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sur 1647 notes
Ça c'est de la lecture ! Ça, c'est du serrage de tripes ! Ça, c'est du roman Noir de chez Noir ! J'avais fait le vœu d'un coup de cœur, et bien, c'est exaucé !

Certes, vu les échos, je m'attendais à du très trash, mais par rapport à ce que j'imaginais, c'est encore soft (mon imagination est sans limite).

Désolé, à force de boire des cafés tellement noirs qu'on ne verrait pas le clocher de l'église au fond de sa tasse, l'esprit s'habitue au Noir...

Heureusement, ça ne dure pas longtemps et l'horreur m'a sauté au visage, me prenant les tripes au passage !

Ici, les personnages, des pauvres bouseux, sont bien travaillés et ils risquent de me hanter à vie. Ils sont profonds, on sent bien toute leur misère, leur "innocence" (ils ne sont pas toujours instruit), leurs croyances, leur méchanceté, leurs blessures secrètes...

Le panel est varié : des salopards; des pauvres types irrécupérables qui ont le mal chevillé au corps, le sadisme charrié par leur sang; des fous qui entendent Dieu dans le fond de leur placard; des photographes qui n'auront jamais leurs reportages publiés dans National Géographic; un prédicateur qui aime manier le goupillon et répandre sa semence maudite dans des cavités où il n'avait pas le droit d'aller...

La plume de l'auteur est acérée, sans complaisances et on s'enfonce de plus en plus dans un noir d'encre d'où on sortira ébranlé à la fin de ces 370 pages de noirceur, remplie de manque de morale de certains représentants de la loi ou de l'église.

Oui, l'Homme, dans ce qu'il a de pire, menait la danse.

Une vraie lecture marathon, les mains tremblantes, me gavant de toutes ces pages, mais sans en redemander une de plus. À la fin, j'étais KO. Uppercuttée.

Au départ, une fois la première partie terminée, je pensais avoir affaire à toutes des histoires différentes, sans relations aucune, puisque l'on commençait avec d'autres personnages.

Mais, s'il semble n'y avoir aucune corrélation entre un gamin qui a vu sa mère mourir à petit feu et un couple qui tue les autostoppeurs, et bien, croyez-moi, il y en a !

Les trois récits ont beau être parallèles, ils ne se priveront pas de se rejoindre.

Et ça là que le diable vous dira ♫ Pleased to meet you hope you guess my name ♪ ♫

Trois récits noirs. Trois univers rempli de violence, de sexe, de sang et de violence... Parfois aussi de tripes.

Arvin... Je me suis attachée à ce personnage au point que j'ai eu du mal à refermer le livre, bien que je fusse soulagée, tant il m'avait oppressée.

Une lecture qui restera gravée dans ma chair, marquée au fer rouge ! Seul problème, c'est que c'est addictif... On en redemande, des livres tels que celui-là !

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Cette descente sans concessions chez les "rednecks", où la misère sociale, intellectuelle, idéologique, financière, sexuelle, sous influence religieuse de prédicateurs qualifiés de révérends, bref dans l'Amérique profonde de l'après guerre, louchant du côté des grands anciens type Steinbeck ou Caldwell, ne peut laisser indifférent. Que l'on aime ou pas le style narratif, la trame, on ne s'ennuie pas au fil de cette chronique au cours de laquelle les destins d'individus névrosés disparates se recoupent sans forcément se croiser.
Ne dégageant aucune sympathie , chaque personnage fait preuve d'un égoïsme et d'un individualisme forcenés, très made in USA, pour suivre sa triste destinée.
Ce roman noir, âpre, à l'écriture fluide le rendant addictif, est à classer dans les bonnes surprises . Un auteur à suivre.
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Habituée des romans noirs, celui-ci m'a pourtant soufflé tel un direct dans l'estomac.. Ça commence effectivement comme un roman noir mais plus on avance, plus la noirceur se fait abyssale. Une lente descente vers l'obscurité qui n'arrête jamais et qui ne trouve que peu d'obstacles sur son passage. Comme une coulée de boue qui finira par tout recouvrir.
Un choix difficile à tenir sur la longueur car il y a de fortes chances de sombrer dans le pathos ou de précipiter le lecteur dans l'overdose de glauque et l'écoeurement. Pollock loin de tomber dans le panneau slalome habilement et tient le cap, irréprochable. Son écriture est sans aucun doute son atout majeur : fluide, captivante, sans détour et pourtant poétique, elle hypnotise le lecteur. Les lignes glissent, les pages défilent et avant de s'en rendre compte on tourne la dernière page. Attention, remonter à la surface n'est pas si aisé quand on s'est autant éloigné de la lumière. Englué dans un monde de ténèbres le retour à la réalité est difficile.

Le pire, c'est que Pollock n'a pas besoin de recourir au fantastique, à l'horreur ou à des personnages monstrueux. Il raconte juste des vies rendant cette déchéance proche de nous. Ok, ce n'est pas la vie de monsieur tout le monde mais en est-on si loin ? Des vies un peu bancales qui ont un peu dérapé, des vies classiques dont les protagonistes ont fait un pas de côté. Les protagonistes justement, je pourrais en parler longuement tant ils m'ont plu mais ça me paraît impossible sans en dire trop car leurs personnalités, leurs déviances, leurs espoirs et leurs qualités contribuent souvent à précipiter leur perte.
De mauvais choix en coups du sort le diable veille, tout le temps, et mêle les destins dans un timing parfait direction l'enfer sur terre.
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Quand vous voyez fièrement trôner les frimousses de Robert Pattinson et Tom Holland sur la bannière d'accueil Netflix qu'est-ce que vous faites, en digne cinéphile qui se respecte ? Eh bien vous matez, tout simplement. Bon en même temps quand l'auteur du livre en personne est le narrateur omniscient dès la scène d'ouverture, c'est un bon présage. Et derrière, en lecteur invétéré comblé par le visionnage du film que décidez-vous de faire ? de vous procurer au plus tôt l'ouvrage originel éponyme pardi.

Il est de ces oeuvres qui vous ébranlent par leur puissance narrative, d'autres dont la noirceur viscérale vous marque l'âme au fer rouge, et puis il y a celles qui font tout cela à la fois comme le Diable, tout le temps. Imaginez, cette épaisse pellicule de graisse jaunâtre accumulée avec le temps et imbibée de corps de moucherons qui jonche le plan de travail d'une cuisine délabrée prisonnière d'une bâtisse abandonnée au fin fond bayou. Lire l'histoire de Donald Ray Pollock c'est un peu comme écailler cette surface répugnante.

Le récit oscille entre la simplicité et la complexité. de la niaiserie et de l'austérité des personnages découle une plume brute, rêche et dépouillée de toute fioriture alors que la construction du roman, en entrelacs de trames en apparence distinctes jusqu'au dénouement, rend la lecture dédaléenne. le romancier signe un sombre diptyque d'une Amérique profonde white trash en proie au désespoir et dont les morsures de l'esprit, initiées et/ou influencées par divers traumatismes au spectre très large, vous laisseront cet arrière-goût pâteux et acide identique à celui laissé par une remontée de bille.

Des dérives de la religion aux tribulations de la classe ouvrière en passant par la corruption, des ravages de la maladie aux désillusions de la foi et de l'enfance en passant par la folie démoniaque dans sa forme la plus pure, aucune strate sociétale n'est épargnée par le courroux de l'écrivain. Âpre et sauvage, le Diable, tout le temps résonne comme un prodigieux et massif écho à la célèbre citation « C'est Dieu qui a créé le monde, mais c'est le Diable qui le fait vivre. ». Ce bon vieux Tristan Bernard l'avait bien dit.
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Drôle de lecture pour cette période des fêtes… Un roman d'horreur. Pas l'horreur venue d'ailleurs, avec des créatures fantastiques pour torturer ou exterminer les humains. Non, une horreur quotidienne, pas banale, mais proche de nous et bien humaine. le roman se déroule en Virginie-Occidentale et dans le sud de l'Ohio, pendant les années 50 et 60, jusqu'au début des années hippies. On rencontrera divers personnages, tous liés d'une manière ou d'une autre, bien que ce ne soit pas tout de suite évident. Donald Ray Pollock entraine son lecteur dans un milieu rural, pauvre et extrêmement religieux. Les prêches et les prédicateurs, la prière, l'exploitation de la croyance aveugle tiennent une grande place. Comme le laissent supposer les couvertures des différentes éditions, la crucifixion est le thème récurrent de ce brillant premier roman. La crucifixion, l'espoir de la rédemption et le Diable, tout le temps, bien sûr. le prologue nous présente Willard Russell, ivre, entrainant son jeune fils Arvin à sa suite. Ils vont prier dans le bois, prier devant une grande croix en planches, prier pour la guérison de Charlotte, la mère d'Arvin, le grand amour de Willard, qui n'en finit pas de mourir d'un cancer. Des chasseurs passant par là se moqueront d'eux, et Willard le leur fera payer au moment choisi par lui, ce qui impressionnera durablement le jeune Arvin. Inutile de préciser que les prières n'auront aucun effet positif…
***
On peut considérer Arvin comme le pivot, le personnage auquel nous ramènent les différentes intrigues. On rencontrera un photographe amateur, Carl, et sa compagne, Sandie, serveuse dans un bar et prostituée occasionnelle. Chaque année, ils prennent une quinzaine de jours de vacances et parcourent d'autres États à la recherche de « modèles ». On suivra un duo bizarre : un musicien en fauteuil roulant, source d'inspiration d'un prédicateur pieux jusqu'à la folie. On fera la connaissance d'un autre prédicateur, pédophile celui-là, et celle d'un shérif vénal, qui a arrêté de boire depuis quelques mois et qui s'inquiète épisodiquement pour sa soeur Sandie. On compatira aux malheurs de Leonora qu'Arvin considère comme sa soeur, etc. On comprendra petit à petit que tous ces personnages ne sont pas seulement liés par la misère et la marginalité, mais qu'ils ont beaucoup en commun.
***
Le Diable, tout le temps est un des romans les plus sombres que j'aie lus… L'Amérique qu'il présente se trouve à mille lieues du rêve américain de l'Après-Guerre, et les déboires de la plupart des personnages ne suscitent pas du tout la compassion. L'écriture de Donald Ray Pollock est tellement efficace que je me suis surprise non seulement à comprendre Arvin, mais aussi à l'excuser… Un grand roman.
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Donald Ray Pollock écrit l'Amérique qui fait peur, celle des paumés et des cinglés dont on n'a pas envie de croiser le chemin, et il sait de quoi il parle, lui, l'ancien ouvrier originaire de l'Ohio. Un premier roman angoissant où le vice et la violence s'expriment avec une noirceur effrayante car elle existe, la noirceur des meilleurs romans policiers dans la veine de de Sang-froid de Truman Capote.
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Pourquoi le Diable a t'il installé son quartier général au Wooden Spoon, bar brasserie sordide situé dans un patelin perdu de l'Ohio nommé Knockemstiff ?
Est-ce parce que la matriarche Emma n'a pas tenu sa promesse faîte à Dieu de marier son fils Willard à Helen qu'Il s'est détourné de toutes ces pauvres créatures gravitant autour de ce bar ?
Toujours est-il que le Diable avait la main, et c'est sous sa direction éclairée que le mal absolu, la mort, le péché, le dérèglement total des sens va s'emparer de tous ces malheureux, à la fois victimes et tortionnaires. le temps de toute une vie, ils vont s'égarer dans une longue odyssée nauséeuse et terrifiante où la perversion, la laideur, et l'absence total de remord deviendra leur norme.
Le « Diable n'abandonne jamais », comme le dit si bien Roy Laferty, pasteur passablement dégénéré et déjanté…
Et pourtant, au milieu de toutes ces monstruosités décrites sans complaisance, la part de Dieu existe néanmoins, et elle apparaît d'autant plus lumineuse que tout le reste est d'une noirceur absolue. C'est le regard d'une mère portée sur son enfant. C'est le chant d'un oiseau, et la faible éclaircie qui perce les nuages. C'est le vilain petit canard protégé par le grand frère. Ce sont les tendres souvenirs d'un vieillard, ou les gentilles attentions faîtes pour la personne aimée… C'est bien peu de choses, vous me direz ! Mais ce sont les rares moments d'humanité de cet incroyable bouquin, et ils résonnent très fort.
Mais ce roman ne serait rien sans le style époustouflant de Donald Ray Pollock. Un style âpre, sobre et rageur.
Un grand roman, un de ceux qu'on n'oublie pas, qui laisse pantois tant il jette une lumière crue sur la face cachée des hommes, un roman comme je n'en ai pas lu depuis des lustres.
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A trop invoquer Dieu, on convoque le diable. Qui n'avait point besoin d'être convoqué.
Entre Ohio et Virginie Occidentale, les hommes ont tiré la mauvaise carte dès leur naissance et sombrent sûrement dans ce qu'il faut bien appeler le mal. A moins que l'Ohio ne soit un coin des enfers.
Une couverture blanche pour un livre noir. Très très noir. Ici, la rédemption est damnation. Les destins s'enlisent dans les marais des pulsions. La sauvagerie devient banale. On oublie de juger. Ici, ils sont tous pitoyables et cinglés. Tous. Et cela fait beaucoup.

Fous de Dieu, les prédicateurs Roy et Théodore perdront leur pauvre numéro d'église après que Théodore ait perdu ses jambes à vouloir éprouver sa foi dans un abus de strychnine, après que Roy ait perdu son épouse d'un coup de tournevis dans le cou. Il était pourtant convaincu de pouvoir ressusciter les morts. Dieu lui avait causé dans la penderie de la chambre.
Fou de photos, Carl écume les routes du Midwest avec Sandy, laissant derrière lui quelques cadavres d'autostoppeurs et ramenant quelques rouleaux de pellicules en souvenir. Voit un signe dans le décompte de mouches mortes sur la couverture du lit d'un motel sale et miteux.
Fou de sexe et d'orgueil, le prédicateur remplaçant fait dans la fillette nubile à la barbe du village qui pratique en masse.
Fou d'amour et de croix, le mari érige un autel de prières dans la forêt, noie les lieux dans le sang sacrificiel. le marécage sanglant doit conjurer le cancer qui dévore la femme choyée. Et si le sacrifice animal ne suffit pas, reste le sacrifice humain.
Fou de justice, le gamin abat un ignoble. Fuit. Tue trois autres fois par nécessité.
Folle de Dieu, l'adolescente ingrate se suicide, enceinte des oeuvres d'un homme d'église.
L'infirme est pédophile. le shérif bafoue la loi. La soeur du shérif est parfois pute, parfois complice de meurtres.
Tous sont liés. Les histoires se croisent, s'éloignent, prises dans l'élan morbide d'une trajectoire inexorable, se croisent une fois encore. Une fois de trop.

En grand maître d'oeuvre, Donald Ray Pollock exacerbe les nerfs de son lecteur, instille un jus nauséeux de crasse tour à tour amorale et immorale puis apaise la nausée qui afflue. Dans ce trop-plein d'humanité rance, il distille ce petit rien qui éclaire la personnalité de celui qu'on se serait plu à ne jamais comprendre afin de mieux haïr.
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Un livre qui m'a été conseillé et que j'ai adoré.
Une exploration de la nature humaine dans ce qu'elle a de plus noir.
Nous suivons plusieurs personnages qui vont se croiser tout au long du roman, au fil des événements qui vont façonner leur vie entre l'Ohio et la Virginie Occidentale pendant une vingtaine d'années.
Un vétéran du viet Nam qui rentre un peu traumatisé de la guerre et qui est prêt à tout pour sauver sa femme, il entraîne son pauvre fils dans son délire religieux. le pauvre gamin en ressortira réfractaire à tout ce qui a trait au religieux, tu m'étonnes.
C'est aussi la fête des prédicateurs, Roy et son cousin handicapé Théodore, qui vont d'église en église prêcher la belle parole, ainsi qu'un nouveau pasteur aux moeurs particulières.
Et pour finir un couple de tueurs qui passe ses vacances à "s'occuper" de pauvres autostoppeurs tout en traversant l'Amérique.
Et bien sûr, au milieu de tous ses personnages déjà bien tordus, une grosse poignée de victimes innocentes et des personnages secondaires attachants essayant de recoller les morceaux tant bien que mal.
Une immersion dans la noirceur humaine, sur le versant sombre de l'homme, sur les méfaits des préceptes religieux utilisés à mauvais escient.
Une belle découverte, un livre qui explore la nature humaine dans ce qu'elle a de bien pervers, et les conséquences sur les victimes innocentes.
J'ai beaucoup aimé le style de l'auteur et la construction du roman.
Les errances des personnages, la justification de leurs actes : certains ont de très bonnes raisons d'agir ainsi ( ben voyons !) et les pâles tentatives de rédemption fort peu crédibles.
Un grand merci à celui qui me l'a conseillé.
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Trahisons, transgressions, abjection, manipulation, abus de confiance, lâcheté, meurtres, désespoir... tout ce qui fait le pire de l'humain se trouve concentré dans ce livre dont le titre annonce parfaitement la couleur. Alors pourquoi, mais pourquoi donc ai-je lu pareil livre et même plus, pourquoi suis-je allée (sans rechigner) au bout de ses 371 pages ?

Parce que ce sont des amies babeliotes qui me l'ont recommandé ? Oui, bien sûr. J'ai été impressionnée par la chronique que Stockard (Samia) a écrite d'un livre qui paraissait totalement malsain (Un jardin de sable), mais qui, sous sa plume, suscitait l'intérêt et devenait même universel. Sylviegeo et elle m'ont alors convaincue de m'intéresser d'abord à Donald Ray Pollock (préfaceur dudit livre), plus accessible. Merci, chères amies babeliotes : vous m'aviez annoncé la couleur, et je n'ai pas été déçue !

Oui, mais de là à aller jusqu'au bout de ce livre... me suis-je accrochée parce qu'au fur et à mesure que les personnages sont engloutis dans leurs destins misérables et tragiques, j'ai espéré que l'un d'entre eux bénéficierait d'une rédemption qui pourrait nous réconcilier - un peu - avec la nature humaine ? Même pas. Lorsque cela arrive (car cela arrive), on est presque déçu que l'auteur ait reculé à la perspective de nous faire boire son parti-pris désespérant jusqu'à la lie. Surtout qu'on n'est pas réconcilié avec l'humain pour autant : de toute façon, on ne voit pas comment le survivant pourra poursuivre son chemin après pareilles expériences...

Alors qu'est-ce qui a bien pu m'accrocher dans un livre pareil... j'ai mis un moment avant de reprendre mes esprits et de l'entrevoir. Aussi infâmes soient-ils, les personnages nous deviennent très proches et très accessibles parce que nous plongeons dans leurs réflexions intérieures : l'auteur n'a pas écrit une description misérabiliste de l'Amérique par la petite lorgnette, mais une plongée à l'intérieur de personnages extrêmes, que nous ne côtoyons jamais dans la réalité (heureusement), mais dont nous nous approprions la mécanique de pensée. Or, comme toujours dans pareil cas, si leur monstruosité nous horrifie tant, ce n'est pas parce qu'elle nous est radicalement étrangère, mais parce que nous avons l'intuition que nous avons simplement appris à la dominer en nous... Se produit donc ce surprenant retour de boomerang : ce qui fait horreur dans le livre - plonger dans l'intimité de monstres - est exactement ce qui empêche d'en lâcher la lecture - histoire que notre inconscient puisse emprunter lui aussi le chemin de sortie qu'a imaginé l'auteur.

Eh bien je ne croyais pas que ce serait possible, mais le miracle s'est produit : je vous recommande ce livre.
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