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Critique de Acerola13


Je gardais un assez bon souvenir de Zoyâ Pirzâd et des mélancoliques nouvelles de ses recueil Comme tous les après-midi et le Goût âpre des kakis, j'ai donc facilement cédé à l'appel de ce roman...Qui n'est pas aisé à lire, tant à cause des nombreux termes persans, étonnants au début, bien que l'on s'y habitue au fur et à mesure, qu'à cause de l'intrigue et à ses quelques très rares rebondissements.

Ce qui fait le suc de ce roman, c'est plutôt toutes ses scènes de ménage de femmes qui révèlent les caractères de chacune : Arezou, femme divorcée et manager hors pair, Shirine, belle et joyeuse mais abandonnée par son compagnon, Ayeh, la fille d'Arezou qui refuse de voir les sacrifices de sa mère, et bien sûr Mah-Monir, la grand-mère totalitaire persuadée d'être de noble rang. Autour de ces quatre protagonistes, des employés de l'agence immobilière d'Arezou, des domestiques qui sont devenus au fil du temps membres de la famille, des gens croisés au hasard d'un trajet en bus, et surtout le mystérieux Zardjou, qui vient perturber l'équilibre fragile existant.

Si l'intrigue peut donc paraître lente, que l'on s'impatiente et que l'on aimerait déclencher les évènements, On s'y fera ne nous esquisse pas moins la société iranienne, vue par le prisme féminin : endettement des maris pour leurs épouses qui ne pensent qu'au paraître, ou au contraire maris paresseux déchargeant sur leurs femmes (qui travaillent elle aussi) toute la gestion du quotidien et des enfants, familles détruites par les opinions politiques, la guerre Iran-Irak et la drogue, adolescentes rêveuses et friquées qui semblent avoir perdu tout lien avec les autres classes de leur société...Seul Zardjou fait figure de perfection, et l'on regretterait presque cette absence de défaut.

Arezou étant agent immobilier, Zoyâ Pirzâd se prête aussi la description des maisons, qui sont plus l'occasion d'évoquer des souvenirs, d'ouvrir et de fermer des portes entre le Téhéran moderne et le Téhéran ancien et traditionnel ; et à force de description des maisons, des jardins et des rues, l'on se croirait presque sur place tant l'auteur parvient à rendre l'ambiance de triste mélancolie apaisée.

La chute consacre la tyrannie des proches, et m'a fait penser, dans un registre moins dramatique cependant, au très beau roman le voile de Téhéran de Parinoush Saniee.
J'ai une fois de plus pris un grand plaisir à la lecture de ces auteurs iraniennes !
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