Il observa quelques secondes la tresse d’ail qui pendait le long du pilier, quelques gousses manquaient, il remarqua le cheval cramoisi caché derrière le saule qui ne pleurait pas, il renifla l’odeur de tabac qui s’échappait des aérations, il caressa la chatte zébrée qui passait par là et puis il stoppa. Net. Le nez contre le bois humide et boursouflé de la porte. Le vent redoubla. La cloche sonna. Le vent s’arrêta. Le couloir se remplit de pas. Et la porte s’ouvrit sur le petit garçon rayé jaune et vert.
Malmenées par la tempête, les herbes s’appliquaient à rester dignes afin de saluer celui qui devant elles, aussi minuscule soit-il, bravait les enfers.
Sur la route grignotée par les poules, l’enfant se laissait chahuter par le vent. Les rafales le balançaient de droite à gauche, de haut en bas, sans se soucier de ses jambes maladroites. Pataugeant dans la boue, le petit homme et ses bottes de géant fixaient leurs empreintes dans le sol mouvant. Il avait six ans mais ses chaussures étaient immenses. Des bottes de sept lieues pour aller de l’autre côté du monde.