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Gabrielle Danoux (Traducteur)
EAN : 9791042700119
92 pages
Nombre7 Editions (05/03/2024)
4/5   11 notes
Résumé :
« Le recueil de poèmes de Laura Francisca Pavel est frais, cosmopolite, un livre-concept, qui joue très finement sur le fil tendu entre l’authenticité du biographe et l’acte d’un curateur que nous pratiquons chacun dans l’autoconstruction/entretien du soi. En particulier, cet ultime jeu d’“esthétisation” de la vie — également problématisé dans les essais de son livre Personnages de théorie, êtres de fiction (2021) — me semble l’idée de force du recueil, qu’elle iris... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Poursuivant sa mission de traduction et de promotion francophone de l'oeuvre poétique roumaine, Gabrielle Danoux nous propose une nouvelle rencontre, cette fois avec Laura Francisca Pavel, auteur d'ouvrages de théorie et de critique littéraire et théâtrale en même temps que de recueils de poésie plusieurs fois primés.


En parties successives se faisant l'écho d'étapes et d'influences majeures dans sa vie, l'auteur parvenue à l'âge de la maturité semble recueillir ici l'écume de ses jours, passant ses expériences artistiques mais aussi quotidiennes au crible de sa sensibilité pour une esthétisation poétique où priment sentiments, énergie et rythme. Ce sont d'abord des éclats de mémoire primordiale, ceux de l'enfance et de la jeunesse, qui de leurs pointillés impressionnistes laissent percevoir les origines fondatrices, au coeur de la Roumanie de Ceausescu. Puis, l'esprit rebelle épris de création artistique s'émancipe, s'installe à Amsterdam dans un univers effervescent et cosmopolite. Auparavant, il y aura eu des études littéraires dans une université américaine. Ce pan de vie est celui de rencontres décisives. En émergent une poignée de figures qui ont marqué l'apprentissage de l'auteur, la romancière Djuna Barnes, la philosophe Martha Nussbaum, le théoricien et critique littéraire Stephen Greenblatt, l'artiste Bas Jan Ader disparu en mer au cours de l'une de ses performances centrées sur les effets de la gravité, et un certain Bruno, anonyme compagnon de débats et de réflexion. La suite est plus énigmatique. On y retrouve des impressions artistiques et des ressentis affectifs, l'ensemble suggérant les arrêtes vives d'une personnalité excoriée par la vie, entre sentiment d'absurde vacuité et tranchant parfois cruel d'un esprit libre et passionné.


Elliptiques, formant des reliefs épars que l'on explore à tâtons comme du braille pour trouver l'idée d'ensemble à travers les détails, ces poèmes d'un premier abord hermétique et déroutant s'apprécient dans le lâcher prise et la prise de recul. Alors commencent à s'esquisser quelques images et impressions, tandis que s'affirme peu à peu le goût un peu amer et astringent d'une lucidité rêche et sans illusions. L'on n'ose imaginer le casse-tête que fut sans aucun doute la traduction…


Un nouveau merci à Gabrielle Danoux (Tandarica) pour son impressionnant travail et pour la gentillesse de son partage.
Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Scénarios urbains est d'abord paru en roumain chez OMG (« Oh My God », cela ne s'invente pas), en 2022. le recueil fut sélectionné pour les Prix Sofia Nadejde et récompensé respectivement par le Prix BAC-FEST [à la mémoire de George Bacovia] du Livre de poésie de l'année 2022 et le Prix du Livre de poésie de l'année 2022, première catégorie, décernée par l'ARCCA (Association roumaine des créateurs et artistes culturels).
C'est précisément à cause de ces prix que j'avais une folle envie de le traduire en français. Cela ne fut pas une mince affaire, mais nous y voilà.
À vous de juger à présent !
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Laura Francisca Pavel nous offre ici une poésie authentique ancrée dans les lieux précis, habités ou parcourus, des lieux vécus comme des personnes dont le nom importe peu mais l'identité vous marque, vous heurte parfois. Ou sont-ce ceux qui les habitent, les côtoient ?

Le style moderne de cette poésie, directe, franche n'a pas peur du langage populaire voire vulgaire, de ses expressions, de ses néologismes pour décrire un vécu qui lui reste toujours pudique sinon dérobé.
J'ai peine à commenter le rythme vif parfois heurté tant je reconnais mon écriture dans une certaine spontanéité de la métrique qui mêle un vécu enrobé d'absurde ou d'images inattendues où se terrent des terreurs et des souffrances vite balayées de la main.

Une poésie qui se consomme vite mais demande qu'on y retourne, tant le vécu est assourdissant.

PS: Merci à Gabrielle pour l'exemplaire, la belle dédicace et surtout pour la traduction.
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Un grand merci pour l'envoi de ce recueil de poésies parfaitement écrits par Laura Francisca Pavel et traduits du roumain par l'amie Gabrielle Denoux qui a eu la gentillesse de m'offrir , en plus , une superbe dédicace . Un lecteur comblé .
Je me suis bien entendu plongé avec délectation dans ces vers dont la puissance se traduit par une totale liberté et de ton et de forme .Certes , le message m'est souvent apparu hermétique dans la mesure où mon intellect était perturbé par le contexte , maitrisé par l'auteur , souvent inconnu ou mal connu par le profane que je suis face à ce genre littéraire .Il faut lire , relire , avancer , reculer , réfléchir pour espérer trouver une clef d'entrée pour des messages en apparence obscurs .
Aprés avoir trouvé cette clef , soyons modestes en nous demandant si c'était bien la bonne .Tel le fêtard qui rentre un peu tard , on a beau avoir le trousseau , encore faut - il trouver la bonne clef ...Ce côté mystérieux est bien agréable , voire un peu euphorisant ...
Aprés , il y a cette percussion des mots dirigée de main de maître par Gabrielle .Une prouesse que cet exercice qui oblige à se glisser dans une pensée , en sonder les images , à s'approprier et restituer avec le rythme et la force des mots ce qui , à l'origine , n'appartient qu'à l'autrice .Et puis , les mots ont un sens , décortiquons les pour voir ce qu'ils peuvent bien cacher derrière cette apparence souvent trompeuse .
Chère Gabrielle , merci pour ce travail de haut vol qui , même si je ne l'ai pas forcément perçu avec la bonne clef , m'a procuré ce plaisir que recherchent tous les lecteurs .
A bientôt chers amis , amies , et chère Gabrielle .
Vous savez quoi ? Ici , le soleil est revenu.....
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Je tiens tout d'abord à remercier Gabrielle pour l'envoi de ce recueil, qu'elle a tellement contribué à faire connaître en France. Un premier recueil qui a recueilli plusieurs prix en Roumanie. L'auteure est aussi professeur dans une Faculté de théâtre et de cinéma, le titre l'évoque.

Différents quartiers de villes roumaines, d'Amsterdam ou d'Inde s'offrent à nous, à travers des textes amples, fougueux et imaginatifs, déroulant des souvenirs, des impressions. Une partie de l'oeuvre présente aussi " des personnages", et non des personnes, Laura Francisca Pavel jouant souvent entre réalité et fiction.

Mon avis est mitigé car si certains textes comme" Veturia danse" ou" Décoratif, vaguement thérapeutique " m'ont beaucoup plu, d'autres m'ont décontenancée, je ne les ai pas bien compris. Entendons-nous: je peux aimer un poème un peu hermétique mais ici, il y a peut-être des références ou un contexte qui me sont inconnus et créent une confusion dans l'esprit, un obstacle à la lecture.

Il faut reconnaître en tout cas à l'auteure la modernité de son expression, une causticité qui donne un certain piquant aux évocations urbaines. Et une réflexion originale sur l'acte d'écrire.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Bienfaisance

Nous entrons dans l'imposant bloc des années 80
Il est construit pour les travailleurs de l'usine d'outillage lourd
Cette information digne de tout respect nous est répétée
Et regarde, ici on peut nous aussi profiter d'un brin de respect
Ou de mépris, qui est aussi une forme de respect.
Nous sommes accueillis de temps en temps
par une assemblée de citoyens
avec des "standing ovations".
C'est le scénario, je me dis, laisse tomber,
le moment viendra aussi pour la moquerie
les querelles rituelles, la gymnastique d'entretien
le sexe tôt le matin
une avalanche de générosité
un gros câlin
assez pour fixer fermement les murs en béton.
Les dépressions du dimanche se transforment soudainement
en un optimisme collectif.

Nous reconnaissons cette forme de bienfaisance
Nous sommes éternellement redevables
envers qui prend soin de nous
Du plaisir gratuit, on en distribue ici
[...]

P. 25
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On peut reconnaître ici
un style difficile à maîtriser,
un scénario où le geste ne t'appartient plus,
tu es condamné à courir immobile,
à t'enliser suivi d'un
saut en arrière jusqu'en 1909
au manifeste futuriste
qui tue le clair de lune,
le premier fantôme, le premier rêve étrange
l'éclat, la candeur, le désir de la lune
et tout le reste.
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Il ya des jours fades de vacances
quand je m'assoupis sur le béton glissant au bord
de la piscine,
avant mon réveil, l'eau s'est entièrement écoulée,
un cygne en caoutchouc est coincé dans le siphon,
il a mes yeux
ni la pureté, ni le complexe de diva ne le préoccupent,
ne le hantent.
Les yeux avec lesquels il me fixe ont la perfection
des polymères,
dépourvus d'expression, exhalant le pétrole.
Sa présence m'encourage à faire un saut
Ce serait un geste éloquent,
bien qu'improbable.

Avec lui dans mes bras, je me plonge dans le mélodrame
comme dans des lupanars de cynisme et de paresse.
Je sais grâce à McEwan (et même grâce à Netflix) que
les petits mélodrames demandent à être construits avec
précision
tels que les grands crimes.
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Pensé pour les annales

L’incident ou du moins ses conséquences ?
Des vagues d’humidité,
Air dense comme de serre, au-dessus
de l’ostentation des gestes amples.
Ceci est le cadre,
il permet l’action
sans la rendre nécessaire
Il déclenche l’atmosphère
sans la figer, sans l’imposer, non
Le conflit, ses conséquences ?
Une forme de timidité, de maladresse morne
qui persiste dans les pleurs transparents
Mais pleurer n’est pas réel,
il est pensé pour les annales, Bas Jan,
ou s’il est réel, trop ostentatoire.
S’il est ostentatoire, il n’est pas pour autant timide,
pas même pour l’amour du paradoxe,
c’est par orgueil et lutte.
Même ainsi, lui non plus il ne décide pas
de l’atmosphère
Il la pressent seulement, la hume
Et, eh bien !
Même ce reniflement n’est pas à toi.
(L’événement, ses conséquences ?)
Il semble seulement te prévenir, Bas Jan,
de te frayer un chemin dans l’air dense,
dans ta propre disparition.
Les annales tout aussi immatérielles, éphémères
Elles n’enregistrent point ta disparition
Ne la figent pas, non
Ne l’encadrent pas, dans l’orgueil et la lutte.
Ton absence — nous la laissons perler sur
l’ostentation des gestes amples.

(p. 57)
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Garde ton rang

Quand advient le grand événement
Tu sais bien que ce n’est pas toi qu’il cherche
Non, pas la première personne
Non, pas l’exaltation sur des échasses
Non, pas le destin, non

Il cherche ton acceptation
Et l’absence
de la troisième personne, celle qui sonne faux
et la disponibilité jusqu’à la nausée

Si le grand événement vient
Reste en rang, ne lève pas les yeux,
Ne laisse rien t’échapper
Rassemble, serre le poing
Souffle en vue de l’évaporation
Eteins,
descends.
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