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Critique de MassLunar


Avec L'Ecluse, Philippe Pelaez signe un nouveau thriller des plus sinistre après le glauquissime Dans mon village, on mangeait des chats également édité chez Grand Angle. A ses côtés, le dessinateur Gilles Aris donne vie à ce petit village en proie à la paranoia et à la colère après une (nouvelle) découverte d'un corps noyé, celui d'une jeune femme. Cette dernière est retrouvée morte aux abords d'une écluse gardé par le pauvre et débile bossu du village. Persécuté par la grosse brute de la communauté, cet éclusier fera partie des suspects de cette série de meurtre...

La colère de la communauté progresse et révèle peu à peu les lourds secrets gardés par l'écluse.

Moins glauque que Dans mon village, on tuait des chats avec cet antihéros dont on suit le parcours de meurtrier, L'écluse n'en demeure pas moins un thriller tourmenté et intéressant, un polar rural dans un petit village durant les années soixante qui figure l'intolérance et la brutalité. Gilles Pelaez réussit un bon coup-double en nous proposant d'un côté une petite enquête tendue autour de ses meurtres et qui est surtout relevé par un twist final bien pensé tandis que de l'autre , il souligne la description d'une communauté dont les actes de violences et d'humiliation passées déteignent forcément sur les meurtres du présent.

L'écluse se démarque par son ambiance rurale et vielle France dont les paisibles couleurs chaudes côtoient les couchers de soleil agressifs et surtout la mentalité de ses habitants. La bd s'ouvre d'ailleurs sur l'image d'une tonte faite à une femme,, suivie d'une scène de viol ou encore de l'attitude cruelle à l'égard du bossu. Bref, Philippe Pelaez ne fait pas dans la joie et les seuls moments de repos de L'Ecluse proviennent de l'unique amie de l'éclusier, une jeune femme à la peau d'Esméralda qui incarner la bonne âme de la commune.

Assez sinistre dans l'ensemble, ce titre de Pelaez rappelle des oeuvres comme L'été en pente douce qui détruisait aussi le cadre charmant du petit village du sud de la France pour en faire ressortir une forme de cruauté. Une cruauté qui est ici exacerbée par le personnage de la grosse brute, un être des plus haïssable. L'intrigue aurait pu être davantage prévisible mais Philippe Pelaez a le bon goût de ne pas nous proposer une énième vision du pauvre gars seul contre tous , assailli par les fourches des villageois .L'histoire est plus intéressante et plus réfléchie que cela et nous amène à nous questionner sur la véritable nature du mal de par un dénouement surprenant qui clôt avec une funèbre malice cette déferlante de violence qui s'abat sur ce petit village.

On appréciera également le dessin de Gilles Aris, assez surprenant dans l'échelle des plans. Ainsi, il fait transparaitre cette galerie de personnages comme des espèces de gnomes vicelard. Un dessin presque caricatural qui renforce la fourberie émanant de certains personnages.

En somme, L'écluse est un bon polar mais il faut avoir tout de même le coeur bien accroché dans cette ambiance sinistre et cruelle qui laisse traverser le mal comme une écluse ouverte laisse traverser la rivière.



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