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Citations sur Le premier convoi 1848 (18)

— J’ai une idée, qui serait bien meilleure pour vous que de retourner dans le faubourg, avec le danger et toute la misère qui vous attendent. Dans quelques jours, début septembre, le parlement va accorder de gros crédits (comprennent-elles le mot crédit ?), voter des moyens, de l’argent, pour envoyer des colons de l’autre côté de la mer, sur une terre vierge, très riche,
où le blé produit des rendements étonnants. Vous y recevrez des terres, que vous devrez cultiver. La France vous donnera les outils nécessaires, une petite maison. Si vous êtes travailleurs, comme vous me l’affirmez,
en quelques années vous serez riche. Léonie n’en croyait pas un mot mais ce discours la berçait, la faisait rêver, elle si terre à terre.

(p. 59-60)
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— Des cailloux, des cailloux et encore des cailloux, grinçait Raoul en contemplant sa sinistre concession.
— Nous sommes partis pour trouver une vie meilleure, lui rappela sa femme.
— Eh bien, crois-moi, Jeanne, ce n’est pas ici que nous la trouverons.
Jeanne haussa les épaules. Les vies meilleures toutes faites n’existent pas. Elle était d’avis qu’il fallait essayer d’en construire une.

(p. 177)
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Imaginez, mais imaginez ces femmes du peuple de Paris, jeunes mères, futures mères, matrones ou vieilles femmes. Elles avaient parfois élevé une ou deux poules et quelques lapins dans d'arrière petit jardin des faubourgs, mais que connaissaient-elles de la campagne ? Que connaissaient-elles des pluies et des sécheresses, de la fécondation des truies ou des brebis, de la conduite des bœufs ? De la plantation des pommes de terre, des herbes sauvages comestibles, des prédateurs, de la nuit africaine et même d'une étrange douceur de temps qui fait rêver d'amour ?

Et il semble qu'elles aimaient ça, malgré tout, si dure soit-elle, cette espèce de liberté, cette vie communautaire, aussi rude mais gaie, qu'elles n'avaient jamais connues à Paris.

page 209
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Antoine voyait trimer ses belles, Léonie, Jeanne et Louise et devenait de plus en plus un féministe avant la lettre : ce pays cruel ne tiendrait que par les femmes, continuait-il à penser.

Page 198
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Deux ou trois pauvres bougres par chaland, déjà usés à vingt ans, attelés aux barges par des bricoles (courroie de cuir utilisée pour le halage) en cuir, marchaient lentement, voûtés, ne s'arrêtant qu'aux écluses. Ils buvaient comme des trous pour se procurer un peu d'énergie. Et ils continuaient à avancer. Parfois l'un d'entre eux trébuchait et tombait et quand ils se dételaient enfin, ils marchaient un grand moment pliés en deux, le dos cassé. Des esclaves, des galériens, des bêtes de somme. "Des bêtes seraient mieux traitées " avait pensé Antoine à qui cette misère rappelait les deux mois d'esclavage qu'il avait vécus comme débardeur de bois au quai Saint-Nicolas. Il essaya de s'adresser à l'un d'eux mais l'autre lui cracha sur les pieds.
- On est toujours le bourgeois de quelqu'un avait remarqué un brave cordonnier qu'Antoine avait connu dans l'agitation du faubourg.
- Combien gagnent-ils ? avait demandé Antoine à un employé de la compagnie,
- Rien, un franc par lieue et leur temps d'étape dure près de trente heures. Et tu me croiras ou pas, ils se battent pour avoir le travail,
- Misère de ce monde, dit Antoine songeur, en pensant aux morts de la grande barricade.

Page 100
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Le soleil jouait dans les branches, l’eau clapotait dans le petit bassin qu’elles avaient créé, des oiseaux commençaient à s’époumoner, non loin d’elles les
enfants riaient et plaisantaient. Toujours les mêmes : Ti-Pierre, Lisette, Rosalie et le petit Ali. Ceux-là, au moins, avaient échappé au choléra : ils étaient l’Algérie de demain. Jeanne Sabour sourit : « Allons, allons, Jeanne de quoi te plains-tu ? Les enfants sont là, le printemps revient, la vie recommence. »

(p. 238-239)
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Comme ils étaient en train de sortir du golfe de Marseille, les prisonniers du château d’If, l’une des îles qui les séparaient de la pleine mer, furent les derniers à les saluer, aux cris de "Vivent les colons ! Vive la liberté !" Liberté, un mot qui prenait toute sa signification dans la bouche de ces condamnés à vie ! Quelques acharnés répondirent en agitant leurs bonnets rouges, les bonnets phrygiens qu’ils avaient emportés avec eux en souvenir, on entendit même un ou deux "Vive l’anarchie", mais Jeanjean et deux autres gardes-chiourmes munis de bâtons les menacèrent et les firent taire. Tous les autres ne disaient rien.

(p. 143-144)
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La belle Jeanne Sabour avançait dans le soleil en balançant librement ses hanches, en leur chantant de sa voix chaude la romance ancienne que lui inspirait le miroitement du canal :

Tant que cette eau coulera doucement
Vers ce ruisseau qui borde la prairie,
Je t’aimerai, me répétait Sylvie,
L’eau coule encore, elle a changé pourtant.
Plaisir d’amour ne dure qu’un moment…

On partait pour une fascinante aventure, bien nourris, à flemmarder sur les chemins de halage, on plaisantait, on chantait beaucoup.
Seule la mort d’un tout petit enfant, petit dernier d’une famille indigente qui s’était embarquée sans le sou, avait assombri un instant l’humeur joyeuse des voyageurs.

(p. 102)
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Cette humble population parisienne, éminemment citadine, découvrit la France, puis la mer et dut s'adapter à un pays nouveau au climat difficile, s'échiner à l'agriculture, cohabiter avec des populations dont elle ignorait tout, tester ses convictions humanistes face à plus démunis qu'elle. Evoluer, devenir un peuple nouveau..
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Le choléra de 1849 :
Après quoi, pendant près d’un mois la mort rouge s’acharna. (...)
Au fil des jours, des hommes, des femmes, des enfants moururent, les uns dans leur pauvres lits ou dans ceux de l’hôpital de campagne - l’ambulance, beaucoup aussi dehors, comme s’ils étaient sortis pour fuir la mort rouge et qu’elle les avait rattrapés en chemin. L’ambulance du docteur Bossard comptait en permanence une vingtaine de lits qui se vidaient et se remplissaient sans arrêt, des journaliers espagnols étaient aussi frappés, des militaires succombaient, et les hommes valides qui allaient encore travailler dans les champs trouvaient, la face contre le sol, des cadavres d’hommes, de femmes ou d’enfants venus du douar voisin. La nuit, on entendait les sanglots des femmes qui pleuraient leurs morts et les hurlements des hyènes qui cherchaient à les dévorer. Deux malades venus du douar parvinrent à se traîner jusqu’à l’hôpital militaire et y furent soignés, c’est à dire qu’ils y moururent un peu plus doucement, car que savait-on de la maladie ? Quels soins efficaces pouvait-on donner ?
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