Passionnant !
Un petit essai qui aborde un axe rarement développé dans la littérature féministe : au-delà des valeurs morales et des principes d'égalité, qui a déjà réfléchi à l'argent dépensé par l'Etat pour gérer la violence des hommes ?
Spoiler : 95.2 milliards d'euros par an, qui pourraient être dépensés autrement. "Le gain potentiel permettrait de transformer la société de façon inédite et de sortir des politiques de "redressement" qui consistent à augmenter les impôts et diminuer les dépenses de l'Etat." (page 150)
"un exemple parmi d'autres : les parents multiplient les mises en garde auprès des filles au sujet des risques qu'elles encourent lors de sorties* mais ne s'interrogent pas outre mesure sur le conduite de leurs fils lors de ces mêmes sorties. La violence masculine précoce, loin d'être enrayée, se voit au contraire encouragée, comme une partie prenante et immuable de l'ordre des choses. Ainsi, les garçons sont plus libres de circuler dès la préadolescence et occupent l'espace public en ayant reçu peu de consignes quant à leurs comportements."
*Lieber M "genre violence et espaces publics, la vulnérabilité des femmes en question", in Violences et ordre social sexué, Presses de Science-Po, Paris 2008.
"Il peuvent se mettre volontairement en danger, pensant qu'ils sont invulnérables. Des études ont en effet montré que plus les hommes sont attachés à une vision rigide de leur masculinité, moins ils ont recours à des soins de santé préventifs. Pour l'historien
Ivan Jablonka, "la surmortalité masculine révèle une souffrance qui est la somme des injonctions incorporées par les hommes depuis l'enfance : exhibition virile, culture de l'excès, surinvestissement dans le travail, refus de la plainte, choix de la taciturnité, inaptitude à exprimer ses émotions"*. La virilité profite aux hommes en assurant leur domination, mais les détruit dans un même mouvement."
*Jablonka,
des hommes justes, du patriarcat aux nouvelles masculinités, Seuil, Paris 2019.
"Dans nos sociétés développées, les garçons meurent davantage de blessures non intentionnelles que les filles. Au sein des Pays de l'OCDE, ceux de moins de 14 ans ont 70% de risques de plus que les filles de mourir dans un accident.* de façon générales, ils ont des accidents plus fréquents et plus graves. L'exposition au risque n'est pas la principale explication, puisque des études** ont démontré que lors d'une même activité, les hommes prennent davantage de risques que les femmes. Il estiment, quel que soit leur âge, qu'ils sont moins vulnérables et qu'ils maîtrisent la sitation."
*Unicef, A league tablr of child deaths by injury in rich nations, 2001, Innocenti report card n°2, Unicef Innocenti Research Centre, Florence.
**Byrnes JP Miller DC, Schafe WD, "Gender differences in risk taking : a meta analysis. Psychological bulletin, Vol 125 (3) 1999.