Car Salvi croit aux pouvoirs des morts, il pense que ce sont des invisibles et non des absents, que même après leur départ ils continuent de jouer un rôle.
Un père, ça ne se séduit pas, ça ne se courtise pas, ça n'a rien à voir avec le sexe, l'amour paternel ça se reçoit, gratuitement. Ou ça n'existe pas.
J'ai 77 ans et je regarde mon fils mourir, Il n'a jamais rien su de moi ,et moi je ne sais rien de lui
l'enfant que j'étais a été le maitre de ma vie Toute ma vie s'est construite autour de cet enfant, de ses doutes, ses mémoires, ses manques
Valente parle. Des secondes, des minutes entières, il parle comme il n'a jamais parlé de sa vie. Il parle à son fils
Elle m'a fait l'amour une dernière fois, se moquant de nos rides, de nos poils blancs et de nos peaux flasques.
Elle est restée nue un moment sous le soleil de mai, puis elle s'est rhabillée et s'est mise à marcher.
Je l'ai regardée partir…… et je me suis jeté dans la mer, dépouillé.
J'aurais dû mais je ne l'ai pas fait, comme tant d'autres choses encore. "J'aurais dû", ma nouvelle rengaine pour pallier les déchirures de l'existence.
J'aurais dû car le reste du temps, il était si loin, si_ aigre, si sauvage.
Ses mots comme des balles m'ont transpercé de toutes parts, il n'a rien lâché, m'a fusillé, puni, terrassé.
Il était nu et bancal, aussi chétif que d'habitude, et il m'a achevé, un vrai molosse.
J'étais un ours de paille piétiné.
Ses attaques étaient fondées, sa colère légitime, et ma souffrance d'autant plus grande.
Je n'avais que ce que je méritais.
Je suis Rafa Orozco et je suis égoïste.
J'ai soixante dix sept ans et je regarde mon fils mourir.
Il n'a jamais rien su de moi, et moi je ne sais rien de lui.
Il sent le dos de son père tout près du sien, perçoit le rythme de son souffle, ils se moque bien de sa ligne qui plonge dans la mer noire, il n'a que faire des thons sous la surface.
Ce qui le tient, Valente, c'est cet homme à côté de lui, ce père qu'il déteste faut de pouvoir l'aimer.
Ce père qui le fascine et l'obsède.
Ce père qu'il ne comprend pas ...
recroquevillé derrière le rideau, je l'observais mettre et remettre le diamant sur le sillon. Il l'écoutait en boucle et se déhanchait, les yeux clos.
J'étais à la fois effrayé et fasciné, je découvrais là un homme que je ne connaissais pas.