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En commençant ce roman, je me suis dit que je l'avais déjà lu et l'impression s'est confirmée. J'avais profité de l'envoi gracieux de la RDA, Peter et moi par les éditions Librinova, un roman qui m'avait bien plu par ses thèmes autant que son rythme. Je constate qu'il a été retravaillé et n'est plus publié sous un pseudonyme masculin. 😉 à Petra ? Je renouvelle mes compliments pour ce roman qui fait revivre une époque : la RDA avant et après la réunification et un milieu : l'art, les galeristes, les artistes soumis aux journalistes avides d'informations croustillantes.
Une toile de fond historique intéressante et un suspense bien mené pour nous plonger dans l'aventure de ce couple d'artistes soumis au secret.

Résumé :
  A l'approche de l'anniversaire de la chute du mur de Berlin, les critiques d'art et les journalistes s'affolent. Plusieurs d'entre eux projettent de publier soit une biographie originale soit un article sur un couple d'artistes très côté, le couple Wolf : Peter, artiste venu de RDA et Petra von Hellerman, professeur d'art, allemande de l'Ouest. le problème, c'est que Peter est "socialophobique", il n'a fait aucune apparition publique depuis 1988, semble-t-il. Un mystère plane autour de Peter Wolf, et le redouté directeur du Met à New-York l'a soulevé. Plusieurs personnes commencent à douter de la possibilité de le rencontrer pour une interview inédite, la presse s'en mêle aussi.
Muriel, la soeur de Peter, et Vera, deux amies fidèles de Petra, sont venues séjourner chez elle pour la soutenir. Soudain, une enquête est ouverte, Petra est appelée comme témoin au commissariat puis mise en examen. Il semble que Peter ait disparu mais depuis quand ? Pourquoi et comment ? Petra est mal à l'aise, elle va devoir jouer serré pour ne pas révéler leur secret, très lié à une période d'espionnage, fréquent entre la RDA et l'Allemagne de l'ouest, juste avant la chute du mur.
Dès le début du roman, j'ai été intriguée par le secret de Petra et le mystère qui plane autour de la disparition de Peter. Leur couple, symbole de la réunification des deux Allemagne, cache un mystère qu'il faut élucider. La toile de fond historique ajoute à l'intérêt du roman qui dépeint aussi très bien le monde de l'art, et celui de l'information plus guidée par le sensationnel que la recherche de la vérité...
Merci aux éditions Harper Collins qui m'ont fait profiter de cette lecture dans le cadre d'une sollicitation de Babelio.
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Petra et Peter Wolf sont des artistes allemands reconnus. Lui, de l'Est, elle de l'Ouest. Leur couple à la vie et dans l'art a permis à leur cote de grimper en flèche. A tel point que le Met, célèbre musée New Yorkais, a décidé d'organiser une rétrospective des deux artistes. Enfin des deux, Sven Sön, responsable du Met est certain que c'est Peter qui est la partie essentielle du duo. Petra n'est que la pièce rapportée sans talent, la femme périphérique, qui ne fait que bénéficier du talent de son époux. Dans le même temps, une biographie des deux artistes est sur le grill, mais de nombreux détails manquent à l'appel, la date de sortie de l'Est, leur rencontre, leur vie d'artistes. Beaucoup de zones d'ombres. Et ce qui est encore plus surprenant c'est que personne ne semble avoir vu Peter depuis longtemps. Des racontars annoncent l'avoir vu en diverses occasions, mais rien de corroboré ! Peter aurait-il disparu ? Depuis combien de temps ? Des mois ? Un an ? 30 ans ? le Met veut faire la lumière sur cette affaire et tout accuse Petra ! Les journalistes du monde entier vont aussi s'emparer de l'affaire afin de retrouver Peter et faire parler Petra et ses amies ! Pourrait-elle avoir fait disparaître son mari ? Pourquoi ? Parce que c'était lui le vrai talent et qu'elle était jalouse de n'être que la seconde main ? La vérité est toute autre et chacun va le découvrir à ses dépends. La Police enquête, les journalistes cherchent, le Met veut un retour sur investissement et Petra est désemparée. Mais plus important encore, pourquoi Peter a-t-il disparu ? Pour le découvrir il faudra se plonger dans ce très bon roman de Sophie Pointurier. Une enquête entre Paris, Berlin et New York à la recherche d'un artiste qui ne souhaite pas qu'on le retrouve. Une écriture soignée et des émotions bien retranscrites dans cette histoire qu'on peine à lâcher tant l'histoire est prenante. La vérité est toujours là où on ne s'y attend pas, c'est aussi vrai pour cette histoire dont le suspense nous mène jusqu'à la dernière page. Une réussite pour un premier roman.
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« Nur wenn ich träume, ich bin frei »

C'est sous un autre titre (La RDA, Peter et moi) et avec un pseudo masculin (Gary Kouderc) que j'avais déjà eu la chance de découvrir ce roman lors d'une collaboration avec Librinova. Ça avait déjà été un coup de coeur.

Lorsqu'on m'a proposé la femme périphérique, j'ai d'abord pensé à une suite et m'attendais à retrouver Petra et consoeurs pour une nouvelle aventure, dont je me réjouissais déjà. Bon je me suis très rapidement aperçue qu'il s'agissait en fait de la même histoire, légèrement retravaillée cette fois-ci par la maison d'édition Harper et Collins. Mais peu importe, j'avais tout de même envie de redécouvrir cette histoire avec le souvenir que j'en avais conservé de ma première lecture.

Après s'être échappés de façon romanesque à la fin des années 80, Peter et Petra, natifs chacun d'un des côtés de Berlin, se sont fait connaître avec leurs toiles peintes à quatre mains, dont le fameux 'Mauer', qui est à la base de leur notoriété.
Réputé pour sa phobie autant administrative que sociale, Peter attise malgré lui la curiosité de la sphère artistique, qui finit par s'inquiéter de son absence. Une enquête pour disparition est alors ouverte. Mais à quand remonte sa dernière apparition ?

Le roman s'articule autour de trois personnages féminins forts. On découvre d'abord Petra, interviewée par Philippe, qui semble cacher un lourd secret. Puis Candy, l'assistante de Philippe et accessoirement maîtresse de Matthew (lui-même assistant de l'agent des Wolf sur le sol américain), qui ambitionne publier un livre sur l'existentialisme artistique en RDA. Et enfin Hilary, journaliste américaine, qui se voit confier la délicate mission d'écrire un article sur les Wolf.

Un roman fascinant, mêlant subtilement peinture, féminisme et enquête sur fond de culture germanique. Sophie Pointurier en profite ici pour dénoncer la place de la femme et l'importance du paraître dans le monde très fermé de l'art.

C'est donc un coup de coeur à présent confirmé. J'ai adoré redécouvrir Peter et Petra, ainsi que Vera, Muriel, Hilary et Candy. Et les autres aussi… Je me suis régalée en juxtaposant mes premiers souvenirs à cette lecture. Les quelques expressions en allemand m'ont replongée avec nostalgie dans mes années lycée avec cette langue que j'adorais tant et que je n'ai plus pratiquée depuis.

Il ne me reste plus qu'à lui trouver une petite place privilégiée dans ma bibliothèque.

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Les raisons qui m'ont amenée à lire La Femme périphérique sont multiples. Déjà, le titre m'intriguait. Puis la première de couverture, avec cette illustration insolite d'un tableau déchiré où ne subsiste qu'un oeil effrayé ou menaçant selon l'intention que l'on y met. Surtout, il parlait de la RDA et de la place des femmes dans le monde de l'art. Ce premier roman était fait pour que je le lise.

J'annonce la couleur, j'ai adoré. Les premières pages furent pourtant laborieuses. La quantité d'individus impliqués et les brusques changements de cap de l'intrigue me faisaient perdre le fil. Au point que je fus tentée de noter les noms des protagonistes, leurs activités, alliances et antagonismes. Mais plus j'avançais, plus c'était compliqué. Alors, je décidai de me laisser emporter par le flux de la narration et l'humour dévastateur de Sophie Pointurier. Bien m'en pris.
Le résumé est simplissime : pour l'anniversaire des trente ans de la chute du Mur de Berlin, des rétrospectives culturelles se mettent en place et quoi de plus symbolique, de plus émouvant, de plus vendeur que la mise en scène d'un couple d'artistes contemporains issus de l'Est – Peter, le peintre génial - et de l'Ouest – Petra, sa muse besogneuse ? Problème, Peter est introuvable et Petra mutique. Alors le monde de l'art s'emballe. Qui cache qui, ou quoi ? Les éditeurs, les galeristes et leurs agents sont sur les dents, la police s'en mêle et s'emmêle, la meute journalistique aboie. Chacun y va de son hypothèse, tous s'acharnent sur Petra, bientôt soupçonnée de meurtre.
Dès ce moment, le flux devient maelstrom. Un bref instant, je pense tenir l'extrémité du fil d'Ariane. Mais la ficelle est trop grosse et tendue trop rapidement. Il reste encore beaucoup de pages à lire dans cette histoire de "l'homme qui a vu l'homme, qui a vu l'homme, qui a vu l'ours" pour que ce soit si simple. Je lâche prise et reprends le courant. Ne comptez pas sur moi pour vous en dire davantage !

J'ai aimé ce roman pour de multiples raisons. Déjà, il a réveillé mon Ostalgie chronique. J'ai vécu deux ans en RDA dans les années 80 et la Stasi est alors une réalité tangible. Un pays entier vit dans la défiance. Un pays mutique où circulent cependant des flux vitaux, impatients de se libérer. Libre arbitre, liberté d'expression, dans un monde où les arts sont voués à la propagande.
Ensuite, j'ai découvert avec intérêt le monde de l'art contemporain. Fichtre ! Rapacité, vanité, orgueil et préjugés, coups bas et j'en passe. La causticité de l'auteure fait merveille, servie par une série de dialogues plus vrais que nature. Pour autant, rien de caricatural, chaque personnage est présenté dans toute sa complexité humaine, émouvante.
Si plusieurs axes de lecture sont possibles, le fil rouge du roman reste la place des artistes féminines dans le monde de l'art. Oui ou non, une artiste femelle peut-elle avoir la puissance créatrice d'un artiste mâle ? Quelle place peut-elle, doit-elle occuper ? C'est presque un marronnier. Depuis des siècles, se pose cette question existentielle.

Je souhaite plein succès à La Femme périphérique, qui eut une première vie sous un autre nom (je l'ai appris grâce à Babelio) renaissance qui témoigne de la pugnacité de Sophie Pointurier.

Et j'adresse un grand merci à Babelio-Masse critique et aux Editions Harper Collins pour cette belle découverte.
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En Allemagne, Peter Wolf, peintre de renom, est bien difficile à rencontrer. Atteint d'une phobie sociale, il est le grand absent de tout événement artistique. Lorsqu'un journaliste décide de rédiger la biographie de son couple, il n'a d'autre choix que de travailler uniquement avec sa femme, Petra Wolf. Cette dernière semble s'évertuer à garder à distance son mari. Très vite tout le monde s'interroge sur la disparition du peintre et des soupçons pèsent sur sa femme...

C'est le deuxième premier roman que je lis dans cette collection et je n'ai pas été déçue. Je me suis laissée embarquée avec plaisir dans cette enquête originale dans le milieu de l'art. Nous sommes face à couple bien mystérieux...Si Peter suscite fantasme et admiration, Petra est la femme qui dérange, le frein à l'épanouissement de son mari. Tout au long de ce roman, l'autrice nous invite à nous interroger sur la place de la femme dans le milieu artistique. Petra doit faire face à un véritable acharnement médiatique et encaisse les remarques sexistes. La disparition du peintre va mener les journalistes à se livrer à véritable course à l'information. On découvre les dessous d'un milieu marqué par le pouvoir et l'argent. Pour comprendre toute la complexité de ce couple, ils devront également remonter le temps et se plonger dans les secrets de la guerre froide. A l'image du contexte historique, Petra est un personnage assez froid gardant une certaine distance avec son entourage. Puis peu à peu, le voile tombe et, grâce à l'aide de ses deux amies de toujours, elle nous livre son histoire. L'enquête est haletante, on ne s'ennuie pas un seul instant, le contexte historique et les réflexions féministes sont passionnantes. de Berlin à New-York, La femme périphérique vous emmènera dans dans une course poursuite très bien documentée.
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C'est une lecture qui m'a paru intéressante par sa teneur, car ce livre parle d'art moderne, d'artistes, de l'utilisation qui se fait de cet art, du trafic qui en découle et de la RDA, surveillée à tous les niveaux par sa police sécrète, la Stasi. Aussi, le style est enlevé, assez « branché » en néologismes et distillant de l'humour. J'aime.

C'est l'histoire d'une mystification qui va s'ourdir via la signature de deux artistes reconnus allemands : Peter de l'Est et sa compagne Petra de l'Ouest qui sont peut-être mariés. On apprendra en lisant, le traitement qui était réservé aux artistes derrière le mur de Berlin; ce mur scindait une Europe occidentale opulente d'une Europe de l'Est totalement dénuée de confort matériel et où l'État surveillait tout le monde, décidait pour tous et préemptait les oeuvres des artistes.

Peter et Petra Wolf ont cosigné quelques tableaux qui ont eu la côte et qui les ont fait connaître; alors le MOMA de New York organise une rétrospective des artistes et souhaite la présence de Peter. A noter au passage que la présence de Petra ne les intéresse pas, elle n'existe pas : c'est la femme périphérique du titre, cette femme de l'ombre.

Il y a dans le texte quelques réflexions intéressantes sur la femme et sa place dans l'art: la femme peu ou pas reconnue en tant que créatrice. Par exemple, il est bien difficile de citer rapidement le nom de dix femmes peintres…

Le MOMA réclame Peter Wolf, mais celui-ci a disparu depuis que sa femme l'a fait passer à l'ouest. Et le directeur du MOMA va déployer les grands moyens, avec des paquets de dollars pour le retrouver, mais surtout pour impliquer Petra dans cette disparition.

Du côté du libéralisme, les américains du Nord mènent la danse en sortant les dollars pour s'approprier certaines oeuvres prometteuses. Ainsi, la romancière mêle dans l'histoire un directeur du MOMA de New York prêt à tout pour spéculer sur l'art. Les moyens financiers dont il dispose sont énormes.

Les artistes du roman son Petra et Peter Wolf, classés existentialistes de l'art en RDA. Ils ont réussi à percer dans la grisaille régnante derrière le mur. On s'arrache leurs tableaux. Et on s'étonne que Peter ne soit pas visible depuis un moment…C'est le départ de l'énigme du roman, assez bien menée jusqu'à l'éclaircissement final et beaucoup de rebondissements.

Autour des deux artistes, il y a beaucoup de personnages secondaires : la soeur de Peter, leur représentant à l'Est, des journalistes, des secrétaires, la meute d'avocats, les policiers. J'avoue que par moments je ne savais plus qui était qui.

En tout cas, ce fut une lecture intéressante : elle nous apprend le coté spéculatif du marché de l'art qui peut être parfois, le montage d'un marketing habile de quelques signatures et dans le lot, bien sûr, quelques vrais talents… Et de constater au passage la guerre effrénée de certains participants…une mafia.

Page 211 on peut lire et déguster ce texte…Un tableau reste un tableau, non? Oui, mais la façon dont on le regarde n'est pas la même. C'est une double peine en quelque sorte : qui l'a fait et donc comment on le perçoit . le réflexe que vous avez pour apprécier une oeuvre est très différent si vous connaissez le genre de l'artiste. Et tout cela est inconscient…

Merci à Babelio et aux Editions Harper Collins pour cette lecture.


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Alerte coup de coeur ! Et le premier de l'année !

Si on m'avait dit un jour que je me prendrai de passion pour une intrigue liée aux courants artistiques en ex-RDA, je pense que je n'aurais pas misé un kopeck là-dessus. Enfin, plutôt un mark est-allemand vu le contexte. Et pourtant, avec La Femme périphérique, Sophie Pointurier a réussi avec grand talent à m'embarquer non seulement dans une période de l'histoire qui ne m'attire pas beaucoup – la scission de l'Allemagne par le mur de Berlin – mais également dans une thématique guère chère à mon coeur : le monde de l'art.

Le point de départ de cette intrigue qui m'a tenue en haleine jusqu'à la dernière page ? Un Français qui se met en tête d'éditer une biographie de Peter Wolf, artiste peintre dissident exfiltré de Berlin-Est à la fin des années 90 grâce à sa femme Petra, avec qui il forme un couple de plasticiens mondialement réputé. Problème : Peter a disparu. Suspecte n°1 : sa femme (oserais-je dire "bien sûr" ?). Entre New York, Paris et Berlin, le monde de l'art s'agite pendant que les hypothèses les plus folles surgissent et mettent à mal la légende d'un couple iconique.

Si vous êtes en quête d'un livre au suspense insoutenable ou si vous avez tout simplement envie de renouer avec le plaisir de la lecture, foncez lire La Femme périphérique ! Ce premier roman est mordant, jouissif, intelligent, remarquablement bien écrit et documenté. Sophie Pointurier déjoue les pièges des clichés et des facilités narratives tout en nous plongeant habilement dans les méandres de l'histoire allemande. Grâce à une galerie de personnages mystérieux, déterminés et passionnés, elle propose avec malice et finesse une réflexion sur la place des femmes dans l'art. Un page-turner à ne pas manquer ! (et pour le régal des oreilles : à lire en écoutant la bande originale du film Goodbye Lenin !)
Lien : https://www.chezlaurette.org..
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Tout d'abord, merci à Babelio et aux éditions Harper Collins pour cette plongée ostalgique.
Trente ans après la chute du mur de Berlin, le monde de l'art s'apprête à commémorer l'événement. Et qui mieux que l'immense peintre Peter Wolf pour incarner cet épisode qui préfigure la réunification allemande et l'explosion du bloc communiste !
Il est en effet passé, quelques mois avant la destruction du « Schandmauer », de la RDA à la RFA avec l'aide de son épouse Petra, une Allemande de l'Ouest elle aussi artiste qui peint à quatre mains avec son mari.
Bref, mettre en valeur ce symbole promet aux acteurs économiques concernés un bon retour sur investissement.
Alors qu'un éditeur français travaille sur une biographie du bonhomme, le MET, dirigé par un personnage odieux et cynique, s'attelle à la préparation d'une rétrospective des oeuvres de celui-ci.
Mais le transfuge est introuvable ! Même si certains assurent l'avoir vu récemment. Illusion ou mensonge ?
Sa femme est le seul lien entre l'ex-Ossi et les quémandeurs d'interviews du disparu réputé pour son asociabilité. Sauf que la dame n'est du genre commode. Diva, chieuse, emmerdeuse, frigide, castratrice... sont les épithètes les plus usités pour la qualifier. Personne n'est prêt à lui reconnaître des talents artistiques. Et pourtant !
Si la disparition de Peter, qui mobilise toutes les énergies policières et journalistiques, est le fil rouge du récit, le roman vaut surtout pour sa description de l'artosphère, un ramassis de requins plus intéressés par leurs comptes en banque que par la création.
La primo-romancière Sophie Pointurier s'interroge, par le biais de la fiction, sur le rôle de l'artiste dans une dictature qui impose ses canons esthétiques et annihile toute liberté d'expression et les concessions nécessaires à la poursuite de ses activités que l'artiste détourne parfois avec ruse pour échapper à la censure. A moins que le régime politique sous lequel vous vivez parvienne à lire dans vos pensées (comme dans « 1984 »), vous conservez toujours une once de libre arbitre.
Mais c'est la peinture de la femme artiste incarnée par Petra qui m'a vraiment séduite. Sans verser dans la dénonciation si actuelle du patriarcat systémique, l'autrice s'amuse à imaginer un dialogue entre le patron du MET et des critiques d'art portant leurs avis « éclairés » sur l'oeuvre de Peter qualifiée de virile, de puissante, d'animale, de politiquement violente minorant de facto l'art féminin tout en douceur et intériorité. L'art a-t-il un sexe, telle est la question sous-jacente à ce roman. Quoi qu'il en soit, la réalité est que la cote des oeuvres réalisées par les femmes est toujours inférieure à celle des hommes !
Cerise sur le gâteau : le tableau, souvent drôle, de la RDA dont la disparition provoqua une forme de mal du pays qu'on appela l'ostalgie marquée, entre autres, par le regret du plastique et du formica si typiques de cette époque bénie ! Même si l'Allemagne de l'Est ne fut pas la seule à détenir le monopole du moche...

EXTRAIT
Le scandale attise bien plus la curiosité que le seul amour des arts plastiques.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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e sujet m'intéressait et je n'ai pas hésité à participer à cette édition de Masse Critique. Je ne suis pas déçue ! Tout ce qui tourne autour de la notoriété des oeuvres d'art m'interroge. Et c'est bien le sujet du roman. Soutenue par une enquête plus ou moins policière, l'écrivaine décrit avec un regard acéré les rapports entre les artiste, les galeristes, les directeurs de musée , les critiques … tous ceux qui construisent ou détruisent la réputation d'un artiste et qui lui créent une côte financière. C'est un monde de menteurs, d'affabulateurs, de personnalités cruelles avides d'argent de reconnaissance et de pouvoir.

Tout le roman est sous tendu par la recherche de qui est vraiment Peter Wolf , de lui on ne connaît que des tableaux qui font l'unanimité et qui sont défendus par sa femme Petra Wolf. Lui, Peter a disparu de la scène publique et ne répond plus à aucun journaliste. le directeur du Moma qui a prévu une rétrospective de l'oeuvre de Peter Wolf veut absolument que celui-ci soit présent au vernissage, il lance une enquête avec des moyens financiers énormes, il est, peu à peu, persuadé que Petra Wolf a fait disparaitre son mari et est devenu l'unique bénéficiaire de la valeur des oeuvres de son mari. D'un autre côté, un écrivain français cherche à faire la biographie du couple Wolf et enfin une journaliste américaine cherche à son tour à en savoir plus.

L'autre aspect de ce roman, c'est la différence des côtes financières entre une oeuvre signée par une femme ou par un homme . Enfin le dernier thème c'est la censure et la surveillance policière de la Stasi .

Tout cela fait un excellent roman, dont on devine assez vite une partie du dénouement, à savoir qui aurait dû signer ces tableaux que le monde entier admire. J'ai beaucoup aimé l'ambiance sans aucune concession du monde des critiques d'art. Cela va du travail des jeunes stagiaires qui n'ont comme salaire de recherches épuisantes utilisées par leur mentors que la joie de côtoyer des artistes célèbres, jusqu'aux réunions où les petites phrases assassines tuent les réputations les mieux établies . Et puis tous ces gens qui s'approprient les petites anecdotes qu'ils ont entendues ailleurs, sont criants de vérité (hélas !).

Et au-dessus de tout ce petit monde qui grouille pour se faire reconnaître, il y a l'art mais est-ce autre chose que la reconnaissance de tous ces gens là ? et donc de la côte financière que ces mêmes gens attribuent à la création. Ce roman ne cesse pas de nous ouvrir sur des questions intéressantes, par exemple est-ce que nous ne sommes pas tous influencés par la renommée pour apprécier une oeuvre ?

Ce n'est pas une vision très réjouissante à propos de l'art mais cela donne un très bon roman dont j'ai parfois eu du mal à apprécier l'écriture qui utilise des expressions un peu trop « branchées » pour moi.
Lien : https://luocine.fr/?p=14473
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