AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de brigittelascombe


"Bienvenue oncle Arturo!"
Arturo Pereda Diaz, né au Pérou, naturalisé allemand, deux fois marié, divorcé une, mais dont le couple bat de l'aile, revient au pays, en tant que "journaliste-photographe" après quinze ans d'absence.
Alors qu'il est mandaté pour un simple reportage professionnel par un magazine allemand, le passé de ce Pérou qui est en lui "une plaie ouverte",lui saute au yeux comme un "vautour". Entre deux bières nauséeuses révélatrices d'ulcère, il revoit ses anciens amis, celui du temps où on le nommait le Chasseur, celui de son amour passionné avec Sarah à "la pudeur audacieuse" qui regardait le "monde avec une ingénuité scrutatrice",celui des saouleries d'étudiants engagés considérant "la planète comme un village "patrie et jardin de tous les hommes", où "armés de la poésie", ces guévaristes avaient participé à la révolution de 1965, celui du traître qu'il était "chargé d'exécuter", celui de la débâcle qui s'en est suivie.
Comment ne pas penser à Ulysse d'Homère? Mais Pereda est-il jamais parti?
Comment ne pas penser à Ulysse de Joyce? où Pereda, non pas Léopold Bloom, caricature d'Ulysse, tel Stephen Dadalus, serait l'intellectuel Télémaque, en quête de père,imbibé d'alcool,qui effectue un parcours initiatique avant de trouver sa propre réalité?
Comment ne pas penser à Mon traitre ou à Retour à Killybegs de Sorj Chalandon? puisque Pereda dans ce "voyage pochette-surprise" jouera l' "apprenti-espion" pour enquêter sur celui qui a vraiment trahi le groupe.
Le chasseur absent est un livre fort qui remue car il parle de morale:qu'est-on capable de faire ou de ne pas faire? Un traitre, est-il traitre pour avoir été faillible? Qu'est-ce qu'une ordure? Peut-on faire justice soi même?
Dans ce "voyage pochette-surprise"Le Chasseur absent, Pereda, qui a "arrêté depuis longtemps de jouer à la révolution", tuera-t-il ce père, ce grand frère devenu un "Caïn", celui dans lequel il bâtissait son idéal?
Alfredo Pita, journaliste à Lima dans les années 80,maitrise parfaitement son sujet sur ce Pérou qui avance dans le sang vers la modernité. Son roman, publié en plusieurs langues, a reçu le prix Las Dos Orillas. Sa langue est des plus poétiques (l'auteur s'est vu décerner de nombreux prix de poésies): ex: "la bouche de l'homme,glissa lentement comme une feuille tombée d'un vieil arbre".
Car Pereda, aime aussi, ce qui donne une autre dimension à ce roman de guerre.Il y a Sarah, l'invisible; Laura "la soeur-amante";Paula ex-reine de beauté qui va "droit au but"...et sa compagne en Allemagne. Suspense!!!
Il faut parler également de la dimension philosophique existentialiste de ce roman, salué dans le Monde par Aragon, car ainsi que le dit Alfredo Pita, à travers son héros:
"La mesure d'un homme,ce ne sont pas les gestes qu'il a accumulés tout au long de sa vie qui la donnent,mais peut-être le dernier,celui qu'il réussit à composer,si on lui en donne le temps,au moment où il affronte sa fin".
Cette notion d'accomplir une oeuvre de sa vie est particulièrement riche d'enseignements!
Ce livre, édité en 1999, que je recommande fortement, parle de la réalité du Pérou au XX° siècle. Qu'en est-il aujourd'hui?
Commenter  J’apprécie          130



Ont apprécié cette critique (11)voir plus




{* *}