Qu'est-ce que cela me fait de savoir le nom d'un animal ou de nous engager pour La Défense d'un paysage dévasté par une marée noire ? Précisément, cela me fait.
La consolation est une tâche difficile. Forme de désespoir surmonté, elle pourrait bien être l'autre nom d'un optimisme qui a connu des larmes.
La conversion écologique appelle une trans- formation intérieure aux effets extérieurs.
II s'agit de renoncer à penser le soi comme une île, comme un être exalté pour le penser comme en relation.
Si dire je c'est dire nous, non par un coup de force sémantique mais dans la conscience de toutes ces interdépendances qui nous font être, alors le plus petit atome du social, ce n'est plus l'intérêt égoiste, mais bien la relation.
C'est ce que que l'on veut dire lorsque l'on dit
« au commencement était la relation».
Cela exige de révoquer tous les dualismes.
Ceux qui opposèrent l'âme au corps comme l'homme à l'animal, le spirituel au matériel comme la culture à la nature.
Il faut penser plutôt en entrelacs.
La désolation tient à la rupture de la continuité du monde : celui-ci ne nous répond plus. Soudain, après un grand feu de forêt, un tsunami, une catastrophe naturelle ou une pollution industrielle, se vit un sentiment de désarroi et de perte irréparable.
La marchandisation de l'attention s'appuie et suscite notre envie de savoir et d'être connu et reconnu. Telle est sa force.
La consolation tente le soin de la relation, là où tous les liens qui comptent ont été dévastés.
Y aurait-il une dimension transconfessionnelle de l'écospiritualité (ou écologie spirituelle) qui pourrait répondre à la dimension transnationale des enjeux écologiques ?
Et sans doute que le travail spirituel qu'appelle la transition écologique se tient là : se débarrasser de notre souci d'exercer une emprise sur la Terre pour être en prise avec elle, en tant que fils ou fille de la terre (adam, en hébreu)
L'écologie peut-elle se contenter de travailler superficiellement et de façon cosmétique sur les conséquences du désastre écologique en prenant l'allure gigantesque de mégamachines avec la croissance verte ? Ou doit-elle remettre en cause le modèle qui l'a cautionnée pour, en profondeur, et c'est une conversion, travailler sur ses causes ?
Nous pensions qu’être humain sur la Terre était une donnée native ; nous découvrons à nouveaux frais que c’est une tâche. Cette tâche, il nous appartient de la faire nôtre, individuellement et collectivement.