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Citations sur L'affaire des corps sans tête (30)

À cinquante toises de la rive, le bachot fit une dangereuse embardée. Massieu redressa l’embarcation in extremis, d’un bon coup de godille, les yeux écarquillés dans la pénombre. Il avait heurté quelque chose, mais quoi ? Il se pencha et découvrit une masse blanchâtre. L’objet, perturbé dans sa trajectoire, tournait sur lui-même, tout près du bord. Massieu étouffa un hoquet de dégoût.

C’était un corps.
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Le jour peinait à se lever lorsqu’il reprit la direction du fleuve. Il se laissait simplement dériver, visant au loin le vieux pont de Saint-Cloud, avec derrière la masse blanchie par le gel du mont Valérien.

Son regard se perdit vers le bois, à gauche. Trois lieues derrière, c’était Paris, où il vendait parfois le produit de sa pêche. Il n’avait jamais beaucoup aimé cette ville, malodorante, trop grande et peuplée par trop d’étrangers à son goût. Depuis maintenant deux ans qu’on y faisait cette Révolution, il l’aimait moins encore, craignant toujours d’y prendre un mauvais coup. Il se méfiait de ces messieurs qui voulaient les places des aristocrates. Ils portaient des armes et des uniformes, ils se pavanaient dans les rues en se faisant appeler patriotes ou gardes nationaux. Lui-même n’était pas assez riche pour se mêler à cela. D’ailleurs, il ne comptait pour rien, ne payant pas d’impôts et n’étant donc pas citoyen actif. Il craignait simplement que les anciens maîtres ne reviennent un jour pour se venger. Et puis, d’ailleurs, rien n’avait vraiment changé. Il ne gagnait pas plus, ne mangeait pas mieux. Quant au château de la Reine, il n’avait point bougé, avec sa terrasse et ses bâtiments arrogants, à trois cents pieds du pont où passaient autrefois les carrosses ou les troupes, en direction de Versailles.
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D’une main sûre, il sortit ses nasses de l’eau glacée. Il n’y trouva que quelques brèmes, dont une assez grosse, et deux vairons de fort petite taille, qu’il décida de garder tout de même. Il les mangerait lui-même ce midi.
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N’importe qui se serait vite perdu dans le fouillis végétal qui entourait l’île. Mais pas Massieu. Il avait toujours vécu au bord de ce fleuve aux tourbillons puissants, il en connaissait tous les caprices et avait vu plus d’un imprudent y perdre la vie.
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La Seine était mauvaise, comme souvent en cette saison. Après avoir vigoureusement remonté le courant à la godille, Massieu parvint en sueur aux abords de l’île, devant Sèvres. À chaque respiration, il dégageait un nuage de vapeur. Il faisait encore nuit, et, sur la berge, on distinguait à peine le majestueux bâtiment de la Manufacture.
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Dimanche 20 février 1791

Six heures quarante-cinq

À cet endroit, la Seine roulait ses flots gris sur près d’un quart de lieue de large. Il faisait un froid glaçant, et le vent de février poussait un ciel bas, immense et désolé. Massieu – c’est ainsi qu’on l’appelait au village – commençait tôt la journée. La nuit se confondait encore avec les collines de Sèvres et de Saint-Cloud, qu’il poussait déjà son bachot d’un coup de rame dans le courant.

Il voulait éviter les gros bateaux qui remontaient de Rouen, chargés de voyageurs, de poissons ou de mille autres denrées. Surtout, il fuyait les curieux. Malgré la fin des privilèges, on avait laissé en place la corporation des maîtres-pêcheurs sur la Seine. En théorie, il n’avait donc rien à faire sur le fleuve.
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Jamais les émeutes de la faim n'avaient été si nombreuses, si brusques et si violentes. Bien pire, finalement, que celles qui avaient frappé le pays, une dizaine d'années plus tôt.
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C'est donc cela le pouvoir, une succession de mensonges et de trahisons, loin des regards du peuple, bien loin du services des idées.
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La Nation tout entière se sentait orpheline, et l’on avait décidé d’inhumer les cendres du grand homme dans un imposant édifice religieux tout juste achevé, sur la montagne Sainte-Geneviève. Ainsi, depuis le matin, une foule immense s’amassait sur le trajet des funérailles, entre la Chaussée-d ’Antin et ce Panthéon digne de la Rome antique, désormais consacré aux grands hommes de la patrie. On ne voyait plus d’uniformes dans les rues. Les six mille hommes de la Garde nationale soldée – des soldats professionnels – s’apprêtaient à escorter le cercueil, l’arme basse et un flambeau à la main.
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Une foule bigarrée déambulait lentement dans l’une des galeries en bois du Palais-Royal. Sans l’ombre qui obscurcissait les jardins, on aurait pu se croire en pleine journée, tant l’animation était grande. Partout, ce n’étaient que lumières, parfums, odeurs de cuisine et bruissements de tissu, une effervescence qui chaque jour se prolongeait bien au-delà de minuit. Depuis bientôt dix ans, l’ancien palais des ducs d’Orléans avait été transformé en un gigantesque lieu de plaisirs, une ville dans la ville, où la police était proscrite. On trouvait dans cette capitale de Paris plus de quatre-vingts boutiques de toutes sortes, des restaurants, des librairies, mais aussi des établissements de jeux ou de plaisirs, une fête permanente, où venaient se perdre les visiteurs de tous âges, origines et conditions. Oisifs et étrangers y étaient fort nombreux, mais moins que les prostituées, les voleurs et les joueurs.
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