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Critique de VincentDelareux



le talent de PoPésie et Maïté Robert – auteur et illustratrice de leur état – ne fait plus de mystère. Plébiscités sur les réseaux comme sur papier, ces acolytes se sont bien trouvés. le dernier fruit de leur fertile imagination ? À l'école des lettres (Dargaud) : une bande dessinée pétillante et maline, dont on espère qu'elle n'est que la première d'une série.
Poussons donc les grilles de ce charmant établissement qui a tout pour plaire. La directrice de l'école, Mme Bouchon, nous accueille. La pauvre femme n'est pas au bout de ses surprises, et pour cause : la classe XIX (pour « XIXe siècle ») va lui donner du fil à retordre.
Tenez, voici le premier élève de la promotion : Nom : Hugo. Prénom : Victor. Commentaire : « Excellent élève dans toutes les matières ». Plus prometteur qu'un certain Charles Baudelaire, dont la fiche d'information avertit d'emblée : Membre de l'ACAB (Association collégienne anti-Belgique), ou que la petite George Sand qui a crié « le mariage c'est de la merde ! » au CDI. Et c'est sans parler des vingt-cinq autres garnements qui compléteront, au fil des pages, cette promo littéraire… explosive !
Bonne surprise : L'école des Lettres accueille presque autant de filles que de garçons. Des filles que Mme Bouchon tente de sensibiliser à ses principes quelque peu conservateurs, et que ces demoiselles auront vite fait de déboulonner. À ce jeu, Renée Vivien, Louise Michel et Jane Dieulafoy ne seront pas les dernières !
Quid de ces deux compères, Verlaine et Rimbaud, qui passent leur temps en classe à griffonner des saletés sur des bouts de papier ? Leur dernière invention : un odieux poème intitulé L'Idole, et dont PoPésie nous propose une analyse décalée, comme il le fera également pour Une charogne, écrit par ce petit Baudelaire qui tend à broyer du noir à la récré.
Rassurez-vous, cependant : L'école des Lettres n'est pas (qu')un établissement pour rebelles en herbe. Et pour preuve : ces chères têtes blondes croient encore en de belles choses. Comme tous les enfants, ils écrivent au père Noël. Gustave Flaubert lui commande « rien, absolument rien », tandis qu'Émile Zola l'accuse (!!!) de « favoriser les enfants de bourgeois et de nantis ». Mlle Colet, quant à elle, voudrait « une révolution ». Pas que des rebelles, qu'on vous dit.
Nul doute qu'À l'école des lettres est un superbe moyen de réviser ses classiques en s'amusant (plus que pendant vos cours du lycée, en tout cas). L'humour et l'esprit de PoPésie sont un régal à savourer sans modération – contrairement à la confiture de beuh dont le petit Baudelaire se gave dans sa chambre d'internat. de belles pages de texte nous présentent plus en détail les auteurs et courants littéraires de ce XIXe siècle si riche, sans jamais faire l'impasse sur le ton léger propre à PoPésie. Ainsi apprendrons-nous, au détour d'une anecdote, que Léon Bloy a un jour traité Zola de « vieille truelle à merde » et que Jules Renard voyait en George Sand une « vache bretonne de la littérature ». Qui a dit que ces illustres personnages faisaient toujours dans la subtilité ? À l'école des lettres remet les points sur les i et les pendules à l'heure. Ne jamais trop idéaliser les grands noms !
Mention spéciale pour le fabuleux travail de Maïté Robert, dont les illustrations chaudes et rieuses nous réconfortent, au bout de nos froides soirées d'hiver. Que l'on se sent bien, dans cette bande dessinée ! Il n'est pas donné à tout le monde de réchauffer les âmes du bout de son crayon, mais PoPésie et Maïté l'ont fait, pour moi en tout cas – et bientôt pour vous.
Un cadeau de Noël idéal à ajouter à votre liste ou à offrir les yeux fermés !







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