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EAN : 9782757833186
415 pages
Points (07/03/2013)
4.19/5   109 notes
Résumé :
Longtemps en Europe le roi des animaux ne fut pas le lion mais l'ours, admiré, vénéré, pensé comme un parent ou un ancêtre de l'homme. Les cultes dont il a fait l'objet plusieurs dizaines de millénaires avant notre ère ont laissé des traces dans l'imaginaire et les mythologies jusqu'au cœur du Moyen Âge chrétien. De bonne heure l'Église chercha à les éradiquer. Prélats et théologiens étaient effrayés par la force brutale du fauve, par la fascination qu'il exerçait s... >Voir plus
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C'est une étude exhaustive de l'histoire de l'ours en Europe principalement. L'auteur démontre les causes historiques du déclin de cet animal jusqu'à sa quasi extinction. C'est peu glorieux pour l'humain, pour l'Église surtout. L'ours avait dans certaines régions, d'Allemagne ou de Scandinavie un véritable statut divin d'un point de vue chamanique. Mais, au fur et à mesure de la conversion au christianisme de l'Europe du Nord, l'Église a voulu détruire ce qui pouvait lui faire ombrage, notamment le statut totémique de l'ours. Alors, allons-y gaiement, massacrons cet animal, éliminons-le de nos forêts septentrionales. Peu à peu assimilé au diable et à la sorcellerie, le pauvre animal n'avait pas beaucoup de chance. C'est surtout à partir du règne de Charlemagne que les battues s'intensifièrent. Et puis tant que l'on y est, détruisons également la forêt et les arbres. Dès le XIVe siècle, les résidus de la population ursine se retrouvaient dans les montagnes ou plus vers l'est de l'Europe. L'animal, de sa grandeur passée n'était plus qu'une bête de foire maltraitée, montrée de village en village. Et ainsi de siècle en siècle. L'auteur termine par notre époque où quelques dizaines d'ours se retrouvent en survie dans les Pyrénées où les Balkans. Mais, assure l'auteur, dans quelques années on ne trouvera plus que des ours en peluche ou sur les blasons. Les bergers seront satisfaits. Ah oui, il reste encore les loups ! Mais c'est une autre histoire. L'homme reste le seul prédateur en Europe. Victoire pour Sapiens. Mais, une fois qu'on aura supprimé toute la biodiversité, ce qui est en train de se passer, là maintenant sous nos yeux endormis, nous serons bien seuls, et dépourvus de nos racines ancestrales. Toute cette chaine évolutive dont nous descendons que nous foulons au pied est notre patrimoine commun. Et ce n'est pas le capitalisme qui nous sauvera. Comme le dit un proverbe amérindien, quand il n'y aura plus de poissons dans les rivières et dans la mer, à quoi me servirons mes dollars pour manger ?
Allons allons, je m'emporte et m'égare... le livre de Michel Pastoureau est passionnant, riches en anecdotes et se lit comme un roman. Peut-être ici ou là quelques redondances que l'on pourra lire en diagonale. Et sa conclusion est terrible mais réelle. Pas d'optimisme possible pour l'ours.
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Essai de Michel Pastoureau, historien médiéviste de renom.

Michel Pastoureau écrit l'histoire culturelle de l'ours. Si l'Afrique avait le lion et l'Asie le tigre, l'Europe occidentale a eu pendant des siècle son fauve bien à elle, l'ours. Depuis le Paléolithique, l'ours est au centre des représentations et de l'imaginaire humain. Les hommes partagent alors les grottes, lieux inquiétants mais aussi sanctuaires, avec les ours. Les hommes n'y vivent pas mais ils viennent y peindre des images rupestres lourdes de sens, mettant en scène l'humain face à l'animal. Plus tard, les cultes ursins étaient très développés dans la Rome et la Grèce antiques avec le culte d'Artémis la déesse des animaux sauvages, mais surtout dans les contrées germaniques et scandinaves, où l'ours était entouré de rituels initiatiques de combat, de mise à mort et d'incarnation. Les chansons de geste et les romans de chevalerie regorgent de hauts faits d'armes menés contre les ours. le fauve est alors un présent royal, échangé entre monarques européens, pièce maîtresse des ménageries royales et symbole du pouvoir. L'ours entre dans l'héraldique et l'iconographie comme symbole de force et de courage d'une lignée.

De tout temps, des légendes ont consacré l'ours comme l'animal le plus puissant du monde, mais aussi comme un prédateur sexuel amateur de jeunes filles humaines. Les récits de rapts et de viols de jeunes femmes par des ours, les légendes d'accouplements contre-nature et de procréation d'êtres monstrueux foisonnent dans l'imaginaire antique et médiéval.

"À sa force musculaire exceptionnelle, l'ours ajoute une résistance à la fatigue et aux intempéries qu'aucune autre espèce européenne ne possède. L'ours paraît insensible au froid, à la pluie, à la neige, au vent, à l'orage. [...] Mais, d'une manière générale, il semble venir à bout de toutes les forces hostiles de la nature et mépriser toute forme de danger. Aucun animal ne lui fait peur, pas même les plus gros sangliers qu'il rencontre dans les bois et qui engagent parfois un combat contre lui pour s'emparer d'une proie, encore moins les meutes de loups affamés qui, l'hiver, l'attaquent à quinze ou vingt et tentent de le déchiqueter. L'ours n'a peur de rien et est, de fait, pratiquement invincible." (p. 56) L'ours n'a qu'un seul prédateur, l'homme. Et ce prédateur, après avoir usé d'armes et de pièges, a réussi le tour de force de réduire cette brute animale à presque rien, uniquement par la force de l'esprit et du verbe.

L'Église chrétienne a très tôt vu d'un mauvais oeil le culte rendu à cet animal surpuissant et a tout fait pour dénier la ressemblance anthropomorphique entre l'ours et l'homme: la bête est aussi habile que l'homme, elle s'assoit, se tient debout et peut descendre une paroi dos au vide. Au fil des siècles, les théologiens et pères de l'Église se sont appliqués à remplacer toutes les fêtes païennes liées au culte ursin par des fêtes chrétiennes dédiées à des saints dont le nom est en rapport avec l'ours, de façon étymologique, légendaire ou historique (Ursule, Valentin, Bernard, Martin, etc.) Les récits hagiogaphiques montrent l'ours dompté par le saint: l'homme de Dieu est plus fort que la bête la plus puissante du monde animal. L'ours entre ensuite dans le bestiaire infernal du Diable, en devient son attribut principal voire sa représentation la plus courante. "Il incarne presque tous les vices et toutes les forces du Mal." (p. 154)

L'éradication de l'ours est passée par l'avènement d'un nouveau roi des animaux, le lion, "vedette de toutes les traditions écrites, qu'elles soient bibliques, grecques ou romaines." (p. 123) C'est ainsi que, dans le Roman de Renart, le roi des animaux est le lion Noble alors que Brun n'est qu'un animal stupide, constamment humilié et victime du goupil. "Désormais, pour les contes et les fables comme pour les proverbes et les images, l'ours sera le plus souvent une créature grossière, solitaire, irascible et bornée." (p. 221)

L'ours passe également de bête royale à bête de cirque et devient un attribut voire un accessoire des forains ambulants et des batteleurs. Enchaîné, affublé d'atours ridicules et d'une muselière, l'ours devient une marionnette pitoyable qui danse et jongle sur les places des marchés. Il finira dans le zoo, derrière des grilles, soumis aux regards des curieux. Dans la vénerie et l'art noble de la chasse royale, l'ours perd sa place au profit d'un autre animal royal, le cerf. Les naturalistes de toutes les époques, comme Pline l'Ancien ou Buffon, ont toujours été incapables de faire entrer le fauve dans leur classification.

Mais si l'ours n'incarne plus la brutalité et la puissance, il trouve d'autres incarnations. Au tout début du XX° siècle, il devient le compagnon privilégié des enfants américains puis du reste du monde. Teddy Bear, Baloo, Winnie the Pooh, Paddington et Petit Ours Brun ont rendu à l'ours une place de choix dans le coeur des hommes, une place faite de tendresse et de possessivité. "Les hommes et les ours ont toujours été inséparables, unis par un cousinage progressivement passé de la nature à la culture, et ils le sont restés jusqu'à l'époque contemporaine." (p. 332)

La composition du nom de l'ours est passionnante. La racine indo-européenne du mot ours [art-] s'est déclinée en de nombreuses autres racines dans les langues issues de ce berceau linguistiques: [arct-], [ars-], [ors-], [urs-] et a donné des noms propres comme Artémis, Arcadie, Arthur, Orson, Ursula, etc. La racine germanique et saxonne [ber-], déclinée en [bern-], [bero-], [beorn-], [per-], [pern-], a donné des noms comme Adalbert, Bernard, Berne, Berlin, etc. Mais l'ours est aussi nommé d'après sa couleur, le brun, ce qui donne Bruno ou Brunehilde.

Cet essai est passionnant et il se lit sans aucune difficulté. Michel Pastoureau, spécialiste des symboles, sait vulgariser avec talent les sujets les plus pointus. Cette histoire culturelle de l'ours se lit comme un polar où l'ours passe du statut de héros à celui de coupable et de victime.
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Michel Pastoureau serait-il "l'homme qu'a vu l'homme qu'a vu l'homme qu'a vu l'homme qu'a vu l'ours"?

Je suis tentée de le croire, tant cet animal s'est fait discret, pour ne pas dire invisible, dans presque toute l'Europe.
Alors pourquoi s'intéresser à lui? Précisément parce qu'il aura bientôt totalement disparu, ne survivant que dans les zoos et les cirques de seconde catégorie.

Mais l'ours auquel s'intéresse notre historien n'est pas celui des naturalistes ou des éthologues. Il nous parle de la vie rêvée des ours, dans notre imaginaire, et aussi de sa signification symbolique qui a imprégné les civilisations occidentales.

Dans les mythologies les plus anciennes, l'ours est une divinité, un ancêtre, qui a engendré un peuple de guerriers invincibles. Face à lui, l'homme est faible et désarmé, et pour rivaliser avec le fauve, il doit devenir ours lui-même. Fourrure, griffes, canines, viande, crâne, autant d'attributs que les petits chasseurs cueilleurs transforment en talismans. Vaincre un ours est une prouesse dont seul un chef est capable.

Car ce voisin irascible est doublement menaçant: il est capable d'entrainer dans son antre de belles jeunes femmes pour satisfaire sa libido, de les retenir captives et de leur faire une ribambelle de rejetons, mi-hommes, mi-ours. de nombreux récits donnent foi à cette croyance dès l'Antiquité et au cours du Moyen-âge.
Cette légende persista jusqu'au XVIIè siècle, où un soir d'avril 1602, une jeune fille d'un village de Tarentaise (Savoie) fut déclarée victime d'un enlèvement et séquestrée plusieurs années par un ours. Une chronique de l'époque fait le récit détaillé de l'évènement, de la libération de la bergère et de la mise à mort de l'ours.
Ce diable d'ours est bientôt chargé de toutes les tares: brutal, goinfre, sournois,
stupide, vicieux, paresseux, il faut l'exterminer, l'expulser, le ridiculiser. Il ne sert plus qu'à distraire les badauds et à faire rire les enfants.
Ultime avanie, on en fait un jouet pour les bébés!

Quelques descendants de ce lointain ancêtre mènent une vie solitaire dans des lieux retirés. Timides ou ombrageux, on ne sait, personne n'ose s'approcher d'eux, et on passe devant leur porte sans s'arrêter en disant: "n'allez pas chez lui, c'est un ours!"
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Ce livre ajoute à la longue liste des victimes persécutées par les chrétiens et surtout les catholiques, un animal, l'ours.

Pour implanter leur religion, par tous les moyens, il fallait détruire les autres et notamment le culte de l'ours, qui fut même sous Charlemagne exterminé au cours de battues.

Michel Pastoureau jette un pont entre nous et nos ancêtres d'avant l'an mille jusqu'à la Préhistoire, en nous faisant redécouvrir leurs croyances, autour de cet animal. Il nous en montre les traces qui subsistent.

Il cite de nombreux animaux figurant dans les mythes, dans les armoiries ou dans les livres, mais parle très peu de l'aigle. Pourquoi ? Il y a pourtant toute une mythologie autour de cet animal.

Un livre passionnant, riche, résultat d'un travail impressionnant.
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Comment l'ours, le roi des animaux en Europe, a-t-il perdu son trône au profit du lion venu d'Afrique ? C'est à cette passionnante question que l'historien médiéviste, Michel Pastoureau, maître incontesté de la symbolique des couleurs et l'héraldique, répond dans cette étude. Bâtie autour de trois axes majeurs, l'étude nous présente le grand fauve vénéré jusqu'à l'époque féodale, puis combattu par l'Eglise, avant d'être humilié et finalement détrôné. Sa revanche arrivera à l'époque contemporaine grâce à la célèbre peluche de Teddy bear qui le réhabilite définitivement dans le coeur des enfants.
Ouvrage de vulgarisation basé sur une solide documentation scientifique, cet essai permet, au-delà de son sujet, d'aborder l'évolution des mentalités, le rôle économique, symbolique des animaux dans la société d'hier et d'aujourd'hui, mais aussi la relation plus complexe qu'il n'y paraît entre l'homme et l'animal.
Oeuvre de référence sur ce sujet, l'histoire d'un roi déchu est également un véritable plaisir de lecture grâce à la qualité et la verve de la plume de Pastoureau.
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Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
Car si ce ne sont pas des hommes qui ont rituellement disposé les restes de l'ours brun de Regoudou ou bien symboliquement agencé la salle du crâne de la grotte Chauvet, les seuls qui aient pu le faire, ce sont les ours eux-mêmes. Faut-il de ce fait conclure que les ours préhistoriques enterraient leurs morts? Qu'ils connaissaient une certaine forme de sentiment religieux ? Qu'ils pratiquaient au fond des grottes différents cultes que les hommes, plus tard, bien plus tard, ont fini par imiter ? Faut-il aller jusqu'à imaginer que ce sont les ours qui ont transmis aux hommes l'idée de religion, ainsi que toutes les croyances et tous les rites qui s'y attachent? Faut-il aller jusque-là ?
Pour ma part je ne le ferai pas, même si je sais qu'un chercheur russe pense avoir retrouvé des vestiges d'un tel culte - celui de l'ours par les ours eux-mêmes - dans des cavernes sibériennes du Paléolithique, là où l'homme n'a jamais pénétré à cette période, ni même n'a jamais été présent avant l'âge de fer. Je préfère rester en Europe et redescendre le cours des millénaires afin de rejoindre les époques historiques: dans la mythologie gréco-romaine, dans les mythologies germanique et celtique, dans l'Occident antique et médiéval, nombreux sont les témoignages qui attestent l'existence d'un culte de l'ours, prenant des formes diverses mais certainement venu de fort loin. Quand on observe, par exemple, les efforts considérables déployés par l'église chrétienne médiévale pendant près de mille ans pour éradiquer les cultes païens liés à l'ours, on sent bien qu'ils ont des racines profondes, très profondes, antérieures à l'Antiquité la plus lointaine et même au Néolithique.

983 - [Points H472, p. 42]
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... dès les premiers temps du christianisme, l'Eglise avait pris l'habitude de manipuler ou de modifier le calendrier. Il s'agissait pour elle de faire disparaître les fêtes romaines et d'y substituer des fêtes chrétiennes. En ville, cela se fit peu à peu, sans trop de difficultés, entre le IIe et le Ve siècle. Dans le monde des campagnes, en revanche, il en alla autrement. A côté des fêtes officielles, religieuses ou civiques, survivaient de nombreuses fêtes païennes liées au rythme des saisons, aux cycles de la nature, à la position des astres (solstices, équinoxes), voire à des coutumes ou des croyances issues des traditions mythologiques. Les éliminer était moins aisé, d'autant qu'elles correspondaient à des mythologies diverses (celte, germanique, slave) et qu'elles se répartissaient sur toute l'année. En outre, il ne s'agissait pas toujours de dates précises mais plutôt de moments calendaires variant avec la latitude et les cycles de la Lune. D'où, pour les nouvelles fêtes chrétiennes, des choix différents selon le diocèse, avant que ne se fixent, parfois tardivement, des dates communes à toute la chrétienté romaine.

1130 - [Points H472, p. 146]
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Dans certaines régions de montagne, (...) la peau d'un ou de plusieurs ours reste, jusque fort avant dans l'époque moderne, une redevance féodale due par les villageois à leur seigneur : c'est encore et toujours un moyen de lutter contre une bête jugée nuisible et une façon de se procurer sans bourse délier un certain nombre de produits utiles pour l'habillement et l'alimentation.
Au demeurant, c'est peut-être au cours de ces battues paysannes d'origine féodale qu'est née l'expression « vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué ». Elle est inconnue du latin antique et médiéval et n'est solidement attestée dans la langue vernaculaire qu'à partir du XVe siècle, sous la forme « marchander la peau de l'ours jusques ad ce que la bête fust morte ». Ici encore, les hommes, trompés dans leurs espérances, semblent victimes des ruses de l'ours et de celles du Diable.

1333 - [Points H472, p. 180]
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Dans l'immense corpus des textes arthuriens, l'érudition a relevé d'autres indices - souvent discrets - de l'ancienne origine animale du roi Arthur, qui ont surtout trait au calendrier. Ainsi la date de la « mort » du roi. Elle se situe quelques jours après la bataille de Salesbières, qui constitue le crépuscule de la chevalerie arthurienne et la fin des aventures de la Table ronde. Or, aux dires de l'auteur de la mort du roi Artu et de plusieurs autres textes, cette bataille a eu lieu le jour de la Toussaint. Arthur a donc disparu dans la première moitié de novembre, c'est-à-dire à un moment du calendrier païen, où se situaient, un peu partout en Europe, différentes fêtes venues du fond des âges pour célébrer l'ours s'apprêtant à entrer en hibernation. L'Eglise chrétienne, effrayée par les rituels barbares qui accompagnaient ces fêtes, a de bonne heure cherché à les éradiquer. Pour ce faire, elle a placé à ces dates les fêtes de saints ou de saintes ayant tous un nom ou une histoire en rapport avec l'ours (Ursule, Ursin, Mathurin, etc.) Et le jour de la plus importante des ces fêtes idolâtres, le 11 novembre, elle a placé la fête chrétienne de l'un de ses saints les plus prestigieux : Martin, dont le nom, du reste, deviendra peu à peu dans le folklore l'un des noms propres donnés à l'ours.

1025 - [Points H472, p. 78-79]
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Très tôt - dès le Ve siècle - l'Eglise chercha ... à christianiser cette date du 2 février, où les rituels païens semblaient encore vivaces et plus transgressifs qu'à n'importe quel autre moment de l'année. D'autant que la déshibernation de l'ours (occasion de grandes fêtes) n'était pas seule en cause. Le souvenir des lupercales romaines et des rites de fécondité qui les accompagnaient au milieu du mois de févier, n'avait pas totalement disparu, du moins dans les traditions savantes; ni peut-être celui de la grande fête de Proserpine, déesse des enfers, au début du même mois. Mais surtout, dans toute l'Europe du Nord et du Nord-Ouest, différents rituels de purification célébraient la fin de févier et le retour de la lumière. Chez les Celtes, par exemple, une grande fête, celle d'Imbolc, avait lieu le 1er février et glorifiait une déesse-mère au nom variable.

1196 - [Points H472, p. 150-151]
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Vidéo de Michel Pastoureau
Rencontrer Michel Pastoureau, c'est être frappé en premier par son regard amusé et malicieux. L'historien, diplômé de l'école des chartes, est archiviste paléographe, spécialiste de la symbolique des couleurs, des animaux, d'héraldique. Il a reçu de nombreuses aides du CNL, notamment pour son livre « Symboles du moyen-âge : animaux, végétaux, couleurs, objets » en 2012, des aides à la traduction pour ses ouvrages sur les histoires des couleurs « Noir », « Bleu », « Vert », « Rouge », « Jaune », en 2014, 2016, 2018, et en 2020, ainsi qu' une bourse de création relative à l'histoire du nuancier sur les cartographies de couleurs et d'imaginaires. Sa curiosité est sans limite, son raisonnement implacable, le grand entretien avec Michel Pastoureau dans Son Livre, c'est parti.
Michel Pastoureau est professeur à la Sorbonne et à l'école pratique des Hautes Etudes où il est titulaire de la chaire d'Histoire de la symbolique occidentale. Il a reçu de nombreux prix littéraires, dont le Prix Medicis essai en 2010 pour son ouvrage « La couleur de nos souvenirs » paru aux éditions du Seuil, mais aussi, le Prix Broquette-Gonin (histoire) de l'Académie française pour l'ouvrage La vie quotidienne en France et en Angleterre au temps des chevaliers de la Table ronde (1977).
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