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Critique de Floyd2408


son roman avec ce microlycée de Vitry pour décors, où il intervient régulièrement.
Ce roman est une petite bulle de savon s'évaporant dans les effluves sentimentaux de deux écorchés vifs, marqués au fer rouge de leur solitude et d'une vie sans complaisance. Lorsque les mots défilent avalés avec ferveur et curiosité une note de musique tinte une lecture passée, Les heures souterraines de Delphine de Vigan, cette ambiance lourde d'une société pesante, où les personnages errent dans un marasme les noyant, pour se perdent. Certes Les oiseaux rares dessinent des contours différents de ses acteurs, l'atmosphère lourde s'illusionne d'un oasis perdu, proche à portée de mains, d'avoir ce choix de le trouver pour le garder au plus près de leur coeur. Hugo Pavot s'entoure de ces individus qu'ils côtoient au fil de sa vie, ce filagramme s'installe naturellement dans ce roman avec ce duo improbable, cette jeune femme de 23 ans et de ce vieil homme de 82 ans, tous deux emprisonnés dans un passé tumultueux, Sihem et Emile, dit Zapata vont se percuter pour une fusion anticonformiste.
Les personnages sont multiples, derrière les quatre principaux, Rose directrice de la résidence pour personnes âgées, Hélène, professeure de français et nos deux sauvages s'apprivoisant sans oublié ce jeune Algérien Achir, égaré dans cette Algérie de Kamel Daoud avec Mes indépendances Chroniques 2010-2016. Nous pouvons rencontrer Mounia, une artiste Algérienne courant le monde avec ses photos, Norbert, un ami d'Émile, ancien serrurier devenant sénile, monsieur Ving, un pensionnaire de la résidence, fantôme d'un Pol Pot lui volant sa vie, Jeanne, une ancienne pensionnaire, morte, Selma, institutrice, amoureuse d'Achir, Kenza, une camarade de Selma au microlycée, Madeleine faisant partie de la choral, c'est l'Émile en féminin, Talis, conteuse se produisant dans le cadre du Festival des mots à Oran, une amie à Achir comme Zineb, créatrice de ce festival et Djamila militantisme féministe, luttant contre le code de la famille, Mame Diarra, une élève de ce lycée en proie à un avis d'expulsion, elle est l'injustice d'une France bureaucrate, Julia une nouvelle professeure de philosophie intérimaire et Aïcha, une jeune fille étonnante, voilée mais buvant de l'alcool et fume, disant « pourquoi la religion serait incompatible avec la cigarette et l'alcool. ». Tous ses acteurs de ce roman offrent à Hugo Paviot une farandole cristallisant la pluralité de notre société, ce monde qui construit l'histoire nouvelle, ce combat de tous les jours, celui d'une jeunesse s'éloignant de ses aïeux, de l'échec scolaire, de l'origine avec Sihem franco-algérienne de ces parents, nait en France, se considérant aux yeux de tous, algérienne en France et en Algérie aussi lors de sa visite sur ses terres de ses ancêtres.
Cette jeune fille se bat avec son passé, et son manque de confiance en elle, cherchant un appui un soutien, qu'elle trouvera avec Hélène et surtout l'amitié d'Émile, dit Zapata. Ne cesse de fuir, de combattre ses démons, cette impatience, cette fièvre qui coule dans son veines, cette brulure, cette fracture familiale, elle n'a plus de repère, juste l'instinct animal de survit et ce feu bouillonnant sa chair pour devenir ce volcan incontrôlable avec l'ami de Kenza Gaëtan, pour une punition de soumission et de vulgarité.
Émile ressemble au personnage du roman, le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire de Jonas Jonasson, avec une vie digne d'un roman d'aventure, des parents et des grands parents côtoyant des écrivains, participant à des événements importants historiques. Cet homme est touchant, vivant dans cette résidence avec ces cartons remplissant une vie et son appartement, son verre de rouge à chaque repas, son charme, ses petites histoires, ses cartes de restaurants à la mémoire de cers plats de ses villes, de ses rencontres culinaires, les partageants avec cette jeune fille Sihem, lui apprenant la géographie. Mais les apparences sont souvent trompeuses, Zapata cache un passé trouble et sombre que va découvrir Sihem dans une confession d'un condamné.
Hélène est une femme happée par sa passion des oiseaux, deux enfants, héroïne de Sihem, elle donne beaucoup à ce microlycée, comme Rose, directrice de la résidence, lieu de rencontre entre ses deux êtres que tout oppose, divorcée avec eux filles, leur offrant son amour, un chat aussi , complice pour ce lien qui s'étire vers l'infini, pouvoir aider ses deux filles.
Achir, jeune homme élevé par son oncle, l'aidant dans son garage, vivant dans un pays rongé par les hommes en uniformes et les inégalités, amoureux silencieux, entourée d'amies en résistance, se perd dans les paradis artificiels de Baudelaire, faisant de temps à autre des courses pour un ami plus ou moins légale, pour arrondir ces fins de mois.
Hugo Paviot d'une écriture nerveuse, des phrases courtes, aucun dialogue, un style fluide où chaque chapitre narre un personnage, ses émois, sa vie, son présent, ses humeurs, ce style indirect emporte le lecteur vers des tableaux en mouvements, bousculé par ses dialogues qui s'infusent dans la narration, pour un regard extérieur plus littéraire.
De Vitre sur Seine, à la plage de Prat, de la forêt de Rambouillet jusqu'en Algérie, cette ronde de paysage illumine nos personnages principaux, des oiseaux qu'épient Hélène, ce va et vient entre la résidence pour personnes âgées et le microlycée, cette amitié forte entre Zapata et Sihem, pour une réconciliation générationnelle et ce voyage en Algérie, ce lieu magique pour ne pas oublier Albert Camus et son livre l'été et ses inspirations face à ce décor que foulent notre jeune Sihem, Zapata et Achir comme un clin d'oeil de l'auteur à notre prix Nobel de littérature, parlant aussi de ce personnage le Mythe de Sisyphe.
Ce style l'épanadiplose sublime encore plus ce roman, ce rêve animant au début la fièvre nocturne d'Achir, d'une fuite par bateau pour se libérer, comme Sihem à la fin d'une chute en pleine mer, cette boucle referme l'intrique sur elle-même.


Un plaisir certain, magnifique
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