Un jour
Il y aura autre chose que le jour
Une chose plus franche, que l'on appellera le Jodel
Une encore, translucide comme l'arcanson
Que l'on s'enchâssera dans l'oeil d'un geste élégant
Il y aura l'auraille, plus cruel
Le volutin,plus dégagé
Le comble, moins sempiternel
Le baouf, toujours enneigé
Il y aura le chalamondre
L'Ivrunini, le baroïque
Et tout un planté d'analognes
Les heures seront différentes
Pas pareilles, sans résultat
Inutile de fixer maintenant
Le détail précis de tout ça
Une certitude subsiste : un jour
Il y aura autre chose que le jour.
(Boris Vian)
Korian était posé sur une courge spaghetti à côté d'elle et il écrabouillait des tomates avec ses doigts boudinés.
Il n'avait pas de cheveux et cela intriguait Englo.
Un bébé chauve, c'était laid et inquiétant.
Comme un vieillard édenté ou une poule déplumée.
C'était sa famille - sa mère ne l'aurait pas envoyé là sinon - il le sentait, mais sa famille était déglinguée.
Comme une carriole avec quelques boulons manquants qui roule, vacille et se récupère.
Jusqu'à ce qu'elle s'écroule.
Toute la famille avait cette nécessité. Trouver chaque jour une raison, une excuse, une main, pour faire un pas de plus. (p.161)
Le conditionnel était fait pour lui. C'était maintenant une certitude. Il ferait maintenant corps avec lui et ignorerait les appels du présent et de l'impératif. (p.144)
- Il t'a plu ce rêve ?
- Quel rêve ?
- Eh ben, celui de cette nuit ?
- Mais non, j'ai pas dormi. C'était pas un rêve.
- ça, c'est ce que tu crois. Tu comprendras le jour où tu te réveillera. (p.97)
Englo n'était pas une pierre mais un petit caillou. Il était rond et poli. Écrasé par les blocs de pierre qui habitaient cette maison. Mais, tout comme eux, il avait droit à sa place. (p.62)
Englo prit également conscience que cette adoption temporaire allait être à l'image de ce jour dément qui l'avait jeté devant la porte de ces gens. Dur, froid, humide, sournois, douloureux. Il n'y arriverait pas tout seul. (p.51)