Un roman entre deux eaux.
Mazarine Pingeot n'a pas la force, le souffle qu'elle avait exprimés dans
Théa. Son écriture demeure élégante, son intelligence est toujours aussi prégnante. Elle est femme de gauche, cela se sent et cela fait du bien. Mais le lecteur comprend dès les premières pages ce qui ne sera dévoilé que tout à la fin. Un livre sur le terrorisme qui pourtant en parle bien peu. Finalement, on n'en apprend pas beaucoup sur les autonomes à la sauce Tarnac qui sont le prétexte à la narration. On n'en sait pas tellement plus sur le terrorisme des années septante et sur la filiation ou non entre ces deux époques. Madga, personnage central du roman, est bien campée dans sa vie, dans le retrait social qu'elle choisit, dans cette envie de retour à la terre et à la simplicité. Personnage familial central, elle a bâti sa vie plus sur le silence sur le passé que sur le mensonge. Et pourtant, c'est de ce mensonge qu'elle devra rendre compte finalement à son mari, à ses enfants, à sa petite-fille, lesquels la rejetteront. Et pourtant, nonobstant son mystère, elle a été une mère honorable au sens le plus plein du terme pour un parent : faire comme on peut, avec intégrité et bonne volonté, avec amour, avec maladresse, inévitablement. Marquer sans peser. Donner de soi. Tout cela
Magda l'a fait et cela a, un temps du moins, pesé si peu par rapport à ce qui était dissimulé, ce qui était son passé et ce qui finalement ne concernait, ni n'impliquait ceux qu'elle a, par la suite, aimés, élevés. Sans doute est-ce là le message le plus fort : nous sommes multiples et authentiques dans chacune de nos composantes successives. La dernière image est à contre-courant, belle, émouvante et intelligible. On ne peut être jugé sur un acte ou sur un moment mais sur une destinée complète. La fin devient haletante car on dispose, enfin, de la clef qui était attendue depuis le début mais il faut bien le reconnaître pour y arriver, il faut traverser des plages d'ennui.