C à vous https://bit.ly/CaVousReplay
C à vous la suite https://bit.ly/ReplayCaVousLaSuite
Abonnez-vous à la chaîne YouTube de #CàVous ! https://bit.ly/2wPCDDa
Et retrouvez-nous sur :
| Notre site : https://www.france.tv/france-5/c-a-vous/
| Facebook : https://www.facebook.com/cavousf5/
| Twitter : https://twitter.com/CavousF5
| Instagram : https://www.instagram.com/c_a_vous/
Au programme :
Recap Lorrain - Ils nous ont quittés cet été
L'Édito de Patrick Cohen - Gilles Perrault : hommage à un raconteur hors du commun
Invité : Gilles Kepel - Professeur des universités, spécialiste du Moyen-Orient et de l'Islam contemporain
Interdiction de l'abaya à l'école : une rentrée sous haute surveillance
Gilles Kepel, « prophète en son pays »
Islamisme, wokisme
: les vérités de Gilles Kepel
Gilles Kepel revient sur quatre décennies à arpenter le monde arabe et musulman
Invité : Stéphane Bern - Animateur & auteur de La reine qui aimait la France - éd. Plon
Charles III en France : une visite reportée et attendue
Charles III, roi d'Angleterre : an I
Entre la France et la reine Elizabeth II, une longue histoire d'amour
Mort de la reine Elizabeth II : un an après
Hommage au général Georgelin, qui pilotait la reconstruction de Notre-Dame-de Paris
La Story de Mohamed Bouhafsi -
Le ministre des affaires étrangères ukrainien Dmytro Kuleba invité de C à vous
Le ministre des affaires étrangères ukrainien D. Kuleba ne mâche pas ses mots
Un an et demi après le début de la guerre, quelle stratégie pour la diplomatie ukrainienne ?
Le 5/5 :
Invité : Patrice Douret - Président des Restos du Coeur
Émeutes : rentrée délocalisée dans les Yvelines
L'appel à l'aide des Restos du Coeur
Accident de moto : Mathieu Kassovitz grièvement blessé
Coupe du monde de rugby : du racisme dans les vestiaires
+ Lire la suite
En 1943, j'avais douze ans et j'aurais dû, à l'automne, passer en classe de cinquième. A la veille de la rentrée scolaire, j'appris mon renvoi de l'enseignement public pour faiblesse excessive en mathématiques. Redoutant la réaction de mon père, ma mère enfila son manteau et partit supplier le proviseur de me garder.
Une demi-heure après son départ, la Gestapo arrivait à la maison pour l'arrêter.
C'est chaque fois un peu la même chose mais je ne m'y habitue pas. Une justice aux yeux bandés qui juge des masques : quelle comédie!
" S'il faut donner la préférence à une guerre, ce sera pour moi la guerre froide, qui fit s'affronter les services secrets pendant quatre décennies. Elle tua moins qu'un ouragan aux Caraïbes et n'estropia pas les corps. C'est la seule guerre que ses anciens combattants évoquent avec nostalgie. "
(page 349).
Professeur, il répétait à ses élèves que l'enseignement qu'il leur dispensait les armait pur atteindre à la liberté. L'une des ses formules favorites : "Balayer les rues, peut-être , mais en récitant du Virgile. " (p. 48)

Louis XI, dont une postérité ingrate retiendra surtout les petites cages incommodes où il avait la fantaisie de tenir ses ennemis enfermés, mais qui fit tant pour arrondir et ragaillardir le royaume, avait le premier organisé la poste. Il employait près de deux cent cinquante chevaucheurs chargés de porter ses dépêches et aussi les lettres de particulier. Afin de concilier rapidité et régularité, il ordonna la création des relais de poste où les chevaucheurs trouveraient un cheval frais pour poursuivre leur mission. Ces relais s'égrenaient toutes les sept lieues, soit environ vingt-huit de vos kilomètres, distance jugée convenable par les cavaliers émérites pour tirer le meilleur parti d'une monture sans risquer cependant de la crever. On a compris pourquoi Charles Perrault chausse son Ogre de bottes de sept lieues: c'est ajouter à sa force une vélocité foudroyante. Les relais fonctionnaient jour et nuit. On s'émerveillait qu'une lettre partie de Tours arrivât à Amiens vingt-quatre heures plus tard.

Vous aviez vingt ans au moment des faits. Votre âge m'émeut : c'est presque le mien. Ranucci, je ne supporte pas de suivre avec vous ce terrible chemin. Je voudrais que vous me disiez que vous avez fait cela, et puis que nous essayions ensemble de comprendre comment est morte une enfant de huit ans. Mais ne restez pas ainsi, Ranucci, je vous en conjure : implorez votre pardon, dites quelque chose, parlez ! ...
Ce moment était grand, et toute l'assistance le snetit, suspendue aux lèvres de ce jeune homme à la chevelure taillée en crinière léonine, à l'oeil étincelant, qui ajoute aux prestiges de la beauté physique un immense pouvoir de sympathie. Ainsi celui qui avait reçu en partage tous les dons tendait-il une main fraternelle à celui que le destin contraire avait écrasé ; c'était la jeunesse qui interpellait la jeunesse ; c'était la vie qui suppliait l'accusé d'écarter d'un mot, d'un geste, l'ombre de la mort qui commençait de l'envelopper ; c'était la voix chargée d'évoquer l'enfant martyrisée qui s'élevait pour convoquer la pitié dans cette salle grondante de ressentiment, devant ce public rassemblé pour une curée - bloc de haine qui vacillait soudain sur sa base parce qu'aucune assemblée humaine ne résistera à une voix transcendée par l'éloquence.
Tout pouvait basculer.
Christian Ranucci, figé dans son box, ne cilla pas, ne broncha point.
La péroraison fut à la même hauteur :
- Je veux que Ranucci se souvienne de son crime, de la mort de Marie-Dolorès, forme éternelle de l'innocence, je veux pour lui un chagrin et un repentir qui ne finissent jamais.
Avec cette dernière phrase, l'avocat de la partie civile refusait la peine de mort.

Dans la vie courante, tout le monde dit "mon auto" ou "ma voiture", mais le lecteur aura déjà remarqué qu'un homme interrogé ne saurait parler que de son "véhicule", de même qu'il ne dira pas avoir vu "quelqu'un" mais "un individu". Mlle Di Marino porte le procédé à une sorte de perfection : enchaînant avec brio les clichés et le jargon juridico-administratif, elle fait tant et si bien qu'un lecteur non averti ne pourrait en aucun cas deviner que c'est un jeune niçois de vingt ans qui est censé parler. Mais ce vocabulaire emprunté au double sens du terme n'est certes pas innocent. Mlle Di Marino fait ainsi dire à la suite à Christian : "... c'est avec cette voiture que j'ai causé un accident qui a immédiatement précédé le moment où j'ai égorgé la fillette. Je viens de résumer l'essentiel des faits, je consens maintenant à donner des détails supplémentaires.
On ne peut, à la lecture, se défendre d'un sentiment d'exaspération indignée envers celui qui, après avoir "résumé l'essentiel des faits", dont l'égorgement d'une fillette, "consent" à donner des détails supplémentaires. La froideur des mots induit la froideur de celui qui est censé les avoir prononcés, et à l'heure de la délibération du jury, la relecture de certaines phrases peut déclencher des réactions décisives. Mais le juré persuadé à juste titre que "le style, c'est l'homme" ne sait pas qu'en matière judiciaire, le style, c'est le policier ou le juge d'instruction.
Mais une rumeur n'a point besoin d'être fondée du moment qu'elle trouve un climat favorable à son épanouissement.
Alignées devant le petit cercueil, les fillettes vêtues de robes d'été accentuent encore le caractère tragique de ce service funèbre pour une enfant de huit ans. Leur présence multiplie l'absente.
"J'ai tiré le gros lot du malheur sans mêmeavoir acheté de billet" avait écrit Christian Ranucci. Traçant ces lignes en 1975, il ignorait encore que le pire était à venir de cette invraisemblable cascade maléfique qui s'abattait sur sa t^te avec une régularité effrayante. Par trois fois, son chemin avait croisé celui d'un ravisseur d'enfant. Il allait payer pour les trois, tandis que l'homme au pull over rouge resterait impuni, que l'assassin de Vincent Gallardo ne serait jamais retrouvé, que Patrick Henry sauverait sa tête