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Critique de GURB


GURB
21 septembre 2023
Ce n'est pas en 2023 que j'aurais dû lire ce livre, mais bien avant qu'il soit écrit, bien avant la naissance de l'auteur, « au temps (lointain) de ma jeunesse folle ». le monde est vraiment mal fait ! J'y aurais trouvé matière à étoffer mon argumentation sur le sujet suivant que tout le monde, un jour ou l'autre, a eu à se coltiner :
« Vous commenterez ces vers De Lamartine : Objets inanimés, avez-vous donc une âme/ qui s'attache à votre âme et la force d'aimer ? »
L'objet inanimé en question est ici un immeuble, le Signal à Soulac, abandonné par ses résidants à la suite d' un arrêté préfectoral pour cause d'érosion de la côte et de danger d'écroulement. Sophie Poirier découvre cet immeuble par hasard et aussitôt « un trouble s'emparant de son âme éperdue », elle en tombe amoureuse, pardon elle « tombe en amour de cet immeuble » pour reprendre son expression, quelle croit plus poétique sans doute !!! On est saisi par tant de candeur et d'étrangeté. Avoir le coup de foudre pour une barre d'immeuble, pour un bloc de béton, avouez que ce n'est pas courant mais, après tout, « l'amour a ses raisons... » et un « ver de terre » peut bien être « amoureux d'une étoile » ! Bref on ne sait si cet objet inanimé, abandonné, voué à la destruction, a une âme mais ce que l'on sait c'est que l'autrice lui en donne une à laquelle elle va s'attacher et tout au long de son récit, son imagination aidant, elle va en faire, avec une certaine réussite, un objet animé.
« Cet objet d'amour, d'une taille colossale » elle va le faire revivre, en meubler l'absence si je puis dire. D'abord en évoquant les objets échappés au vandalisme (boîte à couture, panier à salade, matelas, deux chaises devant la fenêtre…) objets qui sont les témoins d'une présence humaine disparue, « figés dans l'attente d'un visiteur aimant ou d'un retour ». Et elle, « cette intruse, voyeuse », va s'attacher à raconter l'histoire de ces appartements, recréer la vie des absents, des anciens propriétaires expulsés, s'introduire dans leur quotidien et « à jouer aux vies des autres ». Et c'est là que son roman est le plus attachant. le simple témoignage, journalistique, prosaïque pour évoquer l'évolution de la situation de l'immeuble, alterne avec une écriture plus recherchée, plus subtile, non dénuée de charme et qui peut provoquer chez le lecteur – a de bien rares occasions toutefois- une joie mélancolique, une tristesse douloureuse bref, l'un des effets de la beauté poétique (p.45 p.e.).

Que lire après le signal ? A cette question posée dans la fameuse rubrique de Babelio, je réponds sans hésitation : Une maison à Bogotá de Santiago Gamboa.
Ce livre que l'éditeur présente ainsi en quatrième de couverture : « Après obtention d'un prix littéraire, un professeur de philologie achète la maison dont il a toujours rêvé. Depuis son enfance, ce lieu le fascine et l'obsède sans qu'il comprenne le pourquoi de cette attraction. Dès le moment où il en devient propriétaire et déménage dans cette vieille maison en plein centre de Bogotá, chaque chambre, chaque coin et chaque objet qu'il déballe donnent lieu au récit fascinant de la vie du narrateur, riche en voyages, lectures, désirs et aventures. »
L'aspect écologique en moins, on y trouve la même attirance et le même attachement pour un immeuble, la même description des nombreuses pièces, les mêmes recours à la digression, la même catastrophe finale ...

Souhaitons à Sophie Poirier d'obtenir, elle aussi, un prix littéraire ; ce ne sera pas, en tous cas, celui de l'Escale du livre, disparu, corps et biens, cette année... comme l'immeuble de Soulac.
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