AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Lamifranz


Ceux qui, comme moi, composent des critiques ou des chroniques, dans le seul but de faire partager le plaisir qu'ils ont eu à découvrir une oeuvre ou un auteur, sont souvent confrontés au problème (qui n'en est pas toujours un, d'ailleurs) de son adaptation au cinéma. Personnellement, je me souviens d'une conversation homérique avec ma mère : « je préfère le livre » disait l'une, « le film n'est mal non plus » disait l'autre, on a tous connu ça.
Quand l'adaptation est réussie, c'est parfait, quand en plus elle transcende le roman et donne envie de le lire ou de le relire, c'est plus-que-parfait.
C'est bien ce qui est arrivé avec « La guerre des boutons » et son adaptation cinématographique (je parle bien sûr de celle d'Yves Robert en 1962, les deux de 2011, sans être des navets, restent honorables, mais purement anecdotiques). Bien que l'action soit légèrement décalée dans le temps, et bien que l'auteur ait pris quelques libertés avec le texte original, le climat général de l'oeuvre est parfaitement restitué, le monde campagnard reconstitué de façon réaliste sans être caricatural, et l'interprétation de premier l'ordre, avec mention spéciale pour les enfants. Rares sont les films, et les livres, qui nous font toucher du doigt de façon aussi personnelle, aussi intime, les joies et les peines de notre enfance.
Avant le film, il y a donc eu le livre. Louis Pergaud (1882-1915) mort héroïquement aux Eparges, près de Verdun (où il aurait pu croiser Genevoix), nous a laissé une poignée d'oeuvres centrées autour de la nature, du monde paysan et des animaux, dont on retiendra essentiellement ; deux recueils de nouvelles : « de Goupil à Margot » (1910) et « La Revanche du corbeau » (1911) et deux romans : « La Guerre des boutons, roman de ma douzième année » (1912) et « le Roman de Miraut » (1913). Chantre de la vie rustique, Louis Pergaud annonce avec vingt ans d'avance les chefs-d'oeuvre écrits par Colette, Maurice Genevoix, Jean Giono, ou Charles-Ferdinand Ramuz.
« La Guerre des boutons » est un roman truculent, haut en couleurs, épique, débordant de bonne humeur campagnarde, fin et rusé, et non dénué de tendresse. En fond d'écran, il y a aussi, de façon plus ou moins appuyée, la guerre des écoles (le curé contre l'instituteur), l'esprit revanchard contre les Allemands, autant de thèmes que le film ne reprend pas, n'étant plus d'actualité.
Ce roman ne peut que plaire aux lecteurs épris de la vie rustique (avec forcément un point de vue documentaire, un siècle et plus nous sépare de l'époque décrite par l'auteur), il plaira aussi à tous ceux que l'esprit d'enfance n'a pas quittés, il plaira aussi à tous les amoureux de la langue française, qui s'enrichit ici du parler provincial, donnant à l'ensemble une truculence certaine, mais surtout une vérité et une authenticité remarquables…
Et, en refermant le bouquin, vous ne pourrez pas dire comme Tigibus : « Ah ben mon vieux, si j'aurais su, j'aurais pô v'nu ! » (réplique qui figure dans le film mais pas dans le livre), mais bel et bien « Ah ben mon vieux, si j'aurais su, j'aurais v'nu plus tôt ! »
Commenter  J’apprécie          128



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}