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Critique de Tandarica


La poésie de Ion Pop est traditionnelle et livresque. Cela peut paraître étonnant, car le poète est aussi un grand critique littéraire (auteur de nombreuses monographies sur Lucian Blaga, Ilarie Voronca, Gellu Naum ou Nichita Stanescu) spécialiste de l'avant-garde roumaine. On lui doit également des entretiens à l'attention des Roumains avec Francis Ponge, Roger Caillois, Roland Barthes, André Frénaud ou Paul Ricoeur.

La nature n'est cependant pas absente et :

« Ici, parmi les livres soigneusement rangés, –
oui, dira-t-on, c'était un type livresque,
quelqu'un murmure, quelqu'un pleure,
ma table est une citadelle aux ponts jetés
sur des fossés profonds où l'on inventera du sang.
La fenêtre est ouverte, elle voit tout et rien,
la pomme mûrit en silence, avancent
les mains, la mémoire, l'automne,
les feuilles tombent, les mots à imprimer
sont un peu amers comme les noyers de la vallée natale ».
(p.10)

Mais les « influences livresques » (p. 52-53) prédominent et Patrick Deville a raison de faire remarquer dans sa préface (juin 2005) que : « L'irruption de l'Histoire, brutale, dépose dans la rue une cervelle humaine [p. 33, le poème “Ici et maintenant” écrit le 22/12/1989]. C'est la fin de l'année 1989 et les troubles qui entourent la chute du Conducator roumain. de retour dans la pénombre de la bibliothèque, la musique de Mozart et de Bach [p.49], “dictateurs du chaos des cellules” tenteront à nouveau d'imposer leur géométrie aux viandes de Soutine ».

Une poésie assez sombre et sobre au final avec des « interférences des règnes », avec des fulgurances de couleurs : la fleur (blanche) de sureau, la pomme à la peau verte (cf. p.14), ce magasin de fruits et légumes, les eaux marines de la mémoire, les papillons (p. 66).

« Après une nouvelle lecture du poème “Plis” de Ion Barbu
j'ai enfin décidé
de tenter ma chance, moi aussi,
et de me géométriser.
J'ai cherché, n'est-ce pas
le triangle, le cercle, la sphère
ayant assez de toujours me regarder
sous les milliers de visages frêles,
multicolores, en désordre, apeurés ».
(p. 52)
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