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Petra et Peter sont un couple d'artistes bien connus des plus grandes galeries d'art depuis la chute du Mur de Berlin. Aujourd'hui, une biographie de l'artiste se prépare. Des questions sont posées. On s'intéresse au passé, aux ex RDA et RFA, et surtout à la disparition de Peter. Car l'homme n'a plus été vu, ni entendu depuis plusieurs années. Les suspicions vont bon train. Les pièces d'art de cet homme, atteint de phobie sociale, ont toujours été gérées par Petra. C'est elle qui dirige tout, y compris sa carrière. Pourtant, aujourd'hui, cette absence pose problème. Et cette biographie contrarie fortement certains galéristes.

C'est l'histoire d'un mystère, d'une disparition dans le milieu de l'art entre Berlin et New-York.

Je remercie les éditions Harper Collins France pour cette lecture.

"La femme périphérique" est un roman qui m'a tout de suite intéressé lorsque j'ai lu le synopsis. En effet, Sophie Pointurier y aborde divers thèmes qui m'interpellent. Dans cette intrigue, il est question d'art, de la place de la femme dans ce milieu très fermé, mais aussi d'histoire car on parle d'art allemand, et de l'Allemagne divisée. Il est très rare de trouver des romans qui évoquent cette période. Vivant à la frontière allemande, mes enfants, ma famille et moi-même ayant des rapports importants avec l'Allemagne, je ne pouvais pas passer à côté de cette lecture.

Du côté de l'intrigue, on parle d'un couple dont la femme semble avoir pris toute la place. C'est l'histoire d'un homme, d'un effacement, d'une disparition. Une biographe s'immiscie dans cette vie pourtant si bien calibrée depuis de nombreuses années. Car Peter, grand artiste de renom, a une phobie sociale. Il ne se montre pas, ne s'expose jamais, ne donne pas d'interviews et ne rencontre ni journalistes, ni galéristes, ni photographes, personne. C'est Petra qui intervient lors de ces étapes. C'est elle qui gère la carrière de son mari. Sauf que l'idée de ce livre remet en cause tout le petit monde construit par le couple.

Maintenant on s'intéresse à cette absence.

Du côté des personnages, tout est presque exclusivement centré sur la personnalité de Petra. Qui est-elle ? D'où vient-elle ? Comment vit-elle ? Pourquoi son mari a disparu ? Est-elle intervenue de quelque manière que ce soit dans cette disparition ? Tout est passé au crible. On remonte dans le temps, jusqu'aux années 1980 lorsque le couple ne se connaissait pas encore. On parle du rideau de fer, symbole de la guerre froide. L'Europe, et surtout l'Allemagne et Berlin sont coupés en deux. On ne vivait pas de la même manière à l'Est qu'à l'Ouest. C'est passionnant de lire des morceaux de cette période à travers l'histoire de Petra et Peter.

Et puis, il y a le thème de l'art qui n'est pas en reste. le circuit d'une oeuvre, comment on la dévoile, on la met en valeur, on en fait un objet rare. On parle du milieu des galéristes et de leur pouvoir. On voyage entre l'Europe et les Etats-Unis. Et on découvre la dure réalité des femmes artistes. La question cruciale au sein de ce livre est de savoir quelle est la place des femmes dans les mondes de l'art. Voilà un sujet excellent que j'ai aimé lire.

"La femme périphérique" est une histoire absolument passionnante, intrigante à souhait. Un très bon premier roman.


Lien : http://labibliothequedemarjo..
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Ce roman se passe de nos jours mais a pour coeur de cible l'Allemagne de l'Est et son Art officiel d'avant la chute du mur.
Une rétrospective de cette peinture assez typique et du triomphe du "plastique" est envisagée des deux côtés de l'Atlantique (pas avec les mêmes moyens). En effet on parle d'un certain Peter Wolf, peintre de l'Est marié à Petra, ouest -allemande et peintre également. Ils forment un couple mythique, Peter étant l'astre et Petra la noirceur.
Peter a disparu, et c'est la course folle des journalistes, galeristes, directeurs des grands musées nationaux à la recherche de Peter. D'aucuns l'auront vu ou aperçu, leur pédanterie dont se moque l'auteur est bien vue et prête à sourire plus d'une fois. Quant à Petra , elle se cache en compagnie de deux amies avec ses secrets.
La question principale est quand même la place donnée aux femmes dans l'art ; on peut citer 10 peintres hommes pour 3-4 femmes, et encore!
La côte des peintres masculins augmentera forcément, attirant les spéculateurs, pas celle des femmes, curieux non?
C'est ce paradoxe que la romancière analyse, elle peut en démonter le système avec un suspense bien entretenu qui entraîne le lecteur à sa suite.Retrouvera ou retrouvera pas Peter? Quel secret est caché là dessous?
Premier roman lu avec grand plaisir , merci aux Edts Harper-Collins et à Babelio.
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Peter est un jeune artiste berlinois du mauvais côté du mur , peu de temps avant la chute du mur de Berlin , il passe à l'ouest .
Il forme avec Petra un couple d'artistes mythique , reconnu , adulé même et on envisage de mettre en place une grande rétrospective de leur oeuvre .
Mais il y a un problème de taille , Petra vit bien à Berlin et quand on dit bien , c'est dans le sens le plus littéral , elle mène une vie confortable dans un grand appartement, elle n'est pas très sympathique , c'est une femme froide , distante , qui répond du bout des lèvres quand on lui demande si on peut voir Peter .
Le mystère envers Peter s'épaissit , tout le monde artistique connaît sa phobie sociale mais il ne faut quand même pas dépasser les bornes . La glaciale , l'antipathique Petra va même être soupçonnée du pire .
Les experts , journalistes , avocats , galeristes les plus influents vont mener l'enquête , essayer de retrouver la trace de Peter les uns avant les autres , chacun voulant faire le buzz comme on dit .
Une autre vérité va se profiler , une vérité à laquelle personne n'avait pensé .
Un premier roman de l'auteur Sophie Voiturier sur la place de la femme dans l'art , roman qui se passe à Berlin à deux époques différentes , avant et après la chute du mur.
Le monde des galeries d'art et des experts gravitant autour est décrit de manière impitoyable.
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Un départ survolté. Drôle d'ambiance Petra, artiste peintre, Berlinoise des années 90, restitue à un biographe, sa vie en 2019.
C'est au départ du roman, un couple d'artistes mythique « Petra et Peter Wolf ». Avant la chute du mur chacun avait son territoire et vivait mal ces situations. Ils se retrouvent et vivent une vie d'artistes bohèmes comme « Bonnie and Clyde »
30 ans plus tard …
Le hic de cette histoire, c'est comme Banksy, on croit tout connaître de ses artistes et pourtant Peter Wolf a disparu depuis longtemps. Enquête, soupçon sur Petra. Politique, arnaque. de Berlin, à Paris en passant par New York. Mécène, argent, complot, procès…

Il s'en passe des choses dans le milieu de l'art, et cette femme périphérique ne cesse de nous faire tourner en rond.
Une écriture incisive, révoltée, féministe, Sophie Pointurier pointe du doigt le grand écart sur la reconnaissance artistique entre une femme et un homme. On ne s'ennuie pas une seconde, comme un film d'espionnage avec la Stasi ou cette Allemagne de l'Est a tant de chose à dénoncer. Et ce couple nous le prouve …

exergue du roman :
« Il n'aimait pas sortir, prendre l'air ou se promener. Il ne savait pas quoi faire de lui à l'extérieur.
Alors il restait à la maison. Moi, je peignais, et lui, il se plaignait. »
Merci les libraires indépendants de Kube pour cette découverte !
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En Allemagne, Peter Wolf, peintre de renom, est bien difficile à rencontrer. Atteint d'une phobie sociale, il est le grand absent de tout événement artistique. Lorsqu'un journaliste décide de rédiger la biographie de son couple, il n'a d'autre choix que de travailler uniquement avec sa femme, Petra Wolf. Cette dernière semble s'évertuer à garder à distance son mari. Très vite tout le monde s'interroge sur la disparition du peintre et des soupçons pèsent sur sa femme...

C'est le deuxième premier roman que je lis dans cette collection et je n'ai pas été déçue. Je me suis laissée embarquée avec plaisir dans cette enquête originale dans le milieu de l'art. Nous sommes face à couple bien mystérieux...Si Peter suscite fantasme et admiration, Petra est la femme qui dérange, le frein à l'épanouissement de son mari. Tout au long de ce roman, l'autrice nous invite à nous interroger sur la place de la femme dans le milieu artistique. Petra doit faire face à un véritable acharnement médiatique et encaisse les remarques sexistes. La disparition du peintre va mener les journalistes à se livrer à véritable course à l'information. On découvre les dessous d'un milieu marqué par le pouvoir et l'argent. Pour comprendre toute la complexité de ce couple, ils devront également remonter le temps et se plonger dans les secrets de la guerre froide. A l'image du contexte historique, Petra est un personnage assez froid gardant une certaine distance avec son entourage. Puis peu à peu, le voile tombe et, grâce à l'aide de ses deux amies de toujours, elle nous livre son histoire. L'enquête est haletante, on ne s'ennuie pas un seul instant, le contexte historique et les réflexions féministes sont passionnantes. de Berlin à New-York, La femme périphérique vous emmènera dans dans une course poursuite très bien documentée.
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Quand Babelio m'a sollicitée pour cette opération Masse critique privilégiée, la présentation de la Femme périphérique de Sophie Pointurier, premier roman publié dans la collection « Traversée » chez Harper Collins, m'a immédiatement intriguée… Je lis beaucoup ; parfois la mémoire peut jouer des tours mais, là, cela me rappelait vraiment quelque chose… Quelques jours ont passé, j'ai reçu le livre, relu la quatrième de couverture avec toujours un sentiment de déjà lu, puis posé le livre sur le dessus de mes PAL urgentes, délai de trente jours oblige.
Dès les premiers mots, la mémoire m'est entièrement revenu et j'ai reconnu La RDA, Peter et moi de Gari Kouderc que Librinova m'avait confié en juillet 2020 pour un Service de Presse ; un peu submergée par ce type de demandes, je n'avais lu ce roman qu'en avril-mai 2021… Quelques recherches m'ont rapidement rassurée : j'avais bien sous les yeux le même roman et, en filigrane, deux facettes de la personnalité de son auteur.
Je vais donc me borner à réactualiser mon billet enthousiaste d'il y a quelques mois…

Un couple mythique, véritable référence dans le monde de l'art contemporain : Peter, un artiste maudit, transfuge de la RDA, et Petra, la parfaite icône de l'Allemagne de l'ouest…
Pour un éditeur parisien, le parcours de Peter et Petra Wolf représente un sujet rêvé de biographie à succès. Encore faudrait-il que les principaux intéressés coopèrent… Mais Petra n'est vraiment pas d'un abord facile et se terre dans un silence déterminé, ce qui n'aide pas le travail de recherche et nuit davantage à son image, tandis que Peter, en proie semble-t-il a une véritable phobie sociale, reste un mystère. Tout le monde a beau en parler, personne ne l'a vu depuis des années : c'est un peu l'histoire de l'homme qui a vu l'homme qui finalement n'a pas vu grand-chose…
Policiers, universitaires, galeristes, tous se lancent dans une course poursuite folle pour retrouver l'artiste allemand. Où est-il passé ? Et pourquoi ?

J'ai bien aimé la mise en lumière des problématiques sur l'art, sur la représentation figurative ou abstraite, sur l'art politique, sur la vague nostalgique du plastique est-allemand… Dépayser le lecteur en RDA permet d'aborder les notions d'art officiel et de liberté de l'art.
Il y a un réel décalage entre une période historique complexe, du moins pour moi qui ne connaît que les grandes lignes de la division de l'Allemagne et qui garde surtout en mémoire le souvenir de la chute du mur de Berlin en 1989, et l'époque contemporaine du récit avec, notamment, l'emballement des réseaux sociaux, la force des tweets qui font le buzz, les informations non vérifiées, une forme de transversalité qui permet de montrer une volonté d'ouverture d'esprit en parlant de ce que l'on ne connaît pas…
Pour ce qui est du mystère qui entoure le couple Wolf, j'étais un peu plus sur la défensive, espérant vraiment être surprise par le secret manifeste entourant le personnage de Peter, l'éternel absent autour de qui tout le récit est organisé. Finalement, si le mystère peut paraître cousu de fil blanc, c'est ce qu'il implique qui devient la clef de l'intrigue, à savoir le questionnement ouvert sur la représentativité des femmes dans le monde de l'art, la misogynie et le conservatisme du milieu.
Et puis, le dénouement m'a beaucoup plu, pas si annoncé que cela, en fait !

Sophie Pointurier a une belle plume, fluide, efficace.
Une rapide relecture n'a pas mis en évidence de grands bouleversements entre les deux versions : les titres de chapitre ont disparu, les transitions ont été modifiées (améliorées ?), la narration a été délibérément inscrite dans un écrin temporel autour de deux épigraphes jumelles… Je ne suis pas là pour porter un jugement sur l'éventuelle réécriture ou les corrections éditoriales… le titre actuel insiste davantage sur la place ambiguë des femmes dans un milieu qui reste misogyne et macho.
J'ai noté un certain humour dans le choix des noms des personnages : Philippe Museau, travaillant pour les Éditions Lézard de Minuit, par exemple…
La narration omnisciente passe d'un point de vue à l'autre, autour des personnages qui recherchent Peter, de leurs motivations, de Petra et du trio de femmes qui connaissent la vérité : c'est vivant et polyphonique, captivant. Les dialogues sonnent juste tout en étant percutants, souvent pleins d'humour. Les situations décrites ajoutent à l'impression de décalage ; je pense notamment aux moyens et aux infrastructures disproportionnés des Américains, véritable machine de guerre face à la petite maison d'édition française, sans budget et sa petite équipe de deux bras et demi …
Les personnages sont travaillés, des principaux aux plus secondaires, et l'auteur évite la facilité des grosses caricatures. Les psychologies sont complexes, surtout dans le monde du journalisme et des musées.

Ce roman, toutes versions confondues, demeure une excellente surprise ! Il tient ses promesses et plus encore.

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Petra et Peter Wolf sont des artiste allemands ultra-connus à tel point que le Met doit organiser une exposition qui leur est dédiée. Mais Peter est introuvable et Petra va se retrouver au coeur des rumeur les plus folles.
A la lecture du résumé, j' ai trouvé comme un air de ressemblance avec un livre que j'ai lu il y a quelques mois, mais sous un autre titre (La RDA, Peter et moi) et avec un nom différent sur la couverture (Gari Kouderc). Mais aucun souci, j'avais envie de le relire.
Difficile de résister au tourbillon qui entraine Petra et les personnages dans ce roman dans une quête à priori toute simple : retrouver Peter. Avec ses faux airs de roman policier, le roman décortique le milieu de l'art et ses travers, en particulier sur le déséquilibre manifeste qui existe quant au traitement des oeuvres en fonction du genre de l'artiste qui l'a réalisé, mais aussi la cote des artistes qui ressemble plus au cours de la bourse sans vraiment se soucier de la qualité des oeuvres. Et puis on remet en lumière les déchirures de l'Allemagne avant la chute du mur en revisitant l'histoire des années 80.
Cette nouvelle édition présente quelques modification (mineure). le style est toujours aussi fluide et alerte. le rythme de l'intrigue passant d'un personnage à un autre tient en haleine.
Ce roman est un page-turner plein de mordant et addictif.
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Un roman très prenant qui aborde l'art sous différents angles : esthétique, marchand, politique, mais qui surtout pose la question du genre dans un milieu où les femmes sont sous-représentées. Les artistes cotés sont en grande majorité des hommes et l'Histoire retient bien peu de figures féminines.
Où est passé Peter Wolf ? C'est ce que se demandent le directeur du Met à New York, ses agents européen et américain, les journalistes et même la police.
Du célèbre couple Petra et Peter Wolf, voilà des années qu'on ne voit que plus que l'épouse. Ils ont peint ensemble des fresques remarquées que les collectionneurs s'arrachent, dont la valeur est inestimable. Mais alors qu'une rétrospective est programmée à New York, il devient urgent que les artistes soient tous les deux présents, se montrent en public. La prétendue phobie sociale de Peter, qui l'a protégé trois décennies, ne peut plus être invoquée.
Voilà donc Petra sommée de répondre, au risque d'être accusée de malversations ou, pire, de meurtre.
Un excellent roman, sur fond de chute du mur de Berlin et réunification des deux Allemagne. L'auteur tisse un récit habile aux multiples personnages : c'est à travers eux que vivent Petra et Peter, peu présents ou très silencieux. Leur intimité est préservée, leur secret bien gardé car ce qui importe finalement est bien leur oeuvre et le message qu'elle délivre. Sophie Pointurier entretient le mystère jusque dans les dernières pages, ce qui rend la lecture addictive.
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Ce roman m'a attirée pour plusieurs raisons :
* un premier roman souvent gage de bonne surprise, de fraîcheur
* une histoire qui se déroule, en grande partie en Allemagne, pays que je connais bien pour y avoir vécu de nombreuses années et que j'aime retrouver au gré des romans
* une fiction dans le monde de l'art que j'aime découvrir à travers ce prisme; j'en profite pour citer deux romans de ce genre que j'ai beaucoup appréciés : "Le grand art" de Lea Simone Allegria et "La femme sur l'escalier" de Bernhard Shlink. Il y en a bien d'autres.
Petra et Peter Wolf forment un couple de peintres allemands, réputés, dont les oeuvres sont très cotées et sur lequel plane un mystère. Petra, allemande de l'ouest aurait aidé Peter à s'échapper d'Allemagne de l'Est vers 1986. Très rapidement Peter n'est plus apparu en public. A l'approche du trentenaire de la chute du Mur de Berlin, nombreux sont ceux qui s'intéressent au couple, des deux côtés de l'Atlantique, aux États-Unis, en France et en Allemagne avec un projet d'exposition au MET de New-York, , une biographie, un dossier dans Vanity Fair. Une enquête pour disparition est lancée à Paris à l'initiative du MET. Que cache Petra? Que s'est-il passé entre l'est et l'ouest? Peter est-il toujours vivant et si oui, où se cache-t-il?
Au-delà du mystère et de l'enquête que j'ai trouvée un peu difficile à suivre vu le nombre de lieux et d'époques ainsi que de personnages et de leurs liens entre eux, j'ai aimé ce roman pour les thématiques abordées par l'auteure et pour le rappel historique de ce qu'était la vie des allemands de l'est avant la chute du Mur en 1989, souvent contraints de devenir informateurs de la STASI.
Il est question de la problématique de la peinture d'État, de l'art de commande qui voyait les peintres est-allemands (mais c'était aussi le cas dans l'ex-URSS, dans la Chine de Mao....) être des salariés qui devaient exalter les valeurs du communisme. Peut-on parler d'art dans ce contexte?
L'autre thématique très intéressante que Sophie Pointurier met en exergue est la place des femmes dans l'art, l'invisibilisation des artistes femmes. Elle pose également les questions suivantes : y a-t-il un art typiquement féminin? Y a-t-il des critères objectifs de différenciation tels que la taille des oeuvres, la puissance du geste,l' énergie créatrice, la conquête de nouveaux territoires artistiques?
Elle ne répond bien sûr pas à toutes ces questions mais nous amène, par le biais de la fiction, à y réfléchir sans être ni didactique ni pesante, laissant toute sa place au plaisir de la lecture.
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Alors que le 30 e anniversaire de la chute du Mur de Berlin approche, les projets se multiplient autour de Peter et Petra Wolf , couple emblématique de la peinture allemande depuis les années 1990 et dans le top 5 des artistes les plus cotés : une rétrospective de leur travail au Met à New-York , une biographie sur le couple par un éditeur français, un article dans la version française du Vanity Fair. Problème : Impossible de rencontrer Peter , atteint, dit-on, de phobie sociale et farouchement protégé par sa femme Petra. Et la rumeur enfle : Peter a disparu !

Le roman nous fait pénétrer dans le monde de l'art, avec des portraits assez mordants de directeurs de musées , critiques et marchands d'art, fort imbus de leur personne et pontifiants. Chacun se vante d'avoir rencontré le grand Peter et y va de sa petite anecdote et de son jugement sur le couple. Apparaît alors le profond sexisme et la misogynie de ce petit monde : Alors que Peter est décrit comme « un artiste entier et passionné, à la fougue créatrice, un libertaire à la vision géniale », Petra est « la technicienne et gardienne du temple » mais surtout « une diva, une chieuse, vraie emmerdeuse, castratrice qui entretient habilement les névroses de son mari pour le garder près d'elle » et bien sûr, dans le couple, la force créatrice c'est Peter et c'est son nom qui fait monter la cote de leurs tableaux !

En menant l'enquête sur la disparition de Peter , nous remontons aux années 1980 et à l'Allemagne encore coupée en deux : Peter est un Allemand de l'Est et a connu suspicion, délation, un art sous contrôle et censure de l'Etat et a réussi à passer à l'Ouest grâce à Petra. le couple est un peu le symbole de la réunification allemande.

Ce fonds historique apporte un plus au roman qui interroge la représentativité des femmes dans le monde de l'art et le manque de reconnaissance de leur travail souvent regardé avec condescendance par les « experts ».
Une galerie de personnages bien typés qui nous baladent de New-York à Paris, Berlin et Francfort. Un premier roman original et bien mené.
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