Sur nos chemins de partage,
L'apport par chacun de son brin de conscience,
De réflexion, d'humanité,
Pour commencer à dire ensemble,
Avec nos mots, nos sonorités, nos musiques intérieures,
La chose à transmettre,
L'esprit de juste mémoire :
Tailler, ajouter, renouer, rénover,
Aplanir, étendre et retresser la natte humaine.
Flora Aurima Devatine ( Nouvelle-Calédonie)
Je reviendrai un jour de mes lointaines errances
Danseuse dans l'eau et soleil dans la nuit
Je prendrai l'accent du coeur et du présent
Un grand voyage d'oiseau
Voilà ce que j'aurais aimé faire
Passer par l'herbe de l'été
Pour atteindre la Grande Ourse(...)
Nadine Fidji
Un oiseau passe
éclair de plumes
dans le courrier du crépuscule
VA
VOLE
ET DIS-LEUR
Dis-leur que tu viens d'un pays
formé dans une poignée de main
un pays simple comme bonjour
où les nuits chantent
pour conjurer la peur des lendemains (...)
Ernest Pépin
La neige fond en granulés sur les roches du bord de mer. Les escarpements étagent leurs glaces en offrandes liserées d’embruns. À peine interrompu, l’ancien câble transatlantique sort effiloché de l’océan, sous les ruines de la cabane du télégraphe. De Bretagne, il parvenait là, avant d’être renvoyé vers la Nouvelle-Écosse et Saint-Jean-de-Terre-Neuve, ou de courir, encarté dans la terre, vers l’agglomération de Saint-Pierre. Autour des fondations, les pelouses marines portent encore des ombres de cultures.
Je suis d’ici depuis l’enfance
Mais ma naissance est venue me chercher
Sur des terres reconquises sur la page
Où chaque auteur était voyage
Hors saison
Pour toutes les permissions d’exister
Entre influence et métissage
Là où toujours j’entends battre mon coeur
(Imasango)
Du côté des mornes soudain c’est l’étendue qui pousse se charrette dans l’éblouissement
Au moulin des usines ma pauvreté sourit des pouvoirs de la terre
Dans les cicatrices des cannes dans les tibias noir toujours
L’eau tant de fois clamée rougit de l’attouchement de ma voix
Resurgi voici du fond coléreux des embrassades mon bond dans le piétinement.
(Edouard Glissant)
Un coup. Un seul. Intense et furieux dans la nuit. Un corps qui tombe. Une femme hurle qui sait déjà. Un enfant s’abîme dans le silence. Un ordre. Un seul. Fourbe et fardé dans la nuit. Une main qui exécute. Un homme s’éveille qui se doute déjà. Un autre tait ce qu’il sait. Un mort. Un seul. Ferme et résolu dans la nuit. Une vie qui s’affaisse. Une foule réplique qui gronde déjà. Une main calme le sang. Petit-Canal. Le noir s’invite aux tribunes, noir et blanc triste comme l’échec. Madras pudiques contiennent le chagrin. On défile, un secret dans la coeur. Mets ton madras sur la riposte. Un jour. Un seul. Un jour.
Gerty Dambry
Grains affolés, sorte de démence
En milliards de points
Bulles de rosée en suspension
Le soleil te sirote
Ô pluie suinte des cieux !
(Yazidou Maandhui)
Des pétales de nuages s'étalent sur l'herbe bleue du ciel
Les nuages éclaboussent l'éther de leur douceur laiteuse
Et le bronze de ma peau en est plus lumineux
(Nicole Cage-Florentiny)
Cayenne est désolée que déchire un canal
et sur le pont Cugnot
jeté
entre les sous marqués et la misère noire
comme si la
ville en rive droite
avait son
cul en rive gauche
(Serge Patient)