Une nouvelle fois, j'ai été attiré par une couverture. Par ses couleurs mais aussi par le graphisme qui me rappelait celui de deux BD lues récemment. Il est vrai que le coup de crayon de
Nicolas Pitz est caractéristique et c'est lui que j'avais reconnu. "Après la Bobine d'Alfred" et "Sombres citrouilles", j'allais entrer dans le monde de "
Montana 1948", avec
Nicolas Pitz au dessin et au scénario adapté de
Larry Watson.
L'histoire est racontée par David, fils du shérif et petit fils du shérif historique de cette petite ville du Montana. le frère de son père, son oncle Franck est médecin et un héros de la seconde guerre mondiale à laquelle son père, Wesley, n'a pas pas pu participer car handicapé depuis l'âge de 16 ans et devant se déplacer avec une canne.
David a une nurse indienne, Marie, qui vit à la maison. La vie de David s'écoule tranquillement au rythme des saisons sans difficulté particulière. Mais un jour Marie est malade, elle souhaite voir un guérisseur indien et pas un médecin blanc même s'il s'agit de Franck, le frère du shérif. Mais l'état de la jeune indienne s'aggravant, Wes va faire appel à son frère, même si on ressent une certaine animosité entre eux. Franck semble un peu condescendant vis à vis de Wes.
Tout s'enclenche suite à la visite médicale, Marie va faire des révélations à Gail, la mère de David. Franck aurait eu des attitudes inconvenantes envers Marie et ce ne serait pas la première fois avec des jeunes filles indiennes. Wes va être face à un vrai cas de conscience entre le respect du droit et l'esprit de famille. Il faut replacer cette histoire dans le contexte de l'époque, de l'Amérique profonde de la fin des années 40. Nous sommes au Montana, un état blanc où les blancs occupent les postes à responsabilité et où les amérindiens exécutent des tâches inférieures parfois dans des conditions difficiles.
L'auteur nous montre le poids des traditions et surtout le poids du patriarcat en dévoilant le pouvoir du vieux shérif en retraite qui semble avoir encore la main mise sur beaucoup de personnes. Lui sait depuis le début mais a toujours voulu minimiser les actes de son fils, Franck. Que vaut la paroile de jeunes filles indiennes contre la parole du fils de ce lui qui fait respecter la loi dans la ville.
Nicolas Pitz nous propose toute la gamme des préjugés moraux de cette Amérique sortant de la période Farwest. Il nous décrit les états d'âme de Wes qui cherche à respecter son mandat et à faire respecter le droit, tout en préservant l'image de sa famille. Au milieu, il y a David qui entend beaucoup de choses et doit essayer de comprendre, ce qui n'est pas facile.
Nicolas Pitz nous montre comment des familles peuvent se déchirer mais sur un fond de noirceur de l'âme humaine, il montre aussi que des hommes et des femmes peuvent dépasser la puissance du cercle familial pour faire respecter des valeurs essentielles comme la défense du droit.
Le graphisme de
Nicolas Pitz est toujours aussi identifiable, en particulier pour les visages des personnages. Les paysages proposés sont magnifiques, très réalistes. J'apprécie toujours autant sa mise en couleurs.
À la lecture de cette BD, j'ai facilement mis des visages d'acteurs américains sur les personnages. J'aurai bien vu des acteurs comme Robert Mitchum, Richard Widmark ou
James Stewart et un Kurt Russell enfant dans le rôle de David.