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Critique de Cigale17


Jodi Picoult a choisi de mettre en exergue une citation de James Matthew Barrie : « La mort va être une aventure grandiose. » Cette phrase est particulièrement bien choisie en l'occurrence. La mort est en effet omniprésente dans ce roman. le livre des deux chemins commence très fort ! Dans le prologue, la narratrice, Dawn Edelstein, se trouve dans un avion et réfléchit à son métier. le lecteur apprend que Dawn « gagne sa croûte sur le dos de la mort », mais la nature exacte de sa profession reste assez floue. Soudain, une hôtesse annonce que l'avion doit se poser en urgence. Devant le danger imminent, les passagers réagissent différemment : panique, prière, etc. Dawn réalise alors que la personne à laquelle elle pense dans cette situation dramatique n'est pas son mari, Brian Edelstein, professeur de physique quantique, ni Meret, leur fille adolescente, mais Wyatt Armstrong. Elle a vécu une folle histoire d'amour avec ce brillant collègue égyptologue il y a 15 ans, alors qu'elle était encore Dawn McDowell et qu'elle préparait son doctorat tout en travaillant sur un chantier de fouilles en Egypte quelques mois par an. L'avion s'écrase. Dawn fait partie des 36 rescapés. Après l'hôpital, après les formalités, Dawn demande à la compagnie un billet d'avion. Quel chemin va-t-elle prendre ? Qui va-t-elle rejoindre ? Brian ou Wyatt ? Nous sommes page 14.
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Dans un récit non linéaire, on suivra les deux chemins possibles pour Dawn : celui de Brian (Eau/Boston) et celui de Wyatt (Terre /Egypte). le titre du roman fait allusion à une représentation picturale et hiéroglyphique que l'on trouve dans de nombreux sarcophages. Elle donne à voir une carte de l'au-delà illustrant les deux chemins que le mort peut prendre pour s'y rendre : la terre ou l'eau, le défunt a le choix. Outre la mort, c'est d'ailleurs un des thèmes majeurs de ce roman : les choix et les circonstances des choix que la vie vous amène à faire. La pression des événements peut vous entraîner sur un autre chemin que celui que vous croyiez tout tracé pour vous. À l'âge des bilans, comment réagir si vous avez l'impression que votre vie n'est finalement peut-être pas vraiment la vôtre ? le métier qu'exerce Dawn se révèle éprouvant, mais passionnant : elle se présente comme une « doula » de la mort, alors que ce terme est habituellement réservé aux sages-femmes. Dawn joue sur terre, dans les derniers jours de ses clients, le même rôle que les animaux ou les dieux psychopompes de l'Egypte ancienne ou de nombreuses autres mythologies : ils accompagnent les morts dans l'au-delà. Pour sa part, elle aide les vivants à mourir plus sereinement.
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Je ne peux pas m'empêcher d'être un peu déçue par ce bon roman… J'avais beaucoup aimé La Tristesse des éléphants et Mille petits riens. Dans celui-ci, j'ai trouvé que le côté romance était un peu trop appuyé. Dans mes notes, j'ai écrit : première rencontre Dawn/Wyatt assez cucul, clichés… Ajoutons à cela que, même si l'autrice est aussi passionnée par ses sujets que dans ses précédents livres, certains passages sur la physique quantique et sur l'égyptologie font parfois l'effet de véritables exposés qui alourdissent l'intrigue et qui, pour moi, ont parasité en partie l'intérêt du roman. Cependant, ces deux sujets se révèlent par moment passionnants : Brian exposant ses vues sur les multivers coexistant avec celui où nous vivons, ou Wyatt expliquant à Dawn les bonds spectaculaires de leur travail grâce aux outils électroniques appliqués à l'égyptologie. Fidèle à son habitude, Jodi Picoult introduit ici ou là des anecdotes ou des données scientifiques surprenantes. Il y en aurait des dizaines à citer, mais j'ai retenu le pain qu'on plaçait sur la poitrine d'un défunt pour absorber ses péchés. « Une fois l'opération terminée, le mangeur de péchés du village était payé pour l'avaler, absorbant la culpabilité, la honte et les mensonges du disparu pour que son âme, enfin légère, puisse s'envoler au paradis » (p. 346) et le fait que les larmes n'ont pas la même composition chimique selon les raisons pour lesquelles on pleure ! (p. 363-364) Comme dans les deux autres romans de Jodi Picoult que je connais, le lecteur se trouve à un moment ou un autre déstabilisé. Dans le Livre des deux chemins, après le premier tiers, on commence à douter de la chronologie des événements tels qu'ils sont racontés. Vous imaginez bien que je ne vais pas vous en dire plus ! Si vous connaissez déjà Jodi Picoult, lisez ce roman : vous adorerez peut-être précisément ce qui m'a le moins plu. Mais si vous n'avez encore rien lu de cette autrice, commencez par un des deux que j'ai cités, vous ne devriez pas être déçu.
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