Citations sur La France de Vichy : 1940-1944 (52)
"Trop peu d'enfants, trop peu d'armes, trop peu d'alliés" par cette formule lapidaire qu'il emploie dans son discours du 20 juin pour expliquer la défaite, Pétain passe adroitement de la politique étrangère et de la doctrine militaire à la décadence sociale.
La France est le seul des pays occidentaux occupés à ne pas se contenter de s'administrer, elle fait une révolution intérieure de ses institutions et de ses valeurs morales.
Pour utiliser le chaos comme arme dernière, un peuple doit avoir été dépouillé du bien-être de la propriété et du réconfort de la routine assez irrévocablement pour y avoir renoncé mais non pas jusqu'à en être devenu passif.
Lorsqu'il fallut choisir et le choix était dramatique entre deux solutions: faire son travail, donc courir des risques moraux et abstraits, ou pratiquer la désobéissance civile, donc s'exposer à des dangers physiques et immédiats, la plupart des français ont poursuivi leur travail. l'auteur et les lecteurs de cet ouvrage auraient peut-être été tentes, hélas, d'en faire autant.
En mai 1942, Bousquet disait à Heydrich, à propos de l'exécution des otages, qu'il fallait se garder de creuser " un fossé de sang" entre la France et l'Allemagne. en 1944, un "fossé de sang" sang sépare les deux France et c'est Vichy qui l'a voulu en identifiant la Résistance a désordre.
En ville, les tickets de rationnement ne sont pas toujours honorés, loin de là: la production baisse, les transports se raréfient, les paysans stockent et 'loccupant réquisitionne. Alfred Fabre-Luce déclare que la vraie voix de la France en 1942 est la protestation véhémente de l'estomac.
Nous voici venus à la plus grande honte du régime de Vichy: l'antisémitisme. il est indsipensable de montrer que les premières mesures ayant frappé les israélites sont bien le fait du gouvernement français, car dans nul autre domaine on a autant insisté sur les pressions de l'Allemagne et la passivité de la France.
Il est exact qu'à partir de 1942, le Reich a imposé son programme de déportation et que Vichy s'est alors fait tirer l'oreille....Bien avant que l'Allemagne fasse la moindre pression, le gouvernement de Vichy institue avec le numérus clausus un système d'exclusion. La loi du 3 octobre 1940 interdit aux israélites d'appartenir à des organismes élus, d'occuper des postes de responsabilité dans la fonction publiques, la magistrature et l'armée, et d'exercer une activité ayant une influence sur la vie culturelle ( enseignants...)
Le Maréchal qui est loin d'être un ascète, a épousé, en 1920, à l'âge de 64 ans, une divorcée. Il n'a pas d'enfant. le gouvernement qu'il forme en 1940 compte deux bâtards de marque: Paul baudouin et le général Weygand. c'est sous ce patronnage assez équivoque que le régime de Vichy prône la solidarité et la fécondité de la famille.
il est difficile aujourd'hui de se rappeler avec quelle fièvre on échaffauda des projets. D'aucuns le firent avec la joie qu'apporte la vengeance: la République honnie, la "gueuse" était morte. Cependant, les antirépublicains de toujours ne furent pas les seuls à s'épanouir; d'autres, et ils furent nombreux, furent heureux d'être délivrés de procédures sclérosées et de l'immobilisme politique.
Il est salutaire de réfléchir à l'ambition aveugle de Hitler. On peut se perdre en conjectures sur ce qui serait advenu s'il avait été moins vindicatif, moins enclin à tout résoudre par la force, et s'il avait compris plus vite les besoins et les aspirations des autres. S'il lui avait donné de quoi mangé, des armes pour défendre son empire et la promesse de l'intégrité de son territoire, la France aurait fort bien pu devenir ce "barrage de l'ouest" neutre dont Pétain parlera plus tard. "Si la domination allemande devait nous assurer l'abondance" note Gide avec cynisme le 9 juillet 1940, "neuf Français sur dix l'accepteraient: dont trois ou quatre avec le sourire". La soif du pouvoir d'Hitler n'a jamais permis de vérifier cette hypothèse.