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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Soleil noir
C'est un roman sur l'enfance, comme l'auteur sait si bien se glisser dans le coeur de ses « minots » qui apprennent la vie sur le tas, à l'ombre de parents qui ne peuvent les surveiller comme le lait sur le feu.
St-Maurice-sur-Moselle, ce petit village des Vosges, où l'herbe est verte et la rivière bien fraîche et poissonneuse.
Deux bandes de gamins se défient en ce 13 juillet 1957, les vacances sont là comme un dimanche répété à l'infini.
Les esprits bouillonnent, les idées fusent, les bêtises se font en toute innocence ou presque.
Zan et ses copains Tipol, Belette et ses soeurs sont très occupés à définir ce qui fera leur été. La pêche, bien évidemment, une cabane à construire, un mystérieux souterrain à explorer…
« Prudemment, ils laissèrent passer une interminable minute avant de ressortit du tunnel par où ils étaient entrés, à l'abri des regards éventuels en provenance de la gare. Sitôt la cachette quittée et l'oeil pointé au ras de l'éblouissement chaud des rails, ils ne purent que constater le vide du quai et la partie visible de l'esplanade devant la gare, sous les marronniers. La lumière férocement droite dans le silence de midi semblait capable de creuser à travers tout ce qu'elle touchait jusqu'aux carcasses d'os blanchis. »
Zan est dans une situation particulière, il vit seul avec son père, souvent alcoolisé, depuis le suicide de sa femme qui n'a pas supporté de perdre un de ses fils, le petit frère de Zan. Alors l'assistante sociale va se mêler de leur vie et tout bouleverser.
La relation père-fils est d'une force qui vous broie le coeur.
En 2004, un « étranger » débarque après le drame qui a bouleversé ce village : un forcené a tué des ouvriers qui démolissaient la vieille maison des Baillon, famille qui possédait les filatures.
Quel lien y a-t-il entre l'été 1957 et se massacre 47 ans plus tard ?
La construction de ce roman est diabolique et l'écriture oscille entre la joliesse de l'enfance et la noirceur la plus profonde. C'est comme un balancier, une fois vous êtes immergé dans leurs jeux, comme la pêche en rivière, et les prairies vertes et les chants d'oiseaux, et en une fraction de seconde vous basculer dans un monde des plus effrayant. C'est subtil et machiavélique à la fois, ce roman est un oxymore à lui seul : la lumière noire.
Une performance, mais avec Pierre Pelot, le lecteur sait que mettre le feu aux poudres est imminant.
La passion de dire l'innocence brisée, le drame qui plombe toute une vie jusqu'à la folie.
Zan a un ami, un confident son chien, je vous laisse découvrir sa particularité, là aussi c'est une trouvaille.
Après le drame, le coupable Paul Barcot est arrêté, sa garde à vue dévoile un être qui a basculé.
L'écriture de Pierre Pelot est charnelle lorsqu'il vous dépeint le décor de ses Vosges, il y a une plénitude à la lecture du décor planté, les mômes sont des mômes, l'auteur n'a pas oublié ce que faisait les gosses de l'époque, la vie qui les portait, l'imagination qui les transcendait, les bêtises mais ce roman va plus loin, la bascule est là, fiévreuse et piégeuse.
Pour moi, c'est une relecture, j'avais lu ce roman à sa sortie, j'en suis ressortie assommée, le coeur en lambeaux.
Le style Pelot est dans la richesse du vocabulaire, et dans la construction toujours inégalable dans la montée des tensions et des divers tenants et aboutissants subtilement agencés jusqu'au final.
Sans oublier la tendresse que l'auteur a pour ses personnages.
L'enfance est puissante.
J'aime la façon dont l'auteur embarque ses lecteurs sans qu'ils ne puissent se défaire de l'emprise exercée par cette écriture unique.
Un auteur français rare.
©Chantal Lafon

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Lu entre fin janvier et début février 2020.
C'est mon premier livre de cette année. Parfois, les moments où on découvre un livre, sont inextricablement liés à une partie de notre vie. Il en sera toujours ainsi de Méchamment dimanche. Une collègue me l'a prêté et honnêtemnt, je n'y croyais pas trop, les ouvrages de Pierre Pelot que j'avais parcourus ne m'ayant pas marquée jusqu'à ce jour.
Il en est autrement de Méchamment dimanche.
L'écriture est puissante et précise, les descriptions poétiques, mais tellement réalistes.
L'histoire est belle et insoutenanble à la fois, elle est pleine d'incrédulité et de la délicieuse cruauté de l'enfance, la naïveté n'est pas loin, mais on sent bien que ces enfants là jouent une partie qui durera toutes leurs vies.
D'ailleurs Pierre Pelot nous présente d'abord les adultes devenus. On ne les reconnait pas toujours au premier abord et je n'en révèlerai pas davantage.
L'enfance de Zan, Tipol, Zita, Zinzin et les autres est celle des gosses de campagne, quelle joie de retrouver les Vosges, que les parents laissent dériver perdus dans leurs propres abîmes. Oui la vie de cette bande ne commence pas comme un conte de fée. de celui qui a perdu mère et frère trouvant dans le désespoir et l'alcoolisme du père un terrain d'imaginaire et de liberté à celui qui subit les violences de sa famille ou celles qui quittent l'école à 15 ans pour travailler à l'usine... La vie du village est loin d'être facile, mais les enfants se rélèvent de tout. du moins, c'est l'impression que l'on a au début.
Ce roman est aussi un bon polar.
En évoquer les énigmes briserait sans doute son charme.
En tout cas, elles sont multiples :
Qui est Jean-Claude ?
Pourquoi cet homme, ce flic, revient-il dans le village après le tragique meurtre qui a couté la vie à plusieurs personnes, d'ailleurs qui est-il ?
Et l'assassin quel lien avait-il avec la bande d'enfants de jadis et avec le flic ? Qui était-il ?
Les enfants sont-ils si merveilleusement innocents ?

Bref, j'ai adoré, j'ai tremblé et la fin (bon je l'avais lue avant le dénouement, j'y peux rien c'est comme ça) m'a laissée un goût amer pas désagréable.
Je traversais une sale période. Méchamment dimanche l'a rendue moins pénible. C'était un challenge. Pari gagné.
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Pierre Pelot est un conteur né et si dans sa plantureuse production tout n'est pas parfait " Méchamment dimanche " est incontestablement une réussite. Pas de grands effets de manche ni de bain de sang mais une histoire presque banale de gens ordinaires qui un jour dérapent . Dans ce roman en occurrence un jeune gamin, plus vraiment un enfant mais pas encore un ado, va découvrir la vie avec ce qu'elle peut avoir de cruelle. Pelot prend son temps pour mettre son histoire en place et c'est petit à petit au fil des pages où s'entremêle le présent et le passé que se dessine une histoire superbe d'amitié éternelle et d'amours contrariés dans cette petite bande de village. Et puis comme souvent chez Pelot un des acteurs principal du roman est cette région des Vosges pour qui on sent l'énorme attachement et l'amour de l'auteur. Un récit sur le passage de l'enfance à l'adolescence et l'âge adulte dans une ambiance de village d'autrefois avec ses non dits, ses personnages pittoresques ou banaux mais terriblement humains . Une histoire avec un zeste de fantastique mais surtout basé sur le remords et la culpabilité. « Méchamment dimanche » est le récit de l'incompréhension malgré tout l'amour qui les unit entre un fils et son père et surtout d'une superbe amitié d'enfance et des serments manqués. Un grand Pierre Pelot qui a sa place dans toute bonne bibliothèque qui se respecte.
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