Haut-Royaume, tome 3 : Le Roi

"L'orgueil des grands est le malheur des humbles."
Chroniques (Livre des Proverbes et Sentences)

Chaque secret que tu gardes est une lame que tes ennemis aiguisent contre toi.
(Chroniques. Livre des sentences et proverbes)

La reine veuve était de ceux qui prennent et jettent selon leurs caprices, mais dont l'orgueil ne supporte pas qu'on les délaisse...

"Chaque secret que tu gardes est une lame que tes ennemis aiguisent contre toi"
Chroniques (Livre des Sentences et proverbes)

Une pluie de cendre se mit à tomber.
- Rouge, dit Logan en examinant les flocons de cendre tombés dans sa paume ouverte.
Les deux hommes échangèrent un regard.
- La guerre, lâcha Lorn.

— ONYX !
Arme haute, ses hommes hurlèrent à leur tour :
— ONYX !
Et la Garde Noire chargea.
Elle dévala la pente sous les tirs des canons que les Irédiens avaient réussi à déplacer. Le feu et le souffle des explosions couchèrent des chevaux hennissants, renversèrent des cavaliers, soulevèrent des gerbes de terre qui retombaient en pluie drue, chargées de l’odeur âcre de la poudre brûlée.
Parvenue en bas de la pente, la Garde d’Onyx s’élança à l’assaut de la colline sans ralentir, comme emportée par son élan. Les boulets ne pouvaient plus l’atteindre et le temps manqua pour charger à mitraille. Lorn surgit le premier au sommet de la colline, sautant par-dessus un canon et donnant au passage un large coup d’épée à un mercenaire pris de court. Les Gardes Noirs déferlèrent à sa suite, balayèrent les rares soldats qui leur firent face au lieu de fuir.

(Page 288)

— Je t’ai fait Premier chevalier du Royaume. Je t’ai nommé à la tête de la Garde d’Onyx. Ton devoir est de protéger le Haut-Royaume… Pourquoi crois-tu que je suis encore là ? Tu dois accomplir ta destinée, Lorn. Tu te condamnes en ne…
— Quoi ? l’interrompit Lorn. Vous vous figurez sincèrement que si vous n’avez pas encore rejoint les Enfers, c’est parce que les Divins veulent que vous me remettiez dans le droit chemin ?
— Je ne sais pas, avoua le Haut-Roi, désemparé. Je ne sais pas…
— Vous êtes encore là parce que, même si je vous ai tué, je n’en ai pas encore fini avec vous, père. Ni avec le Haut-Royaume.
— Un homme contre une nation. C’est folie. Le spectre disparut.

    Envoyée par le Dragon de la Guerre, une cendre rouge tombait sur Oriale et se mêlait à la neige. Au matin, la capitale se réveillerait ensanglantée, au son du glas annonçant la mort du Haut-Roi.

Tu dois te méfier de tout le monde.
— De toi aussi ?
— Moi… Moi, tu sais bien que c’est différent…
Yrdel sourit et demanda :
— Aide-moi, veux-tu ?
Il prit la cape qu’Elwyn avait apportée, la passa, puis se retourna pour que le jeune vicomte l’ajuste sur ses épaules en même temps qu’il la bouclait.
Elwyn s’exécuta.
— Voilà, dit-il. (Après quoi il enlaça doucement Yrdel par-derrière et lui posa un baiser dans le cou.) Tu feras un grand roi, murmura-t-il à son oreille.
Paupières closes, Yrdel se laissa faire… avant de se ressaisir. Il se libéra de la tendre étreinte de celui qui avait été son amant, et se retourna pour lui dire :
— Tu avais promis que si tu restais à mon service, tu ne…
— Je sais, l’interrompit Elwyn. Pardonne-moi.
— On ne peut pas être Haut-Roi et aimer les hommes.
— Je ne te demande que d’en aimer un.

« Ainsi voulait l’ancienne coutume devenue loi : lecture du testament royal fut faite devant les Hautes et Basses Chambres du Haut-Royaume, réunies en cette particulière occasion dans la Grande Bibliothèque du Palais, en présence de la reine veuve et des princes et fils d’Erklant le Second. Il devait être dit que ce jour, où le sang coula, serait le premier de la Guerre des Trois Princes. »
Chroniques (Livre de la Guerre des Trois Princes)

(Page 173)

Le roi esquissa un sourire cruel.
— Mère, n’ayez crainte. Puisque Lorn et ses Gardes Noirs peuvent m’être utiles, je commettrais une erreur en ne les employant pas. Mais je n’oublie rien. Je sais que je devrai me débarrasser d’eux bientôt, avant qu’ils ne deviennent trop populaires et trop puissants.
— Vous parlez des Gardes d’Onyx.
— Des Gardes d’Onyx, oui. Et de leur capitaine. Je n’attends que la bonne occasion.

(Page 369)