Au fond, je ne crois pas que quiconque puisse inventer. Pas plus un roman qu'un conte. Comme si tout était déjà raconté quelque part. Comme si chaque récit préexistait à sa narration.
Je ne prétends pas être sorti de nulle part, mais je suis convaincu, depuis longtemps, de l’aléa de toute origine. Du hasard de toute extraction. Le fait de s’enorgueillir d’être d’où l’on est me semble relever d’une variété de bêtise.
Partout, dans la montagne, il y a des chemins de grande solitude.Passé la limite de la végétation, ils serpentent entre les roches éboulées, l'herbe rase, les plaques de neige sale, en plein vent, dans la proximité du ciel.
Comment ne pas comprendre que, parfois, l'espace est plus fort que le temps ? Victorieux à travers les millénaires , l'espace !
Friand d'essais et de tentatives, l'enfant tâtonne. C'est un petit « chercheur », ni sot ni intelligent. C'est plus tard, devenu « grand » qu'on devient bête, quand on commence à se durcir, à s'entêter, à se répéter. quand on est persuadé de savoir ou d'avoir trouvé. La bêtise est réservée aux adultes.
Quelques lignes ciselées peuvent retenir en nous plus intensément que mille pages de roman.
C'est ainsi que nous demeurons en nos jardins. Nous nous rassurons à l'idée qu'au lendemain des pires batailles, les roses restent à jamais belles, innocentes et « sans pourquoi », et que cent fleurs finissent par repousser dans la terre gorgée de plomb et de sang.
Pourquoi faut-il que les signes de ces discrets bonheurs s'effacent presque aussitôt ? Pourquoi oublie-t-on si vite ces clartés singulières ? Peut-être parce que le fait de parler d'un bonheur, de l'écrire, c'est déjà déclarer sa perte.
Oui, une journée vient de s'écouler. Tout est si len, si fulgurant, et demain est si vite hier.
Combien de châteaux s’écroulent qui n’avaient pas même été édifiés.