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Critique de Pecosa


Pecosa
04 décembre 2012
La collection "Des villes" des éditions Champ Vallon est issue de la rencontre entre un écrivain et une ville qui le fascine.
Le poète Jean Pérol, qui résida deux années en Louisiane, publiait en 1992 un très joli texte sur la Nouvelle-Orléans. Au gré de ses flâneries et de ses réflexions, des rives du lac Ponchartrain aux tombes du cimetière de Chalmette, Pérol adresse à la "Big Easy" une longue et belle lettre d'amour, succombant à son charme et à ses nombreux mystères. Oubliez la prose de Maurice Denuzière et ses sempiternelles créoles alanguies sirotant des Mint Julep à l'ombre des hauts chênes. Si le romancier évoque les grands évènements qui ont façonné la ville (première implantation française, application du Code noir, création du quartier de Storyville, combat linguistique des cajuns) et les incontournables figures du Sud devenues familières, Jean Lafitte, Bayou John, Lulu White, Marie Laveau, Ernest J. Bellocq, l'anecdote est ici transcendée par la beauté de la langue. Hôte curieux et érudit se comparant à Lafcadio Hearn qui, comme lui, fut fasciné par la Louisiane et le Japon, Pérol nous offre avec générosité les petits secrets de la Nouvelle-Orléans et d'autres histoires peu connues mais tout aussi révélatrices de la complexité de la ville, comme celle du grand-père de Sidney Bechet ou la première rencontre de Louis Amstrong avec une trompette. En voici un extrait: "A parler de pistolet, on songe au vrai coup qu'un jeune noir un peu trop joyeux , né un 4 juillet, jour de la fête nationale américaine, a tiré en l'air un soir de nouvel an. Poste de police, condamné; maison de correction: "et toi, le jeune négro, tu vas apprendre la trompette pour les appels de la prison." Et Louis, Louis comme un prénom de roi français ou un nom de chef indien, Louis au nom de fils de Louisiane, d'un "bras fort", d'un "arm strong", porte à ses lèvres la trompette à tout faire péter, ses lèvres et les murailles, le fatal et les coeurs secs."
La Nouvelle-Orléans de Pérol est une belle promenade pour ceux qui, comme l'écrivait Faulkner "viennent à elle dans un éternel crépuscule".
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