Professeur, il répétait à ses élèves que l'enseignement qu'il leur dispensait les armait pur atteindre à la liberté. L'une des ses formules favorites : "Balayer les rues, peut-être , mais en récitant du Virgile. " (p. 48)
« Ô l’amour d’une mère ! amour que nul n’oublie !
Pain merveilleux qu’un dieu partage et multiplie !
Table toujours servie au paternel foyer !
Chacun en a sa part et tous l’ont tout entier ! »
Il [grand-père de l'auteur] haïssait la guerre, mais ne supportait pas que la France en perdît une seule. (p. 51)
Le silence s’imposait à nous de manière aussi rigoureuse que naturelle. Jamais un mot imprudent à un condisciple, cela allait de soi, les admirateurs des vainqueurs provisoires ne manquant pas parmi les élèves du collège Stanislas. Même avec le grand-père, lèvres scellées, alors que nul ne pouvait douter de son exécration de l’occupant et de Vichy.
Clemenceau tirait avec humour la leçon politique de l’affaire en constatant que « les boulangers ne sont pas chargés de subvenir aux manquements d’une société mal organisée ». Notons que le juge Magnaud avait réglé de sa poche le prix du pain au boulanger de Château-Thierry. Qu’une jeune mère fût réduite à voler une miche de pain pour ne pas mourir de faim, elle et son enfant, dressait un sévère réquisitoire contre l’état de la société française.