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Citations sur Noir : Histoire d'une couleur (15)

Le corbeau du reste n'a pas toujours été noir. La mythologie grecque raconte comment cet oiseau protégé d'Apollon était à l'origine aussi blanc que l'oie ou le cygne ; mais une délation malvenue causa sa perte et en fit un oiseau noir.
Apollon en effet était amoureux de la belle Coronis, une mortelle avec qui il conçut Aesculape. Un jour, devant se rendre à Delphes, le dieu chargea le corbeau de surveiller la jeune femme en son absence. L'oiseau vit qu'elle se rendait sur une plage pour y rencontrer son amant, le bel Ischys. Malgré les objurgations de la corneille, qui lui conseillait sagement de ne rien dire, le corbeau s'empressa de tout rapporter à Apollon. Furieux, le dieu fit tuer Coronis. Puis, se repentant d'avoir écouté l'oiseau délateur, il le maudit et décida de l'exclure de la famille des oiseaux blancs : dorénavant et pour l'éternité son plumage sera noir.
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Le noir est une couleur indécente quand on la porte bien.
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Mais revenons dans la seconde moitié du XIXème siècle, lorsque partout en Europe se met en place un nouveau paysage industriel et que des régions entières changent d'aspect sous l'emprise de la mine, du charbon, du fer et de la métallurgie. Le noir s'immisce partout, jusqu'au cœur des grandes villes, telle Londres qui, au dire de Charles Dickens, possède vers 186 "les rues plus plus sales et les plus sombres que le monde ait jamais vues" et que "la suie et la fumée enveloppent continuellement d'un crasseux vêtement de deuil". La capitale anglaise n'a cependant pas le monopole de l'obscurité et de la saleté. Dans toutes les cités industrielles, les fumées déposent sur les immeubles, les objets et les personnes des couches e suie plus ou moins épaisses, plus ou moins grasses, dont il est pratiquement impossible de se débarrasser. D'où la permanence des vêtements masculins de couleurs sombres, spécialement le noir, trop cher pour être porté par les ouvriers - leurs tenues de travail sont bleues ou grises - mais qui dans les bureaux et le monde des affaires constitue une sorte d'uniforme.

Toutes les couleurs du noir - XVIIIème-XXIème siècle, p.198
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Le noir vestimentaire n'a plus rien d'agressif ni de tabou. Nous avons aujourd'hui dans la gamme des noirs et des couleurs sombres des comportements qui auraient horrifié nos grands-parents ou nos arrière-grands-parents : porter directement sur la peau un tissu noir, s'essuyer avec une serviette noire, se coucher dans des draps foncés et même vêtir de noir ou de brun de tout jeunes enfants. Ce la aurait été impossible il y a un siècle ; de nos jours, c'est devenu banal. A cet égard, l'histoire des sous-vêtements féminins est particulièrement instructive et aide à comprendre comment s'inverse les systèmes de valeurs.
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Si l'on en croit les premiers versets de la Genèse, les ténèbres ont précédé la lumière, elles enveloppaient la terre lorsque celle-ci était encore privée de tout être vivant ; l'apparition de le lumière était une condition obligée pour que la vie puisse apparaître sur le terre : Fiat lux ! Pour la Bible, ou du moins pour le premier récit de la Création, le noir a donc précédé toutes les autres couleurs. Il est la couleur primordiale, mais aussi celle qui dès l'origine possède un statut négatif : dans le noir, pas de vie possible ; la lumière est bonne, les ténèbres ne le sont pas. Pour la symbolique des couleurs, le noir apparaît déjà, après seulement cinq versets bibliques, comme vide et mortifère.

Chapitre "Au commencement était le noir - Des origines à l'an mil"
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Toute description, toute notation de couleur est culturelle et idéologique, même lorsqu'il s'agit du plus anodin des inventaires ou du plus stéréotypé des actes notariés. Le fait même de mentionner ou de ne pas mentionner la couleur d'un objet est un choix fortement signifiant, reflétant des enjeux économiques, politiques, sociaux ou symboliques s'inscrivant dans un contexte précis. Comme est également signifiant le choix du mot, qu, plutôt que tel autre, sert à énoncer la nature, la qualité et la fonction de cette couleur. Parfois, l'écart entre la couleur réelle et la couleur nommée peut être considérable, ou bien constituer une simple étiquette : nous disons ainsi tous les jours, et depuis des dates très anciennes, "vin blanc" pour qualifier un liquide qui n'a absolument rien de blanc.

Introduction "Pour une histoire des couleurs"
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"Le bleu avec le vert et le vert avec le rouge sont fort communes livrées, mais guère ne sont belles. Et les trois ensemble signifient seulement joie modérée. Mais noir avec blanc c'est belle livrée. Mais plus belle encore noir avec gris. Et les trois ensemble c'est plus belle encore, et signifie espérance bien attrempée".
Sicile (attribué au Héraut), Le Blason des couleurs en armes, livrées et devises, éd. H. Cocheris, Paris, 1860, p. 64
écrit vers 1480-1490
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Avec l’écorce ou la racine du noyer, les résultats sont meilleurs qu’avec des produits tirés d’autres arbres, et les tons obtenus sont presque noirs. Mais l’emploi de matières colorantes provenant du noyer se heurte à de nombreuses résistances. Au Moyen Âge, en effet, cet arbre passe pour maléfique. Là-dessus s’accordent le savoir botanique et les croyances populaires. Non seulement les racines du noyer sont toxiques et font périr toute la végétation alentour, mais elles entraînent la mort du bétail lorsqu’elles se rapprochent trop près des étables. Les hommes et les femmes eux-mêmes ont tout à craindre de cet arbre nuisible : s’endormir sous un noyer, c’est s’exposer à la fièvre et aux maux de tête ; c’est en outre risquer d’être visité par les esprits malins, voire par le Diable lui-même.

A la suite d’Isidore de Séville, plusieurs auteurs rapprochent le nom latin du noyer (nux) du verbe nuire (nocere) et expliquent ainsi pourquoi il faut s’en méfier.

(Sur la mauvaise réputation du noyer, J. Brosse, Les Arbres de France. Histoire et légende, Paris, 1987, p. 137-138 ; M. Pastoureau, Une histoire symbolique du Moyen Âge occidental, Paris, 2004, p. 96-97.)
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Longtemps le bleu, couleur discrète et mal aimée, est restée en Occident une sorte de « sous-noir » ou de noir d'un type particulier.
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Devant des comportements barbares, des formes d’intolérance archaïques, des crimes ou des fléaux épouvantables, le langage populaire d’aujourd’hui emploie parfois l’expression « on se croirait revenu au Moyen Age ». Il a tort, et les historiens le savent bien : c’est « on se croirait revenu au XVIIème siècle«  qu’il faudrait dire plus justement. Ce siècle, celui de Louis XIV et de Versailles, celui du prestige des arts et des lettres, est un siècle sombre et mortifère. (P. 155-156)
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