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Citations sur L'hôtelière du Gallia-Londres (11)

A Lourdes, des hommes croient au ciel et d'autres n'y croient pas.
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Ils jurèrent, ils garderaient le secret. Ils souriaient, exténués et heureux car ils avaient tous les quatre le sentiment d'avoir enfreint la loi pour faire quelque chose de bien. Ils ne se sentaient coupables de rien. Cette pension fermée depuis si longtemps au plein cœur de la ville, c'était absurde. Ils avaient juste remis les choses là où elles se devaient d'être. Du côté de la vie. Et ce sentiment puissant les réunissait bien au-delà de leurs différences.
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Lourdes est mystique depuis bien avant ce temps-là. Elle l'est dans sa pierre de granit, dans les eaux tumultueuses de son gave glacial, dans ses brumes hivernales, et dans la lumière étrange qui baigne les montagnes pyrénéennes alentour, où les ours et les aigles disputent âprement aux hommes leurs territoires sauvages. Elle est mystique dans sa nature, et ceux qui y sont nés en sont marqués à vie.
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Quelque chose la retenait qu'elle ne pouvait définir. Une crainte face à la découverte des profondeurs de l'âme humaine. Un instinct. Pourquoi Béatrice, que rien n'obligeait à se laisser humilier de la sorte, l'avait-elle accepté ? Pourquoi s'était-elle soumise à la volonté d'Inès alors qu'elle aurait pu la mettre à terre sans difficultés. Physiquement elle était bien plus forte. Que risquait-elle à l'envoyer se faire voir ailleurs plutôt que de subir une violence pareille. Pour Marie, il y avait dans cette interrogation quelque chose de si incompréhensible et de si vertigineux qu'elle ne pouvait s'y attarder.
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À Lourdes, il y avait une société à part, « la haute ». Ceux qui n'y appartenaient pas ne la côtoyaient que pour des échanges commerciaux précis. On pouvait avoir l'illusion d'une communication entre les deux mondes, d'une vie sociale commune à cause du marché où tout le monde se rendait, du rugby qui les jours de matchs réunissait indifféremment tous les Lourdais au stade Beguerre, mais dès qu'on voulait franchir une porte plus intime de « la haute » sans y être invité, elle se fermait. « La haute » gardait son pré carré et le Gallia, c'était la crème de la crème
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Les Italiens jouaient l'élégance classique – costumes bleu marine et chemises blanches, foulards à la boutonnière et cheveux gominés. Marie se perdait parmi les passants, s'enivrait d'entendre ces langues étrangères, elle feignait d'être une touriste en terre inconnue. Quelques mots d'italien, d'espagnol ou d'anglais, et hop, elle se sentait romaine, madrilène ou londonienne. Sa ville lui donnait une joie et une confiance infinie dans la vie et le sentiment que le monde lui tendait les bras.
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C'est la réputation d'un commerçant qui fait sa force, mets-toi bien ça dans le crâne !
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Marie admirait en secret ces femmes décidées d'un autre siècle. Sans demander l'avis de quiconque, elles avaient sorti leurs hommes des cafés où ils buvaient à longueur de journée et les avaient remis au travail. C'est ainsi que des bâtisses de fortune avaient pu être construites au plus vite avec du bois récupéré et les moyens du bord. On les avait appelés les « chalets » et on y avait logé les premiers pèlerins. Bourgeoises ou femmes du peuple solidaires, elles avaient toutes joué un rôle déterminant dans l'économie de la ville.
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En cette deuxième moitié du XXe siècle, la famille de Marie Cassagne possédait une boulangerie et les parents de sa meilleure amie, Josy Dulac, une petite pension. Toutes deux étaient aussi liées avec Chantal, la fille des Fourcade, propriétaires d'un hôtel familial modeste mais rentable. Toutes trois vivaient en haut de la ville de Lourdes et rêvaient un jour d'habiter en bas, de l'autre côté du pont qui franchissait le gave, là où se dressaient les prestigieux hôtels trois étoiles, regroupés au plus près des sanctuaires religieux. Là où les foules de pèlerins venus du monde entier priaient la Vierge Marie, «Dame Blanche» apparue à Bernadette Soubirous en l'an 1858.
Avant les apparitions, la ville comptait à peine sept mille habitants. C'était une simple bourgade, incontournable passage vers les montagnes pyrénéennes, alors très à la mode pour les bienfaits de leurs eaux thermales, les mystères de leurs forêts et de leur faune sauvage. La riche société lourdaise vivait rassemblée autour de l'église et de la mairie sur la belle place Marcadal où trônait une fontaine de pierre sculptée de dauphins qui recrachaient l'eau des montagnes. C'était la place des cafés et des auberges où se croisait tout ce qu'une petite ville peut compter de notables, commerçants, hommes de loi, pharmaciens, médecins, journalistes. 
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Marie avait commencé à déceler la noirceur du démon sous la trompeuse blondeur de l'ange un jour d'hiver et de froid sibérien quand, par le plus grand des hasards, elle avait assisté à une scène qui devait rester gravée au fer rouge dans sa mémoire.
Nous étions au cœur du terrible mois de février 1956.
Une exceptionnelle vague de froid paralysait le pays depuis plus de deux semaines. Les eaux du gave avaient gelé et la neige, tombée en abondance, recouvrait la ville. Le thermomètre était passé au-dessous des moins vingt degrés, la France et l'Europe entière étaient en alerte. La Nouvelle République du 12 février annonçait qu'en Corrèze, le record de froid était de moins trente-cinq degrés et à Nantes, la Loire charriait des glaçons longs de plus d'un mètre. C'était un temps à ne pas mettre le nez dehors ou mieux valait s'emmitoufler jusqu'aux yeux d'épaisses couches de laine, sous peine de sentir la moindre goutte geler dans ses narines. Harnachée de pied en cap, la petite Marie filait à l'épicerie Cazalé faire une course de dernière minute pour le repas du soir quand, passant devant la statue de sainte Bernadette près de l'église paroissiale, elle entendit une voix. Or, elle avait beau tourner la tête en tous sens, elle ne voyait personne. Pas le moindre passant, pas même un chien. Elle s'apprêtait à repartir quand la voix résonna à nouveau, toute proche. Elle s'arrêta, tendit l'oreille.
Cette voix si particulière… c'était celle d'Inès. Ça alors! Que pouvait bien faire cette pimbêche dans ce froid glacial, ce n'était pas son genre d'affronter les frimas, surtout à cette heure tardive? Intriguée, Marie s'était avancée vers le petit square de la statue de sainte Bernadette d'où la voix semblait provenir, et ce qu'elle découvrit la sidéra. Enveloppée d'une chaude pelisse à capuche bordée de renard argenté, gantée et chaussée de confortables bottines fourrées, Inès piétinait le sol et tapait ses mains l'une contre l'autre pour ne pas laisser le froid traverser ses gants et les semelles de crêpe de ses bottines.
— Tu avais dit que tu le ferais, disait-elle d'un ton sentencieux, si tu renonces maintenant ne compte pas sur moi pour rester ton amie. J'ai horreur des lâches et je ferai ta réputation…
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