Route de Cotonou, Bénin. Orphelin, Kémi, se réveille en sursaut suite à un cauchemar dans lequel il voyait son père brûlé par les flammes. Endetté depuis la mort de ce dernier, il peine à rembourser à Augustin, le menuisier, les frais de la cérémonie de son père. Bien qu'il ait repris la vente de kpayo*, l'argent ne rentre pas, faute de concurrence. Afin d'honorer sa dette, il accepte un boulot que lui propose Marcellin, à savoir livrer du kpayo à Porto-Novo, à bord d'un Vespa tanker de sa fabrication. En échange, Marcellin est prêt à lui donner des informations sur son frère jumeau, Yao, disparu depuis plusieurs mois et dont il est sans nouvelles. La course se passe plutôt bien malgré les barrages des flics. C'est alors que Marcellin lui apprend qu'Yao est parti au Nigéria,
au bout du fleuve, tenter faire fortune...
Jean-Denis Pendanx nous emmène en voyage au Bénin puis au Nigéria en compagnie de Kémi, jeune garçon parti à la recherche de son frère. Dans ce pays où la misère enveloppe chacun, où la violence est présente, où les peuples ne profitent pas de la richesse et où les croyances sont de mise, l'auteur dresse le portrait à la fois d'une Afrique abandonnée et dure et d'un adolescent esseulé qui cherche sa moitié. Un récit très émouvant dans lequel plane une certaine dose d'onirisme. Une quête personnelle éprouvante truffée de rencontres marquantes, soient-elles bonnes ou mauvaises. Un voyage palpitant. Graphiquement,
Jean-Denis Pendanx réalise un travail époustouflant : l'Afrique s'est parée de ses plus belles couleurs. Amoureux de ce continent, l'auteur retranscrit à merveille ses ambiances, son atmosphère. Passant du gaufrier à douze cases à la pleine page, il met en image aussi bien un détail, qu'un visage expressif ou qu'un paysage. Des chemins de Cotonou au marché coloré de Dantokpa en passant par la cité lacustre de Ganvié ou les rues de Lagos, les planches sont d'une intensité et d'une force rares.
*kpayo : essence frelatée