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Citations sur Le conteur philosophe (15)

Plus les journées passaient, plus j'avais l'impression que les histoires de Sophios étaient comme autant de trésors, je regrettais celles que j'avais manquées et me mis à questionner mes camarades, afin de rattraper quelques leçons du temps passé. Chacun eut alors à cœur de me raconter une anecdote :

Le Molosse

Un molosse vivait dans un enclos au bout d'une lourde chaîne de fer. Son maître, le disant méchant et vicieux, déconseillait à quiconque de l'approcher. Il est vrai que ceux qui tendaient la pointe d'un bâton se le faisaient promptement déchiqueter. Ils partaient alors en se réjouissant de n'avoir pas approché leur propre main.

Le maître ne gardait donc ce chien que pour protéger sa maison et organiser de temps en temps des combats avec d'autres molosses, où la bête montrait toujours sa supériorité en haine et en méchanceté. Les enfants, pour leur part, ne passaient jamais à côté de l'enclos sans y jeter quelques pierres. Or un jour, Sophios vint à traverser le village. En voyant ce molosse qui ruait de rage au bout de sa chaîne, il en éprouva de la compassion. Et il passa la journée près de lui sans se soucier de ses aboiements furieux. Au crépuscule, le molosse finit par se calmer et il écouta la voix douce de Sophios. Celui-ci put l'approcher, plus près et plus près encore, jusqu'à finalement le caresser. Il termina sa nuit dans l'enclos, et au petit matin, les villageois eurent la surprise de trouver leur bête fauve en train de lécher le vieil homme. Tous mirent cela sur le compte d'un miracle, et le propriétaire n'hésita pas à offrir le chien à Sophios. Mais ce dernier refusa l'idée d'une guérison miraculeuse. Il savait simplement ce que tous auraient dû savoir: le regard que l'on porte sur son prochain suffit à le changer.

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L'un des meilleurs élèves de Sophios partit un jour courir le monde. Sophios l’y avait engagé, conscient que sa science ne pourrait remplacer ce qui s'apprend le long des routes.

Le savoir des ignorants

Au bout de quelques années, l'étudiant revint voir Sophios, intarissable sur ce qu'il avait appris:

- J'ai rencontré les plus grands maîtres, les plus grands savants. J'ai parcouru la Grèce à la recherche de ses philosophes. Je suis allé jusqu'à Alexandrie écouter les leçons de ses vénérables. Je crois bien avoir entendu toutes les leçons des hommes les plus éminents de notre petit monde. Sophios le regarda avec un sourire.

- Reprends la route. Il ne suffit pas d'apprendre auprès de ceux qui savent et enseignent. Si tu veux être un homme accompli, va apprendre auprès de ceux que tu crois ignorants. Ils ont tant à t'enseigner!
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Et Sophios enchaîna aussitôt à son intention :
L’inutile
Pour le seconder dans ses tâches de tous les jours, le consul s'était attaché les services d'un esclave un peu rustre qu'il avait acheté par pitié sur un marché. Cet homme n'avait pour ainsi dire pas de culture, au point que les autres secrétaires l'avaient surnommé l'Inutile.
Alors que le consul s'apprêtait à faire un voyage vers la lointaine Gaule pour de complexes transactions commerciales, il hésita à embarquer ce secrétaire, car sa présence ne lui serait vraiment pas indispensable. Il s'agissait de commerce, de chiffres, d'impôts, choses auxquelles l'Inutile n'entendait goutte. Mais lorsque celui-ci entendit parler de bateau, il insista pour que son maître le prenne avec lui ! Sans doute venait-il d'un lointain peuple de marins... Or il advint que le navire fit naufrage. Seuls le consul et ses esclaves réussirent à s'en sortir, échoués sur une île déserte. Désemparé, le petit groupe passa la première nuit à grelotter sur le sable, mais quand le consul se réveilla, il eut la surprise de voir que l'Inutile n'avait pas perdu son temps. Durant la nuit, il avait posé des collets, qu'il avait déjà relevés. Deux magnifiques lièvres rôtissaient à présent sur une broche de bois. Les quatre hommes passèrent sur l’île près d’une quinzaine de jours avant qu’un bateau ne vienne les secourir. Quinze jours durant lesquels l’Inutile dut enseigner à se compagnons, tout ce qu’il fallait savoir faire pour survivre lorsqu’on a rien.
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Les lunettes

Ce jeune homme trouvait le monde triste et injuste. Les dirigeants étaient corrompus, les amis décevants, les bonheurs trop fugaces, les chagrins trop lourds... Ce monde valait-il vraiment la peine d'être vécu?

- J'ai ce qu'il te faut! lui répondit Sophios en tirant un objet de sa poche. Prends cette paire de lunettes et tu verras que, si tu le veux bien, tout changera pour toi !

Le jeune homme repartit un peu perplexe. Mais dès le lendemain, il chaussa ses lunettes; or ce n'étaient que des lunettes normales, aux verres pareils à des vitres. Très en colère, il revint voir Sophios.

- Ce ne sont que de simples verres !

- Bien sûr répliqua Sophios, car c'est à toi de changer ton regard sur le monde. Tu peux aussi bien voir ton verre de vin à moitié plein qu'à moitié vide. Tu peux te plaindre de la pluie... ou t'en réjouir parce qu'elle fait pousser les plantes, te réjouir du soleil... ou t'en plaindre parce qu'il éblouit tes yeux. Le monde passe par ton regard. À toi de chausser les lunettes que tu souhaites ! Si tu veux voir tout en gris, libre à toi, mais ne viens pas ensuite te plaindre !
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Si les gens jasent, pensait-elle désormais, ce n'est pas toujours par mauvais esprit. Et que m'importent leurs ragots? Nul ne m'interdit pour autant de vivre comme bon me semble.
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