Reçue dans le cadre de la Masse Critique de décembre, je dois avouer que cette BD m'a beaucoup intrigué avant de me laisser dans l'expectative. Il va m'être difficile de pouvoir en faire un compte-rendu objectif car je ne suis pas sûr d'avoir perçu toutes les intentions de son auteur.
L'histoire tout d'abord ressemble à un songe, un rêve voire un cauchemar où le personnage central, le "Revenant" semble hors du temps ou, du moins, essaye de retrouver sa place dans une vie et un monde qu'il a quitté il y a de nombreuses années. Qui est ce revenant ? Là est toute la question finalement de l'oeuvre. Physiquement, on ne peut pas ne pas y voir un rapprochement évident avec Don Quichotte. Sauf qu'ici, on se demande bien quelles contrées il a pu parcourir. Au premier abord, ce serait les croisades mais l'époque semble rendre cette hypothèse impossible. Et le prénom de Roland porté par le héros fait référence à un moyen-âge fantasmé... Tout finalement semble fait pour laisser notre héros et, par conséquent, le lecteur dans un flou total afin de créer une sorte de nouveau mythe moderne : celui du "revenant". La BD devient ainsi légende, parsemée de références artistiques.
C'est, en effet, cela qui également fait le charme de cet ouvrage. Derrière le noir et blanc semblent se dissimuler différents hommages à des oeuvres célèbres. Je pense être passé à côté de pas mal d'entre elles mais j'ai pu en repérer quelques-unes : "La Naissance de Vénus" de Botticelli, "Le Désespéré" de Courbet, "La Forge de Vulcain" de Gherardini ou les scènes des baigneuses, thème récurrent en peinture. On trouve également dans certains personnages des réminiscences du monde Célinien avec Bardamu plongé dans une époque difficilement identifiable voire presque absurde parfois. Enfin, l'influence d'oeuvres plus modernes comme "Le Seigneur des Anneaux" (l'un des gardiens a une tête qui ne peut que faire penser à un orque) ou "Game of Thrones" avec le fils du revenant, qui, hissé sur son trône, est prêt à tout pour conserver son pouvoir sur la région. En somme, "
Le Revenant" apparaît comme une sorte de patchwork artistique et littéraire qui ne livre pas ses secrets aussi facilement.
Esthétiquement, je n'ai pas toujours été sensible au dessin mais je dois reconnaître que certaines pages sont absolument magnifiques comme les représentations de la Mort qui hante et semble accompagner constamment le héros ou celles de ses pensées mettant en avant ainsi le terrible passé du personnage.
En sommes, voilà une bande-dessinée à aborder en faisant fi de tout a priori. C'est une sorte d'OVNI mais qui envoûte et fascine par certains aspects.
Lien :
https://mespetitsplaisirsamo..