Le sensible n'est pas un problème à résoudre mais un mystère à faire exister.
Se rendre disponible, c'est partir à la recherche de sa consistance intérieure.
Il faut éteindre le bruit des moteurs pour entendre le souffle d'une brise légère.
Un almanach, non un planning, nous redit que pour nous le temps n'est pas un ensemble de cases à occuper dans une grille préformée, faites de petites cellules uniformes. Il est vécu et rythmé. Il nous rend à notre rythme profond, à notre vitalité, jusqu'à la gratitude du souffle, à l'égard de la brise légère qui nous embrasse et nous embrase.
- Je pose une décision forte : dire ce qui du monde me concerne ou non. Je décide que tout ce qui vient d'habitude me solliciter, me notifier ou m'informer ne m'intéresse pas - ou m'intéresse bien moins que ce qui vient me susciter en profondeur.
Avec les arts, nous nous rendons sensibles à nouveau à ce qui nous entoure. Ils nous introduisent à un espace où nous nous retrouvons en relation avec le monde
La consolation est conscience de faire vivre ce que le philosophe tchèque Jan Patocka nommait la « solidarité des ébranlés », où il s'agit de se projeter dans un mode de relation en partant de nos ébranlements intérieurs ou de nos troubles,
sans les masquer, ni les chérir de façon morbide, faisant de nos fractures des ouvertures. La consola-Tino invente ainsi des langages, des expressions, des
attitudes où se déchiffre une tentative d'être vivant et où se soutient la possibilité d'habiter la Terre.
Parler d'une relation spirituelle au vivant, c'est renouveler nos manières de vivre et dire ce que signifie pour nous être vivants sur la Terre parmi d'autres vivants.
Prier comme une montagne ce n'est pas délirer, mais prendre la mesure d'une démesure. Montagnes, eaux, vallées et l'au-delà de l'humain ne sont pas pour nous des décors, des toiles de fond ou des environs.
Ils sont ce qui et avec qui notre histoire prend place
dans une histoire plus vaste que nous, inscrivant nos
traces dans l'immensité de la terre et du ciel en amont
et en aval de nous. L'infini du ciel étoilé hors de nous
et l'infini du génomique en nous, ne sont pas que
vertiges. Ils sont des appels ouvrant à des dépasse-
ments: passer de la Terre, qu'étudie l'écologie, à
l'Univers, pour oser se demander: s'agirait-il là
d'une Création? S'écospiritualiser, c'est se tenir là
et le saluer: c'est vivre l'espace comme un « avoir lieu», chantant le là de notre être là : j'y suis, j'en suis, passager d’un passage qui m'excède. «
S'il y a une gymnastique du corps, il y a une gymnastique , un entraînement de l'attention.