et jardins
Et sépultures
Le miracle enclos par Chopin
Dans ses études.

Le jeu du triomphe accompli
Et son tourment,
C’est la corde qui se raidit
Quand l’arc se tend.


/Traduction d’Hélène Henry
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