Je griffonne ceci sous la volée des obus et je ne lève même pas le nez pour voir où ils éclateront, il est vrai qu'au sifflement particulier de chacun on devine tout de suite s'il sera pour soi ou pour les camarades d'avant ou pour ceux d'arrière. (p.19)
Lundi 14 décembre 1914
Malade, fièvre, courbaturé - je reste toute la journée dans la paille. Très déprimé, très abattu, rêvant du foyer de Landresse et de Delphine - tiendrai-je jusqu'au bout - j'ai peine à rester sur mes jambes.
Note : Landresse, village du Haut-Doubs, où il était instituteur, le Longeverne de la Guerre des Boutons.
396 - [Le petit Mercure, p. 57]
Jeudi 5 novembre 1914
On est tassé comme harengs en caque dans la cave dont j'occupe l'entrée avec Oudin, Dastis, Guillonneau et Braconnot. J'ai trouvé une chaise et un Molière. Je fais ma correspondance et relis mes classiques. Pour charmer les heures, les hommes chantent et plaisantent.
395 - [Le petit Mercure, p. 39]