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Citations sur Griffintown (16)

Sur le chemin du retour, John réitère ses conseils une dernière fois : « Parle des Indiens aux touristes européens, d’architecture et d’histoire aux Américains, pointe le magasin de costumes aux familles et rappelle aux rares Montréalais qui montent à bord la signification du « je me souviens ». Pique par les tronçons de ruelles lorsque c’est trop engorgé ailleurs, évite le plus possible les segments de la rue Saint-Paul en pavé uni – ravageur pour les sabots –, prends garde de rester prise dans la pente de la côte Bonsecours à un feu rouge, et si c’est sur le point d’arriver, pars au trot voire au galop, épargne ton cheval. Les stands devant la basilique et en bas de la place Jacques-Cartier sont le territoire des cochers expérimentés, tant que tu sauras pas reculer, évite-les et garde un profil bas. Si un touriste te tape sur les nerfs, tu le fais descendre, exactement comme Alice a fait avec toi, souviens-toi qu’il y a un seul maître à bord de la calèche : le cocher. Méfie-toi des camions qui transportent un baril de ciment pivotant ; certains chevaux, convaincus que le baril va leur rouler dessus, s’emballent lorsque les camions s’approchent d’eux. Évite de mettre ton fric dans le coffre arrière quand le Rôdeur surveille ta calèche, et quand tu sollicites les touristes, ça se fait entre le nez de ton cheval et le coffre de la calèche, ne dépasse pas les limites de ton territoire – comme chez les putes. Tiens-toi loin de la Mouche. De toute façon, tu dois pas être le genre de fille qui emprunte du fric à un shylock… Change la couche de ton cheval dès qu’il y a du crottin dedans, sinon les mouches arrivent et les cochers vont te tomber dessus. Et je ne parle même pas des résidents du quartier, qui nous haïssent presque autant que les chauffeurs de taxi. Ici, ta place, faut que tu la gagnes. T’auras pas à te rapporter à Billy. Si sa calèche et son cheval reviennent intacts, que tu loades un peu et que tu ramènes de l’argent à l’écurie, il te laissera tranquille. Ce sont les cochers entre eux qui régissent le milieu. En d’autres mots, si tu fais pas l’affaire, tu le sauras bien assez vite. Dernière chose : à la fin de la journée, garde ton fouet pas trop loin, comme je te l’ai enseigné. Un cocher rentre à l’écurie les poches pleines et ça se sait. »
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On a liquidé le patron. L’ordre des choses, jusque-là immuable, vient d’être renversé. Il y aura des questions d’honneur à soupeser, peut-être une vengeance à orchestrer et probablement un message à décoder. Les hommes de chevaux vont devoir rétablir la justice ou s’en fabriquer une et l’imposer. En règle générale, les policiers ne viennent pas au Far Ouest ; les autorités laissent les hommes de chevaux régler leurs affaires entre eux, en autant que leurs histoires ne débordent pas les frontières du territoire. Ce qui se passe à Griffintown reste à Griffintown ; il en a toujours été ainsi.
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Derrière l’écurie, le ruisseau a dégelé et ses eaux noires courent vers le canal, vives et furieuses. Il a beaucoup neigé en avril. Une âme bienveillante a dilué un peu de vodka dans les abreuvoirs pour que les rares chevaux qui restent puissent boire pendant la saison froide. L’oscillation constante entre gel et dégel a sévèrement entaillé les rues, les transformant en véritables pièges à calèches. Il faut avoir connu les jours et les nuits de Griffintown pour entrevoir dans ce décor ingrat la possibilité d’un été fécond.
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Fiction, fabulation et réalité se confondent comme dans toutes les histoires de cochers, terreau propice à l’éclosion de légendes de la trempe de celle de Laura Despatie, femme à la fois petite et immense, sa carabine à la hanche, sa gueule de tueuse…
(Alto p. 148)
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« Angle Murray et Ottawa, dans l’ancien Horse Palace de Leo Leonard, là où paissaient d’autres chevaux de trait jusqu’à tout récemment, une petite boule de feuillage a pris forme autour d’une racine de trèfle exhumée. En roulant ainsi ballottée, elle a fini par accrocher ce qui traînait autour de léger et de friable : brins d’une vieille herbe jaunie, boutons de fleurs séchées, cheveux blancs et crins fourchus, de la corne réduite en poudre et même un peu de moelle, emmêlés au sable gris, aux racinettes de pissenlits, nervures de feuilles datant d’automnes révolus, germes de sainfoin, bouts de ficelle et de corde rêche, pollen et rouille effritée, duvet de moineau. La boule prend de l’expansion, de plus en plus bouffante et ventrue, virevolte sur l’asphalte en direction de la rue des Seigneurs, comme une petite âme en proie à l’affolement. » (p. 92)
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Droite et béante, aussi obscure qu’une énigme, la botte de Paul trône sur la table, à côté du pot de café soluble. Le cuir s’est raidi en séchant et ondule comme du carton. Billy a préparé le café fort ce matin, l’a sucré généreusement, et tout en sirotant cette mélasse claire, il réfléchit à la mort de son patron. Le palefrenier en fait une affaire personnelle.
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Il vivait comme une perdrix au plumage fauve, picossant sa pitance dans les feuilles tombées : fondu dans son environnement. (p. 67)
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Il veille sur la petite société des hommes de chevaux depuis un bail, ou deux.

Depuis si longtemps à vrai dire que plus personne ne remarque sa présence.

Mais tous auraient dénoncé à grands cris son absence si quiconque avait osé le décrocher de là. (p. 42-43)
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A Griffintown, les fantômes errent, plus nombreux que les anges.
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l'air vibre doucement et quelque chose de trouble et de volatil flotte dans l'air, de la poudre d'or mêlée à de la poussière de rouille.
(...)
L'état de décrépitude de l'endroit a gangrené jusqu'aux dents du palefrenier.
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