Raphaëlle se relève avec peine. Elle a encore raté un saut. La glace a mouillé son collant et la culotte de son maillot. Sa cuisse est sûrement rougie et compte sans doute une nouvelle ecchymose. Elle glisse sur ses lames, découragée, et rejoint son entraîneur. Ce dernier a froncé les sourcils : on les voit à peine, cachés sous le rebord de sa tuque. Il a croisé les bras sur son manteau Kanuk, visiblement insatisfait de la piètre perfomance de son élève. Raphaëlle ne le regarde pas, elle sait déjà qu'elle subira ses réprimandes. Malgré tout le talent qu'elle possède, elle se sent minable.
-Eh bien! Qu'est-ce qu'il t'arrive aujourd'hui? lui demande-t-il, impatient.
Lorsqu'il parle, un petit brouillard se produit au contact de l'air froid. Raphaëlle est restée tête basse, penaude. Elle frotte discrètement ses fesses endolories. Encore une fois, la désillusion l'assaille.
-Je ne sais pas. Je n'y arrive pas, marmonne-t-elle.
-Tu as l’air malheureux, déplore-t-elle.
-C’est ta présence qui m’ennuie, répond-il du tac au tac.
Je n’en peux plus. Je veux une vie normale. Je veux être libre de faire ce que je veux. Je ne veux plus passer ma vie à prouver à mes parents que je suis belle, studieuse et talentueuse sur patins. Ça me tue!