Tous les chiens ont leur temps, tous les chats ont leur souris, mais tous les vases ont leur goutte d’eau et tous les Napoléon leur Waterloo.
Et parmi les photos, parmi les bibelots, parmi les cartes postales et les vases vides, parmi les portraits des membres de la famille royale, il y avait des flacons et des flacons de cachets, parce que madame Jobson n'avait pas quitté la maison depuis le soir où, trois ans auparavant, elle avait rencontré l'homme au marteau et au tournevis, alors qu'elle rentrait de sa soirée hebdomadaire entre filles, des filles qui avaient également cessé de sortir, des filles qui s'étaient fait tabasser par leurs maris quand les policiers avaient suggéré que madame Jobson se faisait un peu d'argent de poche en suçant la quéquette des Noirs, à la gare routière, quand elle rentrait de la soirée hebdomadaire entre les filles, madame Jobson qui n'avait pas quitté la maison depuis cette dernière soirée entre filles, en 1974, même pas pour effacer les graffitis de la porte d'entrée, des graffitis selon lesquels elle aimait sucer la quéquette des noirs à la gare routière, des graffitis sur lesquels son mari, mal de dos ou pas, avait passé une couche de peinture, puis avait dû en passer une deuxième, graffitis à cause desquels leur petite Lesley avait cessé d'aller à l'école, à cause de tout ce qu'on racontait sur sa maman et les Noirs à la gare routière, et c'en était arrivé à un point tel que Lesley avait carrément demandé à sa maman si elle était déjà allée avec un Noir à la gare routière, en chemise de nuit au pied de l'escalier, après avoir mouillé son lit pour la troisième fois de la semaine, et que madame Jobson avait dit ce soir-là, et de nombreuses fois depuis :
- Il y a des moments, des moments comme ça, où je regrette qu'il ne m'ait pas tuée.
Putain, les gens ! Ils ne reconnaissent jamais que, s’ils sont dans un putain de merdier, c’est parce qu’ils sont alcooliques et camés. C’est toujours à cause de quelque chose ou de quelqu’un.
L'auditeur : Ça me fait doucement rigoler. Ils enferment tous ces crétins de flics et ils libèrent ces putains de criminels.
John Shark : Vous croyez que vous verrez la différence ?
L'auditeur : Bien vu, John. Bien vu.
The John Shark Show
Radio Leeds
Mardi 14 juin 1977
Leeds.
Mercredi 8 juin 1977.
Ça recommence :
Quand les deux sept s'entrechoquent...
Projeté dans une nouvelle aube torride sur une nouvelle scène antique parsemée de morts, de Soldier's Field jusqu'ici, ça recommence.
Mercredi matin, portes grandes ouvertes, le matin d'après la nuit d'avant, drapeaux en lambeaux, Union Jacks en berne.
Phalanges blanches et crispées dans la prière sur le volant, pied au plancher.
Les voix, dans ma tête, grouillantes de mort :
Mercredi matin – un imperméable sur elle, ses chaussures posées sur ses cuisses, une culotte blanche laissée autour d'une jambe, un soutien-gorge rose remonté, le ventre et les seins évidés au tournevis, le crâne défoncé à coups de marteau.
Quand on saute la femme de quelqu’un, il faut s’attendre à avoir des ennuis.
Les groupes sanguins sont les mêmes.
On n’a pas d’indices, pas un seul putain d’indice. Ce salaud, il est derrière un miroir, il nous regarde et il rigole. Il nous regarde et il se pisse dessus.
Le problème, avec les courses, c’est que c’est comme le sexe : des préliminaires formidables, mais c’est terminé en deux minutes trente-six secondes et quarante-quatre dixièmes.
Le rêve est fort, noir et aveuglant au début, puis s’apaise lentement, flotte en silence derrière mes paupières.