AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de PGilly


Qu'il est difficile de rendre compte d'un livre plus vaste que moi. Cet essai inspiré et inspirant a touché une corde sensible enfouie sous l'économisme ambiant.
Le dessein proposé est grandiose, celui de redonner toute sa dimension spirituelle à nos relations aux vivants, d'habiter le monde au lieu de le manipuler.
Être humain sur terre, c'est avoir lieu, y consacrer une attention dédiée à recevoir, à se laisser accueillir plutôt qu'à prendre.
Laisser advenir, ne pas vouloir contrôler.
L'écospiritualité, mieux que la marchandisation de l'intime.
Nous malmenons nos relations avec la nature, les arbres qui nous ont élevés, l'eau qui nous désaltère. Nous vivons à fois la grandeur du vivant et la misère du désastre écologique.
Désolation et consolation. Tristesse et mobilisation.
Promouvoir la joie à la place de la peur.
Se rendre disponible à ce que nous ressentons, dire notre gratitude pour ce qui nous est donné, comme le pain, nourriture issue du fond des âges, fruit d'une sélection attentionnée de la meilleure semence, savoir transmis de génération en génération. Dire le bien du blé, - bénédicité ritualisé depuis des temps immémoriaux.
Jean-Philippe Pierron ose la prière, la méditation, comme un fleuve, comme une montagne, en harmonie avec une présence vivante, non plus réifiée. La pensée du professeur de l'environnement vole très haut, contraste avec le matérialisme d'une réalité faite d'urgence, d'écrans, de data et de perte de résonance avec le vivant. Il incite à renouveler nos relations ici-bas, en cessant d'exercer une emprise sur la Terre pour être en prise avec elle, en tant que fils ou filles de la Terre (adam en hébreu).
La démarche suggérée prône une écologie intégrale et sensible, au contraire d'une logique extractiviste et destructrice. Végétaux, animaux, humains, nous sommes différents, néanmoins unis dans une force vitale. Nous constituons un même terreau.
L'auteur s'inscrit dans la ligne de Vinciane Despret, Baptiste Morizot et autre Bruno Latour, les complétant d'une touche singulière, empreinte de sacré et d'audace spirituelle. Il débusque l'émerveillement au coin d'un vitrail de cathédrale, d'une stèle shinto ou de l'art d‘être en vacances au coeur des temps usuels. « Vacance au singulier qui laisse en nous l'espace pour accueillir ce qui vient défier notre perception ordinaire des choses ».
En cela, le titre me mobilise, m'émeut et me pousse à changer mon regard sur le monde, condition nécessaire pour changer le monde, de manière douce et exigeante.
En résumé, il m'a été offert un livre porteur pour ma première contribution à l'accroissement de la masse critique. Merci à tous.
Commenter  J’apprécie          276



Ont apprécié cette critique (24)voir plus




{* *}