« Une chose est sûre : ce que je suis me serait insupportable, si je ne pouvais me souvenir de celui que j’ai été. »
« Tout ce que l’homme expose ou exprime est une note en marge d’un texte totalement effacé. Nous pouvons plus ou moins, d'après le sens de la note, déduire ce qui devait être le sens du texte ; mais il reste toujours un doute, et les sens possibles sont multiples. »
« J’écris en m’attardant sur les mots, comme devant des vitrines où je ne verrais rien, et ce qui m’en reste, ce sont des demi-sens, des quasi-expressions, telles les couleurs d’étoffes à peine aperçues, des harmonies entrevues et composées de je ne sais quels objets. J’écris en me berçant, comme une mère folle berçant son enfant mort. »
« Le gouvernement des hommes repose sur deux principes : réprimer et tromper. L’ennui, avec ces mots clinquants, c’est qu’ils ne parviennent ni à réprimer, ni à tromper. Ils saoulent, tout au plus, mais c’est là autre chose. »
« Raconter, c’est créer, car vivre, ce n’est qu’être vécu. »
« Ne se soumettre à rien – ni homme, ni amour, ni idée ; garder cette indépendance distante consistant à ne croire ni à la vérité ni, à supposer qu’elle existe, à l’avantage de la connaître – tel est l’état dans lequel, me semble-t-il, doit s’écouler, pour elle-même, la vie intérieure et intellectuelle des hommes qui ne peuvent vivre sans penser. Appartenir – banalité suprême. Credo, idéal, femme ou métier – autant de geôles et de fer. Etre, c’est demeurer libre. »
« Avoir besoin de dominer les autres, c’est avoir besoin des autres. Le chef est donc dépendant. Accroître sa personnalité sans rien y inclure d’étranger – sans rien demander aux autres, sans jamais commander aux autres, mais en étant les autres quand on en a besoin.
Réduire nos besoin au minimum, pour ne dépendre en rien des autres. » (Notes pour une règle de vie)
« Les émotions peuvent susciter ma curiosité. Les faits, quels qu’ils puissent être, n’en éveillent chez moi aucune. »
« Je me suis toujours demandé si c’était ma sensibilité qui était trop vive pour mon intelligence, ou mon intelligence pour ma sensibilité. J’ai toujours été en retard sur l’une ou l’autre, ou sur les deux, ou bien c’est la troisième qui était en retard sur les autres. »
« Je n’ai jamais appris à exister. J’obtiens tout ce que je veux, pourvu que ce soit en moi-même. »