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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Poursuivant sa mission de traduction et de promotion francophone de l'oeuvre poétique roumaine, Gabrielle Danoux nous propose une nouvelle rencontre, cette fois avec Laura Francisca Pavel, auteur d'ouvrages de théorie et de critique littéraire et théâtrale en même temps que de recueils de poésie plusieurs fois primés.


En parties successives se faisant l'écho d'étapes et d'influences majeures dans sa vie, l'auteur parvenue à l'âge de la maturité semble recueillir ici l'écume de ses jours, passant ses expériences artistiques mais aussi quotidiennes au crible de sa sensibilité pour une esthétisation poétique où priment sentiments, énergie et rythme. Ce sont d'abord des éclats de mémoire primordiale, ceux de l'enfance et de la jeunesse, qui de leurs pointillés impressionnistes laissent percevoir les origines fondatrices, au coeur de la Roumanie de Ceausescu. Puis, l'esprit rebelle épris de création artistique s'émancipe, s'installe à Amsterdam dans un univers effervescent et cosmopolite. Auparavant, il y aura eu des études littéraires dans une université américaine. Ce pan de vie est celui de rencontres décisives. En émergent une poignée de figures qui ont marqué l'apprentissage de l'auteur, la romancière Djuna Barnes, la philosophe Martha Nussbaum, le théoricien et critique littéraire Stephen Greenblatt, l'artiste Bas Jan Ader disparu en mer au cours de l'une de ses performances centrées sur les effets de la gravité, et un certain Bruno, anonyme compagnon de débats et de réflexion. La suite est plus énigmatique. On y retrouve des impressions artistiques et des ressentis affectifs, l'ensemble suggérant les arrêtes vives d'une personnalité excoriée par la vie, entre sentiment d'absurde vacuité et tranchant parfois cruel d'un esprit libre et passionné.


Elliptiques, formant des reliefs épars que l'on explore à tâtons comme du braille pour trouver l'idée d'ensemble à travers les détails, ces poèmes d'un premier abord hermétique et déroutant s'apprécient dans le lâcher prise et la prise de recul. Alors commencent à s'esquisser quelques images et impressions, tandis que s'affirme peu à peu le goût un peu amer et astringent d'une lucidité rêche et sans illusions. L'on n'ose imaginer le casse-tête que fut sans aucun doute la traduction…


Un nouveau merci à Gabrielle Danoux (Tandarica) pour son impressionnant travail et pour la gentillesse de son partage.
Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Je tiens tout d'abord à remercier Gabrielle pour l'envoi de ce recueil, qu'elle a tellement contribué à faire connaître en France. Un premier recueil qui a recueilli plusieurs prix en Roumanie. L'auteure est aussi professeur dans une Faculté de théâtre et de cinéma, le titre l'évoque.

Différents quartiers de villes roumaines, d'Amsterdam ou d'Inde s'offrent à nous, à travers des textes amples, fougueux et imaginatifs, déroulant des souvenirs, des impressions. Une partie de l'oeuvre présente aussi " des personnages", et non des personnes, Laura Francisca Pavel jouant souvent entre réalité et fiction.

Mon avis est mitigé car si certains textes comme" Veturia danse" ou" Décoratif, vaguement thérapeutique " m'ont beaucoup plu, d'autres m'ont décontenancée, je ne les ai pas bien compris. Entendons-nous: je peux aimer un poème un peu hermétique mais ici, il y a peut-être des références ou un contexte qui me sont inconnus et créent une confusion dans l'esprit, un obstacle à la lecture.

Il faut reconnaître en tout cas à l'auteure la modernité de son expression, une causticité qui donne un certain piquant aux évocations urbaines. Et une réflexion originale sur l'acte d'écrire.
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Un recueil de poèmes assez étonnant. Je me suis plutôt perdue sur son fil. Je ne connais pas bien, voire pas du tout ce concept d'esthétisation de la vie. Les personnages évoqués me sont inconnus. En manque de repères c'est difficile d'écrire cette critique. Il faut tenter de lire en se débarassant de ses habitudes. Parfois je me suis sentie sur une île déserte, loin de tout horizon,
parfois j'ai trouvé un grain de sable brillant sous une goutte de soleil
un murmure de vague frétillant sous le hameçon d'une idée.
Voilà, je ne sais pas, je me suis laissée dériver au grès des images, des menus évènements de la vie de personnages inconnus, de leurs émotions suggérées, de leur "soi" esquissé, de la prose déroutante de l'auteure.

Je remercie l'auteure Laura Francisca Pavel, la traductrice Gabrielle Danoux (Tandarica) ainsi que les Éditions NomBre7 pour cette découverte insolite de Scénarios urbains.
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Trucuri urbane (Scénarios urbains) est un recueil de poésie qui en 2022 a rapporté de nombreux prix littéraires à son auteure Laura Francisca Pavel. Un an après sa publication en Roumanie, le recueil nous parvient en France grâce à une très belle traduction réalisée par Gabrielle Danoux.

Dès les premières pages, j'ai été saisi par l'écriture de Laura Francisca Pavel. Dans un style délié, en vers libre, l'auteure trace son propos dans une variété de thèmes saisissants, le plus souvent au travers de portraits de personnages où, sous leur apparence, transparaît la vulnérabilité, la vacuité, la cruauté mais aussi une affection, un penchant secret. Toute l'expression d'un regard qui va entre tragique et sensibilité.

Cluj, Amsterdam, New-York et d'autres lieux servent de cadres et de révélateurs à une poésie qui rejoint l'histoire, celle par exemple du couple que formèrent dans les années 60 l'écrivaine Djuna Barnes et la dessinatrice Thelma Wood (les quelques poèmes qui évoquent leur relation ont ma préférence) ou encore celle de Bas Jan Ader, artiste conceptuel et de performance néerlandais des années 70, qui se mit en scène face caméra en train de chuter d'un toit ou en train de pleurer...

J'ai beaucoup aimé ces Scénarios urbains dans lesquels Laura Francisca Pavel établit un lien étroit entre subjectivité et distance, entre mémoire et langage, entre biographie et histoire, tout ce qui établit notre rapport intime au monde.
Rien ne s'érode dans son écriture. Poèmes à l'état brut ou plus façonnés, tout dans son écriture reste dans la trame du particulier et du singulier, dans ce qui nous rattache le plus au monde.


« Nous nous donnons beaucoup de peine -

(…)
Pourquoi nous obstinons-nous à chercher
l'action, le conflit ?
Il existe d'autres formes de réconfort
qui n'ont rien à voir avec l'action
Parmi nous, un voyou du quartier
a perdu la main, il est doux maintenant,
mais toujours digne de sa réputation
Il y a sa sueur honnête,
des morceaux de son enfance sans faille
des formes de réconfort que nous conservons.
Il y a son humanité qui s'évapore, avide
et vaste
C'est ainsi que nous parvenons dare-dare
à nous réchauffer dos à dos ».


Un grand merci à Gabrielle Danoux pour m'avoir fait connaître Laura Francisca Pavel au travers de ses Scénarios urbains. Une très belle lecture.

.
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